Potentiel d’action sur la demande électrique résidentielle
Plusieurs équipements électriques sont présents dans les logements résidentiels. Cependant chaque équipement a une puissance nominale, un type d’usage par les utilisateurs et un taux de pénétration dans les logements différent. Ainsi l’impact des actions de la gestion de la demande (Effacement, actions de « Demand Response ») sera très différent en fonction de l’équipement électrique choisi. La demande d’électricité est la résultante de la consommation d’électricité des différents usages par les consommateurs. Pour la majeure partie de ces usages et en l’absence des capacités de stockage, la consommation d’électricité est concomitante à la consommation d’usage final. Ainsi à quand de l’analyse de la flexibilité d’un équipement, il faut raisonner en prenant en compte deux caractéristiques différentes : la consommation et la courbe de charge ou puissance, i.e. comment l’énergie est consommée. L’importance de cette séparation est très importante car elle permettra de savoir combien d’énergie on peut déplacer/réduire mais aussi la puissance effacée/réduite pendant le contrôle de l’équipement. Néanmoins, il faut aussi regarder si l’impact sur les utilisateurs ou sur la fonction principale de l’équipement reste acceptable. Pour regarder le potentiel d’un équipement en termes de gestion de la demande, il faut prendre en compte son impact sur la consommation global (nationale) et sur les points plus fragiles du réseau électrique (périodes de pointes). En plus, il faut aussi regarder les évolutions technologiques et les spécificités d’utilisation (heures d’utilisation, courbes de charges individuelles…) des équipements. On fait premièrement une analyse macroscopique (à l’échelle nationale) de la consommation des différents usages et des caractéristiques des pointes électriques (points plus critiques pour le réseau électrique). Ensuite, on fait une analyse plus profonde, en analysant le fonctionnement, les heures typiques d’utilisation et les taux de pénétration dans les bâtiments existants, les taux d’utilisation des différents usages, ainsi que les perspectives futures d’évolutions technologiques et de consommation. Après, on fait une revue bibliographique de la littérature scientifique et technique existante dans ce domaine, permettant ainsi de comprendre l’état de l’art sur la gestion de la demande. Cette revue permettra de déterminer des directions de travail en termes de contrôle des équipements selon différents buts. Dans une première approche, cette revue permettra de connaître les effets des contrôles, les modèles utilisés et les limitations de ces études. Toute cette analyse permettra de déterminer, d’une manière simple, le potentiel de gestion de la demande au niveau national et local (maison), mais aussi le potentiel futur des usages électriques. Ainsi, en imaginant que des contrôles sont applicables (réduction de consommation, déplacement des heures de consommation…), on peut déterminer qualitativement leur impact sur le réseau électrique mais aussi sur la courbe de charge d’une maison. Pour conclure, on fait une synthèse des potentiels de gestion de la demande des différents équipements électriques résidentiels.
Analyse des consommations électriques et des périodes critiques du réseau électrique
La prévision de croissance de la consommation résidentielle est de 1.3 % par an, selon le scénario de référence, jusqu’à 2015 et de 0.3 % au‐delà, selon RTE [RTE, 2011]. Selon ce rapport de RTE [RTE, 2011] la distribution des différents usages en 2007, en France a été : Figure 11 – Distribution de la consommation résidentielle par secteurs A partir de la Figure 1‐1, on peut voir que le chauffage, l’électroménager froid, le lavage, l’ECS sont responsables pour la grande partie de la consommation (environ 70%). La problématique du réseau électrique se traduit par des pointes électriques qui ne cessent pas d’augmenter comme on peut voir sur la Figure 1‐2 [RTE, 2011]. Figure 12 – Evolution et prévisions de la puissance à la pointe Selon le rapport du groupe de travail sur la maîtrise de la pointe électrique [Poignant & Sido, 2010] il existe plusieurs types de pointes électriques. 25% 21% 13% 13% 12% 7% 7% 1% 1% Chauffage Electroménager froid + lavage Autres Eau chaude sanitaire (ECS) Produits gris + bruns Cuisson Eclairage Ventilation mécanique contrôlé Climatisation 78 81 84 87 90 93 96 99 102 105 108 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020 (GW) Records de consommation Prévisions de puissance à la pointe Chapitre 1. Potentiel d’action sur la demande électrique résidentielle David da Silva 12 Premièrement, on a la pointe saisonnière, en France, où la consommation électrique est très sensible à la température, en partie due au chauffage électrique. Ce type de pointe explique les écarts entre les courbes‐types journalières d’hiver et été de la Figure 1‐3. Ensuite, nous avons les pointes synchrones nationales qui se produisent, en hiver, vers 19 heures et le matin au moment d’ouverture des commerces et bureaux (Figure 1‐3). La pointe de 19 heures correspond au moment où la consommation nationale est la plus importante. Elle est due au retour à la maison après le travail et à la mise en marche de plusieurs équipements électriques comme l’éclairage, la télévision, la cuisinière, et autres, tandis que les activités économiques n’ont pas cessé. En été la pointe se trouve normalement vers 13 heures mais son importance est beaucoup plus faible qu’en hiver.
Chauffage électrique
Le chauffage électrique (pompes à chaleur inclues) représente un quart de la consommation totale électrique résidentielle et ce secteur est un des gros responsables de la pointe saisonnière pendant l’hiver, où la sensibilité du système électrique approche les 2 300 MW/°C [RTE, 2011], i.e. pour chaque réduction d’un degré Celsius de la température extérieure, il faut injecter dans le réseau électrique 2 300 MW. De plus, actuellement les systèmes de chauffage électrique sont présents dans 7 millions de logements principaux, pour un totale d’environ 25 millions, ce qui représente 9% de la consommation nationale d’électricité [EDF, 2005]. Pour comprendre les modes d’opération et de régulation des différents systèmes de chauffage, nous allons présenter la description du fonctionnement des principaux équipements et puis faire une analyse sur les caractéristiques d’usage et sur les évolutions technologiques.
Description des systèmes de chauffage
Le système le plus répandu dans les logements résidentiels français est le chauffage électrique à effet Joule. Cependant il existe plusieurs types d’émetteurs. Une description des différents émetteurs est faite ci‐dessous. Les pompes à chaleur sont aussi décrites car ces systèmes sont de plus en plus vendus et leur développement est renforcé par les nouvelles réglementations thermiques.
Convecteur électrique
Le principe de cet appareil est : faire entrer l’air froid en bas et ensuite le chauffer avec une résistance électrique (Figure 1‐4). Finalement l’air va sortir par la partie supérieure du convecteur (« Grille à ailettes » ‐ Figure 1‐1). La lecture de la température de l’air se fait par une sonde et le contrôle de la température est fait par un thermostat soit mécanique (Bïlame, bulbe, tension de vapeur) soit par un thermostat électronique (PI ou PID). Les appareils plus récents sont, presque tous, équipés de thermostats électroniques.