Politique monétaire et financière et politique de développement dans les Pays de la zone MENA
La Grande-Bretagne, la France, et les Arabes du Moyen-Orient
Pendant la Guerre : Il est connu que la légitimité de la domination ottomane dans le Moyen-Orient arabe est due à l’influence du facteur religieux, car le Sultan ottoman est aussi le chef religieux, soit le Calife, de tous les musulmans qui fait appliquer la Charia (la loi sainte) sur le Califat (territoire musulman). Lorsque l’Empire Ottoman entra en guerre au côté de l’Allemagne et ses alliés, le Sultan appelait son peuple au Djihad (la guerre sainte chez les musulmans) contre les Alliés. Beaucoup d’Arabes ont participé à cette guerre au côté de l’Empire Ottoman, au motif 38 Bozarslan, Hamit. 2006. Histoire de la Turquie contemporaine : Éditions La Découverte. 39 Sellier, Jean sellier et André. 1993. Atlas des peuples d’orient : La découverte. P 57 64 qu’il s’agit d’une guerre contre le Califat. 1.1. La révolte arabe Certains d’Arabes ont néanmoins refusé cette participation pour affirmer leur opposition à l’attitude ottomane vers le peuple arabe depuis les dix dernières années, créant ainsi, une instabilité dans le territoire. En fait, la position des nationalistes arabes qui refusaient de participer à la première guerre mondiale, renforcera leur désir d’indépendance avec l’aide de toujours de la Grande Bretagne, qui vise à diviser l’Empire ottoman. Mais comment procéderont-ils ? 40 La Grande-Bretagne était au courant des contradictions entre les Arabes nationalistes et l’Empire ottoman. Elle était aussi au courant de l’ambition personnelle du Chérif Hussein de la Mecque qui est le Gouverneur du Hedjaz. Elle a travaillé à exploiter la position des Arabes afin de s’assurer un soutien dans la première Guerre mondiale. Ainsi ils ont déployé dans la région du Moyen-Orient des espions qui vont travailler avec les agents de renseignement britannique41 . Ces agents, officiellement présents comme des chercheurs en civilisation orientale, se rapprochaient ainsi de Chérif Hussein de la Mecque. Par l’annonce de la révolte arabe contre l’Empire Ottoman, les agents britanniques ont pris contact avec le Chérif Hussein de la Mecque afin d’organiser la révolte. En s’engageant avec la Grande-Bretagne pour obtenir un État indépendant, en contrepartie, les Arabes doivent rejoindre les alliés dans la grande guerre contre les Allemands. L’interlocuteur de la GrandeBretagne sur le territoire arabe fut Sir Henry McMahon.
L’accord McMahon-Hussein
Sir Henry McMahon est haut-commissaire britannique en Égypte. Il rencontre le Chérif Hussein de la Mecque et les dirigeants arabes le plus influents.42. Au cours de ces discussions, McMahon promis à Hussein un État arabe indépendant se situant entre l’Iran et l’Égypte. 40 Seoudi, Noureddine. 2005. La Formation De L’orient Arae Contemporain 1916-1939: L’harmattan. 41 Il s’agit bien de Thomas Edward Lawrence connu comme : Lawrence d’Arabie. C’est ainsi qu’est né ce que nous appelons aujourd’hui la correspondance McMahon-Hussein, qui s’étend de juillet 1915 à janvier 1916, et dans laquelle le Britannique négocie avec le Chérif Hussein de la Mecque, les termes selon lesquels les Arabes se révolteraient contre l’Empire Ottoman. Les Britanniques ont concédé dans cette correspondance l’existence d’un futur pays arabe indépendant incluant le territoire de la Palestine. Les Arabes se sont finalement révoltés contre les ottomans en 1916, et ont combattu dans une série de campagnes qui se sont soldées par la prise de Damas en septembre 1918. En 1915, les dirigeants nationalistes arabes ont rencontré Fayçal, le fils de Chérif Hussein de la Mecque, à Damas juste avant le début des négociations entre Hussein et McMahon. Les partis politiques arabes étaient non autorisés par l’Empire Ottoman. Donc c’est en secret qu’ont été menées les négociations avec la Grande-Bretagne. Elle accepta les conditions du ‘‘Protocole de Damas’’ comme la base de la négociation.Ces conditions sont : – la Grande-Bretagne reconnaît l’aide des Arabes pour établir un ‘‘royaume arabe unifié’’ sur les partis arabes de l’Asie à partir de la latitude nord de 37 à Mersin, soit Adana (ville en Turquie actuelle), et au sud par l’océan Indien, à la frontière à l’Est avec l’Iran, et enfin à l’Ouest par la mer Méditerranée et la mer Rouge. (Voir cartes page 57 et 58) – la Grande-Bretagne s’est engagée à aider cet État économiquement et militairement à l’avenir. – La Grande-Bretagne doit travailler à abolir les concessions étrangères. – La Grande-Bretagne obtient des privilèges spéciaux en ce qui concerne les affaires économiques. Est-ce que les deux parties concluant cet accord, le respectent ? Les Arabes : Le Chérif Hussein s’est engagé à se révolter contre les ottomans. Il déclare la révolution arabe et libère la région de Hedjaz. L’armée révolutionnaire dirigée par son fils Fayçal et accompagnée de Thomas Edward Lawrence d’Arabie avance vers le nord, libère la ville 43 Barker, Randall. 1979. King Husain and the Kingdom of Hejaz Oleander Press p 66. 66 d’Aqaba (dans le sud de la Jordanie aujourd’hui), puis vers le nord de la Transjordanie, et arrive à Damas un jour avant l’arrivée du général britannique Allenby et son armée. L’armée révolutionnaire avance vers le reste du nord de la Syrie, elle Arrive à Alep, près de la frontière turque, les combats ne cesseront qu’en 1918, Lorsque les Ottomans se sont retirés définitivement de Damas, ils ont accepté l’armistice de Moudros, puis enfin dans le Traité de Sèvres qui plaçait sous mandat britannique et français les anciennes provinces arabes de l’empire. Ainsi, la région Hedjaz est libérée par le Chérif Hussein, ainsi que la Transjordanie et la Syrie grâce à Fayçal, Lawrence d’Arabie et Allenby. Les Anglais : La Grande-Bretagne ne tient pas ces promesses au Chérif Hussein44, car l’accord McMahonHussein fut oral. Aucun traité ne fut donc rédigé.45 En effet, le Chérif considérait que les lettres échangées avec McMahon obligent la Grande-Bretagne à mettre en œuvre ses engagements, mais les choses sont loin de la vérité. Ces promesses menacent les intérêts français, notamment en Syrie. La Grande-Bretagne ne les applique pas et ne répond pas à ses engagements. Parallèlement à sa correspondance avec le Chérif Hussein, elle était en contact permanent avec la France pour la mise en œuvre d’un nouveau plan complètement différent. Ce plan est apparu dans l’accord Sykes-Picot en 1916 et contredit la Convention McMahonHussein, et qui est incompatible avec les exigences du nationalisme arabe.
La déclaration de Balfour
La deuxième preuve du mensonge britannique, est la déclaration de Balfour en 1917. Lord Balfour, ministre britannique des affaires étrangères, se déclare en faveur de l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple Juif. Cette déclaration est considérée comme une des premières étapes dans la création de l’État d’Israël. Cette déclaration s’inscrit en contradiction avec les engagements pris auprès des nationalistes arabes qui revendiquent un 44 SEOUDI, Noureddine. 2005. La Formation De L’orient Arabe Contemporain 1916-1939 : L’harmattan. . P73 45 PROST, claude. 1924. La puissance chérifienne et le Wahabisme. I vols : Paris. 67 grand État indépendant.46 Nous reparlerons de ce territoire avec la seconde guerre mondiale.
La conférence de San Remo
Cette conférence à lieu à San Remo, en Italie, en 1920, soit après la fin de la première guerre mondiale. Elle est composée de représentants de la Grande-Bretagne, de la France, de l’Italie, du Japon, de la Belgique et aucun représentant arabe. Ce comité supérieur a ainsi fixé le sort des provinces arabes de l’Empire Ottoman en déclin. Notamment, il place la Palestine sous un mandat du gouvernement britannique. Les Français reçurent un mandat sur la Syrie et le Liban. Et furent également préparées les conditions du traité de paix avec la Turquie. Pour résumer : La Grande-Bretagne a donné aux Russes le contrôle des Détroits. L’idée d’un partage de l’Empire Ottoman entre les pays européens fait son chemin au début du XXème siècle. En 1915, la France a décidé de prendre la Syrie officiellement, Palestine comprises. La Grande-Bretagne veut annexer la région de Bassora, à laquelle tient l’Empire des Indes. Elle souhaite aussi instituer un Califat arabe à la place du Sultan Ottoman. Cela s’accompagnerait de l’instauration dans la péninsule arabique et le Croissant fertile d’États Arabes « clients » de la Grande-Bretagne. Les autorités britanniques du Caire défendent le projet de Califat arabe. Un échange de correspondance s’établit entre Sir Henry Mac Mahon, haut-commissaire en Égypte, et le Chérif Hussein de La Mecque. Influencé par ses fils, celui-ci demande en 1915 le Califat et l’indépendance de tous les pays arabes. A l’issue de la guerre mondiale de 14-18 Henry Mac Mahon promet la création d’un vaste royaume arabe allié à la Grande-Bretagne et englobant la péninsule arabique, la Palestine, la Syrie et la Mésopotamie, soit tous les territoires de l’Empire Ottoman en Asie. En parallèle, le 19 mai 1916, le diplomate anglais Mark Sykes et son interlocuteur français François-Georges Picot signent à Londres les accords portant leur nom et préparant le partage du Proche-Orient arabe entre les deux puissances alliées. La France se voyait attribuer le Liban et la Syrie du Nord, et la Grande-Bretagne, la Mésopotamie et la Syrie du Sud. Alors que le sort de la Palestine est voué à un hypothétique statut international, elle demeurait incertaine : une partie des territoires concernés serait administrée directement, et l’arrière-pays devant constituer le « royaume arabe » promis à Hussein et à ses fils. Exploitant le nationalisme arabe pour battre les ambitions françaises, la Grande-Bretagne va également jouer la carte sioniste en Palestine48, car c’est un territoire utile, pour elle, à la protection du canal de Suez. Les Français ne sont pas en reste et, dès juin 1917, Jules Cambon (secrétaire général du quai d’Orsay de l’époque) prend position en faveur d’une présence juive en Palestine, cinq mois avant que la Grande-Bretagne s’engage à son tour sur ce point avec la déclaration Balfour du 2 novembre suivant. À cette époque, le ministre français des affaires étrangères, F-G. Picot, espère obtenir la mise en place dans cette région d’un condominium franco-anglais, mais la part prépondérante prise par les Britanniques à l’effort de guerre en Orient limite les ambitions de Paris. Les forces françaises n’interviennent en effet que marginalement dans la «révolte arabe» conduite par Lawrence et l’Emir Fayçal et dans l’offensive lancée depuis l’Égypte par l’armée du Général Allenby.
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