Politiques sanitaires et inégalités sociales en matière de sante

Le normal et le pathologique

Emile DURKHEIM (1858 – 1917) mentionne l’idée de ce qu’est le normal et le pathologique en prenant en considération le domaine de la santé. « La santé est bonne et désirable ». La maladie est une chose considérée comme mauvaise et qui va perturber le bien-être de chaque individu. D’une manière générale, la souffrance est l’indice de la maladie, par contre la santé est l’adaptation de l’organisme avec son milieu, et la maladie est le fait qui trouble cette adaptation.
Selon DURKHEIM, la douleur n’est pas le signe distinctif de la maladie, car elle fait partie de l’état de santé. Ce qui veut dire que si une personne a une douleur quelque part, celle-ci n’est pas forcément un indice de maladie mais c’est la nature qui la produit. La vieillesse est un exemple que cet auteur a mentionné car une fois qu’une personne atteint l’âge de la vieillesse, celle-ci sent des douleurs et ce sont des faits normaux. Par conséquent, la douleur ne résulte pas nécessairement de la maladie, de plus ce critère est souvent inapplicable surtout en sociologie. De ce fait, il a su distinguer le normal et le pathologique.

L’interactionnisme symbolique et la santé

Le terme « interactionnisme » est fortement utilisé par plusieurs sociologues. Mais l’interactionnisme symbolique a été un des programmes d’analyse sociale qu’a utilisé Erving GOFFMAN et qui a marqué la sociologie. L’interactionnisme explique les interférences entre variables explicatives au sein d’une structure causale.
L’interdépendance des variables : L’analyse de GOFFMAN se réfère à la vie quotidienne des participants d’un système social et de leur interaction. Le champ de la santé est en interférence avec les autres variables au sein de la structure d’un système social. Cette interférence peut être expliquée par l’approche interactionniste. DURKHEIM, suite à ses recherches dans « Le Suicide » a souligné les relations et les interdépendances qu’ont les variables qui constituent une structure. Au sein d’une structure, il y a toujours un effet d’interaction lorsque l’action d’une variable sur une autre variable est sous la dépendance d’une troisième variable. En rapport avec notre domaine de
recherche, c’est-à-dire, les politiques sanitaires et l’inégalité sociale de santé, l’effet des conditions de vie de la population sur l’état de santé des femmes est sous la dépendance de la fiabilité des politiques sanitaires et des systèmes de santé.
Interaction du social et du sanitaire : Au sein des collectivités urbaines, ce qui est perçu comme en même temps une réalité et un problème peut être élaboré en catégorie de santé. Prenons un exemple dans l’univers du travail : des pathologies sont reconnues comme conséquences des conditions d’exercice du métier (bruit des machines, les éléments nocifs …) mais inversement, la bonne santé peut être aussi une des propriétés identitaires recherchées pour l’accomplissement des tâches.
L’état de santé de la population dépend autant des facteurs socio- économiques que des progrès médicaux.
Bref, l’interactionnisme symbolique est une approche nécessaire dans la recherche en sociologie urbaine, en sociologie de l’éducation mais également dans la sociologie de santé.

L’évolution de la notion sur l’individu

La notion de l’individu évolue de génération en génération.
L’individu : L’individu est l’être humain et il est considéré comme différent les uns des autres. L’individu est aussi un élément d’une population dont il constitue l’unité de base.
L’individualisme: Cette notion met au premier rang l’individu, ses intérêts, sa liberté contrairement au socialisme qui accorde la priorité à la société dont l’individu ne serait que le produit. Les origines de l’individualisme ne sont pas historiquement déterminables avec précision car on pourrait bien aller au delà de la cité antique liée avec les idées religieuses et/ou des années philosophiques. Mais nous pouvons citer quelques grandes tournures de l’individualisme à travers la vie quotidienne.
L’histoire de la philosophie liée avec la liberté de la raison fait preuve de la considération de l’individu. Puis, dans la cité antique où le christianisme, et le début de la prise de conscience par les individus de leur autonomie, remonte à la surface. Plus tard, la notion d’individualisme tient une place très importante dans la société. Ceci est marqué par la déclaration des Droits de l’homme en 1789 dont les égalités de droits, la liberté, la recherche de bonheur individuel sont prônées. L’individualisme a été pris par différents sociologues de l’époque tels que :
Alexis de Tocqueville comme une caractéristique des sociétés modernes. Le jeu de la démocratie avec cette notion se rapproche du libéralisme en économie. Ceci a une conséquence grandiose sur la démarche économique de chaque Nation et par la suite un impact sur la vie quotidienne de la population. Nous pouvons voir clairement cet impact par le niveau de vie, les modes de vie, l’état de santé, le niveau d’instruction des enfants…

La santé, une condition de fonctionnement du social

Parsons (1902 – 1978) a sa signification sociale de la santé : « La santé apparaît de la manière la plus immédiate, comme une des conditions requises du fonctionnement de tout système social […]. Un trop haut niveau de maladie, un trop bas niveau de santé apparaissent comme dysfonctionnels par rapport au fonctionnement du système considéré. C’est d’abord que la maladie nous empêche de nous acquitter de nos rôles sociaux ».
Par ces phrases, Parsons met en évidence l’intérêt de la santé que la sociologie a jusque là ignorée. L’analyse parsonnienne ne se limite pas à la reconnaissance de la signification sociale de la santé et de la maladie ; elle fait appel également à l’étude et la place que la médecine tient dans la société moderne, et au delà de ses fonctions techniques, à analyser son rôle de régulation sociale.

Dimension anthropologique

Les recherches en anthropologie ne séparent jamais des réflexions sur le corps, la maladie et la mort. Le corps humain : Le corps humain est toujours immergé dans les relativités des coutumes. La vie est très précieuse, et chaque partie du corps symbolise quelque chose. Par exemple, la main droite symbolise le pouvoir, le cœur symbolise l’amour et la vie. Il y a un rapport entre le corps et la culture. Dans ce sens, nous montrons que le corps est inscrit dans l’ordre de la culture, contrairement à l’idée que le corps est simplement un tout de la nature. Notre corps se trouve également dans un environnement social, et il est modelé par cet environnement. Dans ce cas, nous parlons de la socialisation du corps sur les modes de transmissions des modèles sociaux à un enfant. Ces modèles sociaux sont liés à des gestes (dire bonjour en tendant la main, manger), des liens affectives (embrassement).
Des recherches comparatives sur la socialisation corporelle montrent la spécificité culturelle de ces apprentissages ainsi que leurs conséquences. Nous remarquons que les rituels corporels sont transmis de génération en génération. En ce qui concerne Madagascar, il est riche en rites et coutumes à travers lesquels le symbole du corps joue un rôle très important.
Prenons comme exemple le « Sambatra16 » à Manajary, il s’agit d’une circoncision mais cela symbolise plus qu’une explication médicale car l’appareil génital (partie du corps) d’un garçon circoncis symbolise la virilité, ou encore le symbole des sept orifices humains (les oreilles, le nez, la bouche, l’anus, et le vagin) chez les « betsimisaraka ».
La maladie : Pour les anthropologues, la maladie est une forme élémentaire de l’événement comme la naissance et la mort. AUGE, un anthropologue a cité dans son ouvrage «Le sens du mal», que tous les événements biologiques individuels dont l’interprétation n’impose pas le modèle culturel est immédiatement social. Ainsi dit, la maladie est donc considérée comme une intersection du biologique et le social. Les maladies ont une signification pour l’individu malade, pour son groupe d’appartenance, pour sa société entière.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE: DIMENSION SOCIOLOGIQUE DE SANTE 
CHAPITRE I : APPROCHE SOCIOLOGIQUE DE LA SANTE : DIMENSION SOCIALE DE LA SANTE ET DE LA MALADIE
Section 1 Les théories et auteurs 
I Le normal et le pathologique
A. Le normal
B. Le pathologique
C. Corrélation avec les normes et valeurs
II L’interactionnisme symbolique et la santé
A. L’interdépendance des variables
B. Interaction du social et du sanitaire
III De l’individu au risque collectif
A. L’évolution de la notion sur l’individu
1 L’individu
2 L’individualisme
3 L’individualisme méthodologique et le type- idéal
B. Le risque collectif
C. Talcott PARSONS et le systémisme
1 La santé, une condition de fonctionnement du social
2 Le systémisme
3 Les sous- systèmes
Section 2 Dimension sociale de la santé et de la maladie
I Dimension anthropologique
A. Le corps humain
B. La maladie
C. La mort
II Dimension sociologique
A. La santé, la maladie sont des faits sociaux
B. La dynamique de la précarité
C. L’éthique
III Dimension psychologique
A. L’estime de soi
B. Le mal- être
1 La souffrance physique
2 La souffrance psychologique
IV Dimension économique
A. La santé, un facteur de croissance
B. Le système capitaliste
C. Productivité
CHAPITRE 2: APERÇU SUR LA SANTE DE LA POPULATION MALGACHE
Section 1 Etats des lieux 
I Cadre historique
A. Avant la colonisation
B. Pendant la colonisation
C. Après la colonisation
II Les indicateurs courants
A. L’espérance de vie
B. Incidence
C. La fréquentation d’un centre sanitaire
D. L’accès aux services de santé
E. Dépenses de soins et de santé
III Santé materno- infantile
A. La mortalité infantile (TMI)
B. Proportion des naissances assistées par des personnes médicales
C. La mortalité maternelle (TMM)
Section 2 Les pratiques de soins
I La complémentarité de la médecine traditionnelle et la médecine occidentale
II Relation médecin et patient
Section 3 : Perception actuelle du problème de santé
I Facteurs explicatifs
A. Facteurs explicatifs dans le domaine de santé
B. Facteurs externes du domaine de santé
1 Les conditions de vie
2 Accès aux soins
II Perception individuelle
A. envers les centres de santé
B. de la maladie
C. De genre
DEUXIEME PARTIE: DEGRE DE PRECARISATION, LOGIQUE DE SANTE ET RECOURS AUX SOINS : CAS DU CSB I ANOSIBE MANDRANGOMBATOI 
CHAPITRE 3 : SITUATIONS ET DEGRE DE PRECARITE
Section 1 : Monographie du Centre de Santé de Base I « Mitsimbina »
I Etat de lieux
A. Situation géographique
1 Délimitation
2 Historique
B. Profil du centre
1 Infrastructure
2 Le personnel médical
3 Les consultants
II Les services et le système de santé
A. Services au profit des femmes
1 Consultation Pré-Natale ou CPN
2 Les formations sanitaires
B. Services au profit des enfants
1 Le suivi des nourrissons
2 La vaccination
C. Services au profit de tous
D. Financement
Section 2 : Profil de la population enquêtée 
I Critères objectifs descriptifs : caractéristiques socio- démographiques
A. Population jeune et féminine
1 Fort taux des mères
2 Répartition par âge
B. Une forte représentation des immigrants
1 Provenance
2 Période de l’exode
C. Une vie de famille étendue
1 Situation familiale
2 Variable socio- démographique
3 Situation de rupture conjugale
II Conditions de vie et inégalité interindividuelle
A. Durée de scolarisation limitée
1 Fréquentation scolaire
2 Niveau d’instruction
B. Précarité professionnelle et économique
1 Activité et inactivité
2 Travailler pour son propre compte : une voie médiane avancée .
3 Autres capitaux
C. Précarité du logement
1 Situation des logements
2 Infrastructure
Section 3 : Comportement à risque et conduite adductive
I Les problèmes communs : une approche écosystémique
II Les comportements à risque
A. Les éléments pathogènes
B. L’alimentation
C. Les accidents
CHAPITRE 4 : RAPPORT AUX CORPS, AUX SOINS ET A LA SANTE 
Section 1 : Interaction à la logique de santé
I Dimension sanitaire
A. Les maladies
1 Les types de maladie
2 La morbidité
3 Hospitalisation
4 Morbidité de l’entourage
B. Perception de la maladie
1 Par les femmes
2 Par le personnel de santé du CSBI
II Préférence en matière de recours de soins
A. La réaction en cas de trouble pathologique
1 Que faire ?
2 La décision de recours aux soins
B. Résultats des comportements
1 Degré de satisfaction
2 Recours à d’autres solutions
Section 2 : Perception des soins
I Le cas du CSB I « Mitsimbina »
A. Pourquoi ce centre ?
1 Raisons de la fréquentation
2 Fréquence de la consultation
3 Choix du centre
B. Perception
1 Perception du Centre
2 Satisfaction
3 Relation médecin – patiente
II Attitude à l’égard du risque
A. Estimez vous vivre une vie risquée sur le plan de santé ?
1 La précarité et les conditions de vie sont des obstacles
2 Recours à des solutions plus faciles et moins chères
B. Faites vous attention à votre santé ?
1 Prendre soin de soi
2 Une amélioration à l’horizon
Section 3 : Synthèse des résultats et analyse critique
I Synthèses des résultats
A. Fondement des variables explicatives
1 Phase de précarité limitée
2 Phase de fragilisation
3 Phase de précarisation d’habitude
4 Phase de sédentarisation
B. Idéal – type de logique de recours aux soins
1 Logique d’adhésion aux soins médicaux
2 Logique de résistances aux soins
3 Logiques de refus des soins médicaux
C. Lien entre les phases de précarité et les types – idéaux
II Analyses critiques
A. Question de priorités
B. Problèmes de comportement liés aux recours aux soins
TROISIEME PARTIE: PROCESSUS D’AMELIORATION DE L’ETAT DE SANTE DES PERSONNES EN SITUATION DE PRECARITE 
CHAPITRE 5 : LA SANTE ET LA MONDIALISATION
Section 1 : La santé, un véritable phénomène mondialisé
I Les politiques sanitaires internationales
A. Les droits de l’Homme
1 Les divisions des droits
2 Droits liés à la santé publique
B. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement
1 Etat des lieux
2 D’ici 2015
C. L’Organisation Mondiale de la Santé
1 Description de l’organisation
2 La logique de l’intervention de l’OMS
3 La collaboration avec les autres acteurs
II Les initiatives et les politiques sanitaires nationales
A. Le Document de Stratégies de Réduction de la Pauvreté (DSRP)
1 Etat de lieux
2 Les programmes de la promotion de la santé malgache
B. La Politique Nationale de la Santé ou PNS
1 Le système national de santé à Madagascar
2 Les axes stratégiques
III La contribution communautaire
A. Politiques de proximité
B. La restriction de la participation
1 Les centres de soins du Fokontany
2 Les cabinets médicaux privés
3 Les tradipraticiens
C. Autres formes de soins
1 Les guérisseurs spirituels
2 Au sein des groupes familiaux
Section 2 : Le concept de la mondialisation et la santé publique
I La corrélation entre la mondialisation et la santé publique
A. Du point de vue historique
B. Mondialisation et dynamique des inégalités de santé
C. L’impact de la mondialisation sur la santé
1 Marché mondial
2 Le territoire symbolique
3 Fragilisation de l’individu
II Le système de la politique sanitaire dans les pays développés
A. Etat des lieux
B. L’administration d’un système de santé pluraliste
C. La sécurité sociale
D. Fonctionnement du système de santé
1 L’usager et l’accès aux soins
2 Les prestataires de soins et les professionnels libéraux
3 Les médicaments
III Le système de la politique sanitaire dans les pays en développement
A. Les traits marquants
1 Le poids de l’héritage colonial
2 L’absence de mécanisme de la sécurité sociale
3 L’empreinte des institutions internationales
4 La dépendance aux disponibilités budgétaires
B. Les systèmes de santé
1 Financement des systèmes
2 L’organisation des soins
3 L’administration sanitaire
CHAPITRE 6 : POUR UNE AMELIORATION DES POLITIQUES SANITAIRES 
Section 1 : Le marketing social
I Mobilisation communautaire
A. La communication multivoie
1 Une communication unidirectionnelle ne suffit plus
2 Que faire ?
B. Accompagnement social
II Les comportements sains
A. Modifier le comportement à l’égard de santé
1 Mieux vaut prévenir
2 Etapes du changement
B. La diffusion des innovations
1 Le système social
2 Les médias de masse
3 L’éducation sanitaire
Section 2 : Le système de santé
I Le financement de la santé
A. Le financement de la santé pour contribuer à l’efficience du système de santé
1 La participation individuelle des usagers
2 Le financement par un tiers payant
3 Le financement par les pouvoirs publics
B. Investir dans le système sanitaire
1 Une solidarité
2 Financer au profit des démunis
3 Des services adaptés aux personnes en situation de précarité
II Reforme du système de santé
A. Implication des bailleurs de fond
1 Leur objectif face à la situation actuelle
2 Comment les bailleurs devraient s’impliquer ?
3 Problèmes d’efficience
B. Meilleure gestion
1 Le personnel de santé
2 Les médicaments
CHAPITRE 7 : LES FACTEURS LES PLUS INFLUENTS
Section 1 : Approche participative 
I Vision de la problématique et contribution des femmes
A. Inégalité des sexes
B. L’éducation des femmes
1 La corrélation entre santé et éducation des femmes
2 Education pour tous
C. Les femmes et l’activité professionnelle
1 Situation professionnelle des femmes en situation de précarité
2 Travail des femmes et risques associées
3 Quelles protections prendre ?
II Contribution des autorités
A. Les décideurs politiques
B. Les chefs religieux
Section 2 : Action multisectorielle 
I Les programmes publics
A. En matière d’infrastructure
1 Eau et assainissement
2 Infrastructure routier
B. En matière de services
II L’établissement des partenariats
A. Partenariat avec les autres pays
B. Le partenariat au niveau national
C. La micro – finance et création d’emploi
Conclusion générale
Bibliographie

LIRE AUSSI :  Mémoire Online: Etude de gels d’oxyde de titane entrant dans la fabrication de cellules photovoltaïques

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *