Portage génital du Streptococcus agalactiae
chez la femme enceinte
Classification
Au niveau taxonomique, le streptocoque de groupe B est inclus dans la famille des Streptococcaceae et fait partie du genre Streptococcus (Benjamin CG, 1974). En 1933, Lancefield a différencié, selon leur capsule de polysaccharides, les streptocoques hémolytiques en plusieurs sérogroupes distincts dont les 6 streptocoques du groupe B (Lancefield RC, 1933). La capsule de polysaccharide du streptocoque de groupe B est composée d’unité de polymères répétés : – de D-galactose, – de D-glucose, – de 2-acétarnido-Z-déoxy-Dglucose – d’acide sialique dont l’arrangement diffère selon les sérotypes (Jennings HJ et coll, 1983; von Hunolstein C et coll, 1993; Wessels MR et coll, 1991). Le haut degré de spécificité immunologique a permis de classer, les streptocoques du groupe B en dix sérotypes : la, Ib, Ic, II, III, IV, V, VI, VI1 et VIII (Kogan G et coll, 1996). Des antigènes de surface ont aussi été utilisés pour compléter la classification: les protéines R, X et c (Lancefield RC et coll, 1975; Pattison IH et coll, 1955; Pattison IH et coll, 1955). Ainsi, depuis 1985, le streptocoque de groupe B de sérotype III contenant les protéines c et R est maintenant désigné Ill/c\R. Il est à noter que le sérotype Ic est maintenant appelé Ia/c puisqu’il possède une capsule de polysaccharides de type Ia et la protéine C (Henrichsen J, 1985). De plus, quelques souches de streptocoque de groupe B sont non-typables (Henrichsen J, 1985; Jelinkova J et Motlova J, 1985; von Hunolstein C et coll, 1993).
Caractères bactériologiques
Morphologie
Les SGB sont des cocci à Gram positif, ovales ou ronds, groupés typiquement en chaînettes (figure 1) plus ou moins longues, immobiles, asporulés et encapsulés (Leruste S, 1995). 7 Figure 9 :Streptocoque groupe B après coloration de Gram (www.microbesedu.org/etudiant/streptocoques.html, consulté le 09/08/2014)
Caractères culturaux
Ce sont des bactéries aéro-anaérobies facultatives car certaines espèces tolèrent l’oxygène. Ce sont des germes fragiles et exigeants, l’isolement du SGB se fait sur des géloses enrichies de sang sous CO2 à 37°C. L’étude des propriétés hémolytiques du SGB révèle une hémolyse totale ou hémolyse bêta (Figure 2) se traduisant par un halo clair parfaitement transparent autour de la colonie (Leruste S, 1995). Figure 10: streptocoque groupe B sur gélose au sang : béta hémolyse) (www.microbes-edu.org/etudiant/streptocoques.html, consulté le 9/08/2014)
Caractères biochimiques (Yildirim AO et coll, 2002)
Les streptocoques du groupe B présentent les caractères biochimiques suivants : o Absence de catalase : Ce caractère permet de faire diagnostic différentiel entre Streptococcus, Staphylococcus et Micrococcus. o Les streptocoques du groupe B sont dépourvus d’oxydase o Sensibilité à l’optochine : les streptocoques résistent à l’optochine sauf les pneumocoques. o Hydrolyse de l’esculine(-) : L’esculine est un glucoside dérivé de la coumarine qui n’est pas hydrolysé par les streptocoques du groupe B. o Le streptocoque groupe B possède une Leucine aminopeptidase (LAP) alors qu’elle est dépourvue pyrrolidonylarylamidase. o Les streptocoques du groupe B sont positifs Hippurate et au CAMP test.
Caractères antigéniques
Les SGB possèdent une capsule composée de polyosides spécifiques de type (Battisti O et coll, 1993; Leruste S, 1995). Ces antigènes de surface, de nature polysaccharidique, ont permis la différentiation des SGB en 10 sérotypes (Poyart C et coll, 2008). Lancefield mit en évidence en 1934 trois sérotypes : type I, II et III. En 1971, Wilkinson divisa le type I en trois sérotypes Ia, Ib et Ic. Le sérotype Ic, ou Ia/c d’après cette nouvelle nomenclature proposée, est composé du polysaccharide Ia associé à un déterminant protéique (Marchand F, 1985). D’autres sérotypes ont été individualisés notamment : IV, V, VI, VII et VIII (Ferrieri P, 1988).
Facteur de virulence
Dans les infections néonatales à SGB, la pathogénie est due à un défaut d’activation des mécanismes immunitaires cellulaires et humoraux des défenses 9 de l’hôte et à l’action des différents produits élaborés par la bactérie avec des antigènes cellulaires (Leruste S, 1995). Les composants bactériens et cellulaires participant à la pathogénie des infections néonatales sont : – L’acide lipoteichoїque : joue un rôle dans l’adhérence du SGB aux cellules épithéliales des différentes muqueuses spécialement vaginales. – Les antigènes spécifiques du sérotype qui peuvent entrainer l’activation du complément ou la suppression de la migration des leucocytes polymorphonucléaires ou inhiber la maturation des macrophages des cellules précurseurs. – L’acide sialique et la protéine c sont les déterminants antigéniques importants pour la formation des anticorps opsonophagocytaires. – La protéine R : joue un rôle important dans la virulence des SGB, à cause du bas niveau des anticorps Ig G maternels contre cette protéine. La connaissance de ces composants cellulaires permet d’expliquer la différence de pathogénicité entre les souches. Les plus virulentes auraient une plus grande résistance à l’opsonisation et à la phagocytose (Roure Roman S, 1996).
Epidémiologie
Réservoir
Afin de différencier plus facilement les souches infectant les humains des souches infectant les bovins, la désignation de streptocoque de groupe B est favorisée lorsqu’il s’agit de souches d’origine humaine et Streptococcus agalactiae pour les souches d’origine bovine (Ferron A, 1989). Au niveau des antigènes de surface, la protéine R ne se retrouve que chez les souches d’origine humaine tandis que la protéine X est présente seulement chez les souches d’origine bovine (Benjamin CG, 1974). L’acide désoxyribonucléique (ADN) génomique extraite des souches de Streptococcus agalactiae et de streptocoque de groupe B peuvent s’hybrider 10 mais le degré d’homologie est de 16% plus élevé entre les souches d’origine bovine (Denning DW et coll, 1989). Contrairement aux souches d’origine humaine, la majorité des souches d’origine bovine sont capables de fermenter le lactose, possèdent la β-galactosidase et sont sensibles à la bacitracine (Wanger AR et Dunny GM, 1985). Selon les études de Jensen et Aarestrup, les souches de SGB qui sont lactose positive pourraient coloniser les humains mais il n’y a pas encore de consensus (Ferron A, 1989; Jensen NE, 1985; Jensen NE et Aarestrup FM, 1996). D’autre part, il a été établi que les souches de streptocoque de groupe B d’origine humaine peuvent infecter les bovins et causer des mammites (Jelinkova J et Motlova J, 1985).
Habitat
Les SGB sont des commensaux du tractus gastro-intestinal de l’homme. Chez les femmes, le germe peut atteindre le vagin, la vessie et l’anus. Cette colonisation liée à l’hygiène est dynamique : elle peut être transitoire, intermittente ou continue (Ernest J et coll, 1973). Elle est aussi liée au nombre de rapport sexuel de la femme enceinte (Marconi C et coll, 2010). La présence de la protéine R semble être corrélée aux souches d’origine humaine alors que la protéine X est plutôt associée aux souches isolées chez les bovins. Le sérotype de type III est responsable de plus de la moitié des infections néonatales à streptocoques du groupe B (Madhi SA et coll, 2013). La colonisation est en général asymptomatique et ne provoque pas de réaction inflammatoire (Huber CA et coll, 2011). Seuls des examens bactériologiques peuvent reconnaître les porteurs du SGB (Ernest J et coll, 1973; François D et Ploy MC, 2007).
INTRODUCTION |