Politique économique Algérienne
On ne peut pas comprendre les origines de l’intervention de l’état dans l’activité économique en Algérie sans s’intéresser à son histoire politique. Après plus de 130 années de domination coloniale (1930-1962), l’Algérie fut libérée le 05 juillet 1962 suite à une lutte armée qui à duré plus de 7ans.
Comme le souligne le professeur Temmar (1983) « La stratégie économique de l’Algérie démarra en 1965, prenant rapidement une dimension de nature idéologique. L’approche prudente faisant de la croissance un instrument au service de buts socio-politiques fit place à la croissance économique comme politique total en soi »
Au lendemain de l’indépendance, l’Algérie avait peu de lignes directrices concernant le devenir de l’économie du pays, néanmoins un certain nombre d’idées apparaissaient déjà dans le programme de Tripoli visant un objectif global qui est celui de la réalisation de l’indépendance économique.
En effet, parmi les objectifs intermédiaires arrêtés dans ce programme, on trouve la nationalisation de toutes les ressources naturelles, du commerce de gros étranger, des banques, et en général de toutes les institutions financières. L’option du libéralisme et du développement basé sur l’économie de marché était rejeté dès le départ et la planification était considérée comme l’alternative nécessaire.
Ces orientations étaient beaucoup plus à caractère politique et institutionnelle qu’économique.
Le programme considérait l’agriculture comme le moteur du développement ; la stratégie développée à cette fin consistait à orienter les efforts dans trois directions principales : accroissement de la production, développement des infrastructures et mise en place d’une organisation institutionnelle (coopératives). L’industrie devait être un secteur au service de l’agriculture.
Néanmoins, pour beaucoup de spécialistes, la charte d’Alger(1964) constitue le premier document qui a proposé une stratégie globale et précise du développement économique et social. Cette stratégie consacre le socialisme comme une organisation économique et sociale qui permet aux individus d’accéder au développement total(économique , social et culturel) et confie à l’Etat la responsabilité de gérer tout le système avec, cependant, certaines méfiances à l’égard de cette omniprésence. Ce qui s’est traduit par l’idée de renforcer et d’élargir la pratique de l’autogestion.
Ainsi, la stratégie économique devait viser à :
– maîtriser les relations économiques avec le marché international ;
– nationaliser le système bancaire et de distribution de gros ;
– dans ce cadre, construire l’économie à un rythme qui reste en harmonie avec le développement de l’idée socialiste au sein de la société.
– Par conséquent , la réforme agraire bien que très importante dans le processus qui est mis en oeuvre, reste selon les orientations, d’alors, largement tributaire de l’organisation du secteur, en entités autogérées. Ensuite, l’industrialisation préconisée (légère) devrait viser trois objectifs, à savoir: la création d’emploi, la satisfaction de la consommation et servir de débouché à la production agricole. L’industrie lourde était reléguée au second plan en raison de son caractère hautement capitalistique.
De manière générale, les orientations contenues dans la charte d’Alger tournent autour de deux axes : le renforcement de l’indépendance politique par une indépendance économique et la consolidation de l’omniprésence de l’autogestion comme forme d’organisation de l’économie nationale.
Politique économique Marocaine
Période 1960-1971 : Le Maroc a arrêté, depuis son indépendance, des objectifs visant la réalisation d’une croissance économique suffisante et soutenue en vue d’améliorer le niveau de vie de la population. C’est ce qui ressort de la plupart des plans de développement économique et social établis depuis 1960. Cependant, les résultats réalisés ont été en général en deçà des aspirations du pays et des objectifs fixés et ce, malgré les différentes stratégies et mesures entreprises à cet effet. Ces plans mettaient l’accent sur des priorités quasi constantes au profit des secteurs de l’agriculture, de l’industrie de base, du tourisme ainsi des ressources humaines.
Ainsi, le premier plan de 1960-1964 projetait le développement de l’agriculture et la mise en place d’une industrie de base grâce à l’intervention de l’Etat en vue de consolider l’indépendance économique du pays et de valoriser ses ressources nationales. Toutefois, cette politique n’a pu être concrétisée en totalité et certains projets ont été annulés ou reportés en raison notamment des contraintes financières. C’est pourquoi le plan triennal (1965 –1967) a, par la suite, mis l’accent davantage sur le secteur privé pour développer les investissements et opté pour le libéralisme économique.
Au cours de cette période, l’activité économique nationale a été marquée par une progression du PIB de 5%, sensiblement supérieure à la moyenne, de 4,2%, de toute la période étudiée (1960-2011). La prise en compte de la variation annuelle de la population globale de 2,7% durant la période 1961-1971 indique que l’accroissement du PIB réel par habitant a été de l’ordre de 2,3%, soit 0,3 points en plus que la moyenne observée entre 1961 et 2004.
Or, l’analyse des résultats réalisés par l’économie nationale montre que cet objectif n’a pas été atteint. La part des exportations de biens et services dans le PIB est restée pratiquement au même niveau que celui des années 60 soit 23,6%. Ceci s’est traduit par une contribution négative des exportations nettes à la croissance de l’ordre de -2,7 points du fait de l’augmentation importante des importations des biens d’équipement.
Période 1983-1993 : Au début des années 1980 les principaux indicateurs économiques ont témoigné d’une grave détérioration de la situation économique du pays. La dette extérieure a progressé de plus de six fois entre 1975 et 1982 pour atteindre plus de 83% du PIB. Le déficit budgétaire et le déficit courant de la balance des paiements ont atteint des niveaux records en 1982 se situant respectivement à 12% et à 12,3%. L’économie marocaine a subit le contrecoût de nombreux facteurs: deuxième choc pétrolier, baisse des prix du phosphate, hausse du dollar et des taux d’intérêt, sans oublier la sécheresse sévère qui a marqué l’année 1981.
Pour faire face à cette situation le gouvernement a mis en place un programme d’ajustement structurel (PAS). C’est ainsi qu’un ensemble de mesures de stabilisation et d’ajustement ont été élaborées par le gouvernement et appuyées par une série d’accords de confirmation avec le FMI et de prêts d’ajustement sectoriel de la Banque Mondiale. Ces mesures visaient la réduction de la demande intérieure, l’ouverture et la libéralisation économique. Dans ce cadre, diverses réformes structurelles ont été lancées depuis 1983. Elles ont touché l’ensemble des aspects de l’économie, notamment le commerce extérieur, les dépenses budgétaires, la fiscalité, les investissements étrangers, la privatisation, etc.
Au cours de la troisième période 1983-1993, le taux annuel moyen de croissance économique s’est limité à 3,1%, soit un niveau inférieur de 1,8 points par rapport à celui de la période précédente. La prise en compte de la variation annuelle de la population globale de 2,1% durant la période 1983-1993 indique que l’accroissement du PIB réel par habitant n’a été que de l’ordre de 1%, soit une perte de 1,6 points par rapport à la période précédente. Au niveau sectoriel, la valeur ajoutée agricole a augmenté en moyenne annuelle de 3,3%.
Cependant, le secteur agricole a continué à alterner des hauts et des bas, avec les années 1987 et 1992 comme les plus mauvaises années agricoles et 1986 et 1988 comme les plus bonnes.
Ainsi, la dépendance de la croissance économique globale de l’économie marocaine des performances vis-à-vis du secteur agricole est devenue structurelle.
Le PIB non agricole, quant à lui, a été caractérisé par une variation faible de ses taux annuels de croissance qui se sont situés dans la majorité des cas entre 3,2% et 3,6%. Ceci a été le résultat contrasté d’une part du secteur manufacturier qui commençait à connaître des problèmes de compétitivité. De l’autre part les services ont accusé un taux de croissance relativement stable grâce à la bonne tenue des secteurs de commerce et de transport et communication qui ont donné un coup de relance à la croissance du secteur dans sa globalité.
Au terme de la période allant de 1983 à 1993, la contribution de la consommation finale à la croissance économique n’a été que de 2,6 points perdant ainsi 2,4 points par rapport à la période précédente. Ce recul est dû en partie aux politiques restrictives adoptées dans le cadre du programme d’ajustement structurel et aux résultats médiocres des compagnes agricoles en 1992 et en 1993.
Le taux d’investissement, quant à lui, a marqué une légère diminution par rapport à la période précédente pour se situer à 22,4% du fait de la baisse de la contribution des administrations publiques dans la FBCF nationale. Ceci a conduit à un recul de la contribution à la croissance économique de 2 points à 0,3 points.
La contribution du volume des exportations nettes de biens et services à la croissance économique était de 0,6 points grâce à une amélioration de la compétitivité qui a entraîné la réalisation des taux de croissance plus forts des exportations.
-Période 1994-2004 : La période du PAS a vu mettre en oeuvre un ensemble de réformes structurelles visant la stabilisation et la relance de l’économie. Cependant, les résultats en terme de croissance ont été en deçà des attentes. Ceci a amené les autorités publiques à entamer une deuxième génération de réformes, au cours de la période 1994-2004, en coopération avec les institutions internationales dans le but de renforcer le tissu productif. Les grands axes de ces réformes sont :
– La libéralisation du commerce extérieur, en particulier par la signature d’accords de libre échange avec l’Union Européenne et les Etats-Unis d’Amérique ;
– La réforme de la douane, du secteur financier ainsi que l’accélération du processus de privatisation ;
– L’adoption du code du travail ;
– L’assainissement et l’amélioration de l’environnement des affaires.
Toutefois, les taux de croissance encore faibles réalisés durant cette période sont des indicateurs de la limite des efforts qui ont été déployés jusqu’à présent. En effet, la période allant de 1994 à 2004 a été marquée par un taux annuel moyen de croissance économique de 3,7%. Le PIB réel par habitant s’est aussi accrû faiblement de 1% en moyenne par an, soit 1,2 points de moins que la moyenne observée entre 1960 et 2004. Malgré une croissance annuelle moyenne de la valeur ajoutée agricole qui était de l’ordre de 10,7%, la production agricole a été très volatile durant la période 1994-2004, reflétant ainsi les conditions climatiques très variables d’une année à l’autre, ayant caractérisé cette période.
Cette volatilité a été à l’origine d’une variation annuelle du PIB réel encore plus forte que durant la période précédente.
La politique monétaire est basée sur des techniques de régulation quantitative. Son objectif prioritaire est de maîtriser l’inflation en harmonie avec le développement économique. Elle a fortement contribué au maintien du taux d’inflation à un niveau bas, à la préservation des équilibres extérieurs et au renforcement de la stabilité du taux de change réel du Dirham. Selon le FMI, la banque centrale marocaine remplit actuellement d’une manière globale les conditions préalables à l’adoption du ciblage de l’inflation : ayant l’indépendance opérationnelle, l’expertise et les ressources statistiques nécessaires ainsi qu’une panoplie complète d’instruments qu’elle continue de perfectionner. Son cadre analytique et opérationnel est très proche de celui des banques centrales ayant adopté des cibles d’inflation explicites.
Au niveau du secteur externe, durant les quatre dernières années, le Maroc a enregistré un solde négatif de la balance courante, et ce, après avoir enregistré des soldes positifs dans la période 2002- 2006. Cette tendance est expliquée en particulier par les effets de la crise financière et par l’accélération des importations en denrées alimentaires et en biens d’équipement. Les réserves de changes sont restées en 2010 à un niveau confortable. Selon les données du FMI, le Maroc dispose de 22.5 milliards de US $, une somme qui couvre près de 6.7 mois d’importation. Ce niveau lui permet d’avoir une capacité de résilience satisfaisante aux chocs extérieurs moyenne sur la période 2001-2010, en dépit de l’infléchissement13 relatif des taux de croissance des entreprises manufacturières qui représentent environ 20% du PIB, compensé par les bonnes performances du secteur des services15 qui représente plus de 40% du PIB.
Les contributions respectives de chacun des secteurs à la croissance économique dénotent que l’offre est essentiellement tirée par les services, suivis des industries manufacturières et de l’agriculture16. En revanche, la demande est tirée par la consommation des ménages et les exportations qui restent les principales sources de la croissance. Toutefois, la croissance des importations, supérieure à celle des exportations, entraîne une contribution négative du commerce.
La Tunisie subit des contraintes macroéconomiques qui ont trait essentiellement aux problèmes de financement extérieur de la croissance (par suite du déficit des investissementsRapport annuel de la Banque Centrale de Tunisie (2009) domestiques) et du déficit courant de la balance des paiements représentant en moyenne 2,1% du PIB. L’évolution de l’investissement montre, en effet, les limites des réformes mises en place, spécialement en ce qui concerne l’investissement privé, dont la contribution à l’investissement total est restée en deçà des objectifs tracés.