Plus les jeunes avancent en âge, plus ils se préoccupent de leur avenir professionnel et scolaire (Dumont, 2000; Frydenberg, 2008). La quête d’un premier diplôme, de plus en plus exigé lors de la recherche d’ emploi, peut d’ailleurs devenir source de préoccupations (Rousseau et al., 2010). Pour les jeunes faiblement scolarisés, leur expérience de l’ école est bien souvent négative et éprouvante (Villemagne & Myre Bisaillon, 2015). L’ éducation des adultes est l’une des avenues qui s’offrent à eux en vue de l’ acquisition d’ un premier diplôme afin de faciliter leur insertion socioprofessionnelle et leur épanouissement personnel (Beaumier, Rousseau, Dumont, Massé, & Leclerc, 2018; Villemagne & Myre-Bisaillon, 2015). Les jeunes adoptant ce parcours ont pu être confrontés à différents stress avant d’ arriver à l’éducation des adultes. En raison de leurs difficultés persistantes au niveau de leur cheminement scolaire, ces jeunes ont souvent été amenés à fréquenter des classes spéciales ou des cheminements particuliers (Rousseau, 2009). Plusieurs d’ entre eux rapportent avoir été perçus comme « lents », « inadaptés » ou « à problèmes » et même avoir vécu des situations où ils ont été rejetés ou humiliés (MELS, 2005). Comme rapporté par Villemagne et Myre-Bisaillon (2015), nombreux sont ceux qui ont été fragilisés et stressés par ces expériences ou encore affectés dans leur estime de soi ou leur santé mentale.
Une étude dressant le portrait des jeunes de 16-24 ans fréquentant les CEA a été réalisée par Marcotte et al. (2010). Cette dernière visait à mieux connaitre la clientèle, ainsi que les facteurs associés à la persévérance et à l’ abandon scolaires, afin de fournir des pistes d’ intervention efficaces. Dans leur rapport, les chercheurs soulèvent que la clientèle de 16-24 ans fréquentant la formation générale des adultes ne constitue pas un groupe homogène. Ainsi, afin de dresser un meilleur portrait des jeunes concernés, les chercheurs proposent une classification selon quatre profils distincts: 1) Les jeunes « sans problème majeur » représentent 54 % de l’ échantillon. Ils sont caractérisés par « l’ absence de problèmes sérieux actuels tant au niveau intériorisé (détresse psychologique) qu’ extériorisé de même que l’ absence de traumatisme passé » (Marcotte et al., 2010, p. 72). 2) Les jeunes « ouverts/résilients » représentent 21 % de l’ échantillon. Ils se caractérisent par l’ absence de problèmes intériorisés et extériorisés actuels. Ils sont toutefois « plus susceptibles d’ afficher un score d’ exploration identitaire élevé en l’ absence d’ engagement » (Marcotte et al., 2010, p. 72). 3) Les jeunes « victimisé[ e]s et en détresse » correspondent à 13 % de l’ échantillon, dont 89 % sont de sexe féminin: «Ces jeunes ont été victimes d’ abus physique, émotionnel et sexuel et elles sont nombreuses à avoir reçu des services scolaires et de protection de la jeunesse» (Marcotte et al., 2010, p. 19). Des niveaux élevés de détresse psychologique, d’ idéations suicidaires et une faible estime de soi sont observés chez cette clientèle. 4) Les jeunes avec des problèmes de comportement et en grande détresse représentent pour leur part 12 % de l’échantillon. Toujours selon Marcotte et al., ils représentent le profil de difficultés le plus lourd des quatre profils avec un niveau élevé de détresse psychologique (dont des idéations suicidaires), de problèmes extériorisés et d’ une faible estime de soi.
Là encore, une autre étude révèle que seulement 25 % des jeunes de 16 ans qui font le passage du secteur des jeunes pour celui des adultes disent ne présenter aucune difficulté particulière à leur entrée au CEA (Rousseau et al., 2009). Quant aux autres, ils affirment présenter des difficultés d’ apprentissage (36 %); des difficultés d’ ordre comportemental (16 %); des difficultés d’ apprentissage en plus des difficultés comportementales (14 %), et enfin, d’autres types de difficultés par rapport aux relations amicales ou familiales ou à la consommation de drogues (9 %).
Plus récemment, Dumont et Rousseau (2016) ont interrogé les jeunes de 16 à 18 ans fréquentant les CEA afin de préciser les facteurs pouvant contribuer à leur apprentissage et bien-être. Les jeunes rencontrés ont identifié comme besoins: le soutien de l’entourage, principalement de la part des enseignants et du personnel scolaire, le sentiment d’ appartenance, l’attitude de l’enseignant (heureux d’ être à l’ école, connaissant sa matière, etc.), le sentiment de compétence (développement de la confiance en soi et mise à profit de leurs forces) et la connaissance de soi (désir d’ apprendre à mieux se connaitre, comme leurs intérêts, la prise de décisions, etc.).
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