Potentiel Minier dans la zone de Zednes
Géologie du craton Ouest africain
Le continent africain est constitué des segments cratonisés stables depuis 1,9 Ga soudés entre eux par des zones mobiles. Ces cratons, au nombre de cinq (5) sont les suivantes : le Craton Nilotique au Nord-Est, le Craton de Congo au centre et le Craton de Kalahari dans la partie Sud, le Craton Tanzanien et dans la partie occidentale le Craton Ouest-africain. Le Craton Ouest-Africain (COA) a une superficie d’environ 4 500 000 km2 et est limité par l’Anti-Atlas au Nord, l’Océan Atlantique au Sud, les zones mobiles des Dahomeyides et du Hoggar à l’Est, les Rockelides (Panafricaine) et les Mauritanides (Hercynienne) à l’Ouest. Il est recouvert en discordance par les formations sédimentaires du Phanérozoïque, localisées dans les bassins de Taoudéni au Centre, de Tindouf au Nord, de la Volta et du bassin sénégalomauritanien à l’Ouest (Witschard, 1965 ; Bassot, 1966; Bessoles, 1977). A l’intérieur de ce craton le socle précambrien se présente en trois unités : – Au Nord se situe la Dorsale Réguibat qui comprend dans sa partie occidentale un domaine Archéen constitué par la série de l’Amsaga et dans sa partie orientale un domaine Paléoprotérozoïque formé par la série de Yétti El Eglad. – Au Sud, on a la Dorsale de Léo-Man qui comprend un domaine protérozoïque inférieur ou Birimien situé dans la partie orientale appelé domaine Baoulé-Mossi daté du Paléoprotérozoïque et un domaine archéen situé à l’Ouest, appelé domaine de Kénéma-Man. – Et entre les deux Dorsales affleurent les boutonnières de Kédougou-Kéniéba (à cheval entre le Sénégal et le Mali) et de Kayes (au Mali). Le craton Ouest Africain se caractérise par une évolution crustale se produisant principalement en deux étapes majeures. La première correspond à la formation de la croûte archéenne (3,5-2,5 Ga) ; et la deuxième a la mise en place de la croûte paléoprotérozoïque (2,4- 1,9 Ga). Potentiel Minier dans la zone de Zednes (Dorsale Réguibat, Mauritanie) 3 Figure 1: Carte géologique de l’Afrique de l’Ouest (d’après Trompette1973, modifiée). 1 : Archéen ; 2 : Birimien ; 3 : Bassins paléozoïques englobant localement le Précambrien supérieur ; 4 : Zones Mobiles ; 5 : Terrains post-néoprotérozoïques ; 6 : Terrains postpaléozoïques ; 7 : villes. Potentiel Minier dans la zone de Zednes (Dorsale Réguibat, Mauritanie)
Aperçu sur les ensembles géologiques de Mauritanie
La Mauritanie comprend cinq (5) provinces géologiques (Pitfield et al. 2004) : Figure 2: les Principaux ensembles géologiques de Mauritanie (Killick et al., 2004, modifié) Le Bassin de Taoudéni occupe l’essentiel de la partie centrale et Sud de la Mauritanie et constitue l’une des principales unités structurales du craton Ouestafricain. Le bassin comprend une succession néoprotérozoïques à mésozoïque, allant jusqu’à 6.000 m d’épaisseur, dominée par des dépôts siliciclastiques continentaux à marins peu profonds, caractérisés par de faibles taux de subsidence, des successions condensées et des discordances majeures. Le Bassin de Tindouf forme une tranche allongée asymétrique de direction OSO à ENE, séparé du bassin de Taoudéni par la Dorsale Réguibat. Seul le flanc Sud du Bassin affleure dans les angles NO et NE de la Mauritanie. Il est constitué de dépôts glaciaires de l’Ordovicien tardif avec un faible pendage, de schistes siluriens et d’une épaisse séquence de schistes et de calcaires du Dévonien et du Carbonifère précoce. Potentiel Minier dans la zone de Zednes (Dorsale Réguibat, Mauritanie) 5 Le Bassin Côtier est caractérisé par des sédiments paléozoïques à cénozoïques s’épaississant en allant vers la mer alors que le socle est progressivement fracturé et affaissé vers le bas, le long des failles de la marge du rift surmontant en discordance la partie Ouest des Mauritanides. La Chaine des Mauritanides est caractérisée par des plis et des chevauchements formés au cours des orogenèses néoprotérozoïques (panafricaines) et paléozoïques (hercynienne). Elle se situe à la marge occidentale du craton OuestAfricain. Elle est constituée par des roches sédimentaires, éruptives et métamorphiques du Précambrien au Paléozoïque. La Dorsale Réguibat affleure dans la plus grande partie du Nord de la Mauritanie. Elle est bordée au Nord par le Bassin de Tindouf, au Sud-Est et au Sud par le Bassin de Taoudéni, au Sud-Ouest et à l’Ouest par la Chaine des Mauritanides. Le Bouclier est constitué de deux domaines tectonostratigraphiques séparés par une zone d’intenses cisaillements ductiles de dimension régionale et de direction NNE-SSO atteignant jusqu’à 40 km de largeur.
Dorsale Réguibat en Mauritanie
Dans le cadre de la recherche, nous nous sommes intéressés plus en détail à la Dorsale Réguibat dont se situe notre secteur d’étude. La Dorsale est couverte par Onze (11) permis de recherche en vigueur, une zone réservée et une zone promotionnelle octroyer en 2009 par le Ministère des Mines et Industrie via Office Mauritanien de Recherche Géologique (OMRG) pour une période de trois ans. Nous aborderons quelques aspects de sa géographie et sa géologie ainsi que de son potentiel minier. La Dorsale Réguibat correspond à un vaste bombement du socle cristallin et métamorphique précambrien réduit à l’état d’une pénéplaine parsemée de buttes et pitons dénommés « Eglabs», surtout granitiques. Elle est longue de 1500 km et large d’environ 250 à 400 km entre les parallèles 20° et 27° N et les méridiens 3° à 16° W, qui s’étendant depuis Akjoujt au Sud-Ouest jusqu’en Algérie au Nord-Est. A cause de sa situation géographique, la Dorsale Réguibat est soumise à un climat désertique aride du type Sahélien à son extrémité Sud et du type Saharien dans sa majeure partie. Son altitude moyenne est relativement faible (de 150 à 350 m d’Ouest en Est) et elle se caractérise par une topographie plate sporadiquement interrompue par l’affleurement de reliefs en inselbergs (ou Guelbs) dont le point culminant est la Kédia d’Idjil (917 m) dans la région de Zouerate. Potentiel Minier dans la zone de Zednes (Dorsale Réguibat, Mauritanie) 6 La mission conduite par Bessoles (1977) a substitué un découpage géologique dans lequel elle différencie (figure 3) : – une Dorsale occidentale Archéenne, essentiellement situé à l’Ouest et au Sud-Ouest et comprenant l’Amsaga, le Tijirit, le Tiris, le Tasiast, l’Ouassat, le Ghallamane et les Sfariat ; – une Dorsale Paléoprotérozoïque au centre et à l’Est avec réapparition du socle Archéen au niveau des Eglabs. La limite entre ces deux provinces est matérialisée par la bordure orientale des Sfariats et du Ghallaman. Figure 3 : Carte de la Dorsale Réguibat (modifié d’après Bessoles ,1977) La partie occidentale archéenne de la Dorsale Réguibat, de par sa forme, a été strictement découpée en trois parties géographiques (qui ne rendent pas compte de la constitution géologique de la Dorsale), (Rocci et al. 1991) : – Un domaine occidental correspondant aux provinces de l’Amsaga, du Tijirit, du Tiris et du Tasiast ; – Un domaine central regroupant les provinces de l’Ouassat, du Ghallaman, des Sfariat, du Zemmour, du Yetti et du Karêt ; Potentiel Minier dans la zone de Zednes (Dorsale Réguibat, Mauritanie) 7 – Un domaine oriental correspondant à la zone des Eglabs. 3.1. Province archéenne La partie Archéenne est marquée par la présence de terrain de haut degré de métamorphisme (faciés amphibolite et granulite) et par l’abondance des gneiss, des migmatites et des quartzites ferrugineux. Ces terrains métamorphiques affleurent largement dans l’Amsaga où ils ont été étudiés par Blanchot (1955) puis par Barrére (1967). Elle est subdivisée en deux terraines séparés par une structure régionale transpressive en fleur orientée NNE-SSW, zone d’intense cisaillement ductile atteignant jusqu’à 40 Km de large (Pitfield et al., 2004): La terrane Tasiast-Tijirit : Elle consiste en un assemblage typique de « granitogneiss, greenstones belts – granites tardifs», visible à des niveaux plus superficiels que les terrains de Choum-Rag el Abiod, et donc ayant beaucoup moins subi de cisaillements et de tectonisations que des roches du même âge vers l’Est. Les roches les plus anciennes sont des gneiss tonalitiques, diversement migmatitisés, tectoniquement sous-jacentes aux ceintures de roches vertes, l’ensemble étant recoupé par des phases granitiques plus jeunes. La terrane Choum Rag El Abiod : Elle est formée de roches métamorphiques à faciès de granulite du Complexe d’Amsaga, aussi anciennes que 3500 Ma. Ces roches sont recoupées par d’importants ensembles granitiques et, de façon moins fréquente, par des ensembles basiques à ultrabasiques d’un âge s’échelonnant de 3 000 à 2 700 Ma. Des fragments conservés plus anciens de matériau de la croûte, et formés de vestiges de greenstones (amphibolites) au sein de gneiss migmatitiques, datent certainement d’environ 3 200 Ma.
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