PLAIES PENETRANTES DU COU PAR ARME BLANCHE EN PRATIQUE CIVILE
Signes physiques
Examen local ❖ Inspection Elle permet de reconstruire le trajet de l’agent vulnérant − Plaie traumatique • Siège de la plaie dans l’un des triangles du cou ou des zones • Orifices (entrée et sortie) • Nombre de plaies • Taille de la plaie 40 • Bords : sections franches, bords irréguliers • Ecoulement de la plaie ou de la bouche : sang, salive, lymphe • Corps étrangers. Une plaie soufflante est très évocatrice d’une lésion laryngo-trachéale ou œsophagienne. Un écoulement salivaire d’une plaie traumatique cervicale fait penser à une lésion pharyngo-œsophagienne. ❖ Palpation Elle est essentielle, prudente et douce, elle recherche : − une perte de reliefs laryngés, en particulier l’enfoncement l’angle thyroïdien antérieur ; − une douleur à la mobilisation du cartilage traduit une fracture ; − un emphysème cervical sous-cutané avec des crépitations traduit l’ouverture de l’axe laryngo-trachéal ou pharyngo-œsophagien. Parfois discret, l’emphysème cervical peut être rapidement extensif, diffusant dans les régions cervico-faciales et la partie supérieure du thorax où il doit faire rechercher un pneumothorax et/ ou un pneumomédiastin ; − un hématome pulsatile ou expansif ; − abolition ou diminution d’un pouls en aval de la lésion ; − asymétrie des pouls radial ou cubital. ❖ Mensuration de l’emphysème ou de l’hématome. ❖ Auscultation − Un souffle carotidien ; − Une diminution ou abolition du murmure vésiculaire en faveur d’un hémothorax ou d’un pneumothorax.
Examen régional
Examen des muqueuses
La laryngoscopie indirecte est l’examen de choix en urgence de la muqueuse laryngée. Elle est pratiquée chez un patient non intubé et pas ou peu dyspnéique. A l’aide d’un miroir laryngé ou mieux un nasofibroscope, la laryngoscopie comporte une étude morphologique des structures laryngées mais aussi une étude dynamique de la mobilité laryngée. L’examen morphologique analyse l’étendue et le type de lésions : lésions muqueuses (plaies, lacérations), hématome, œdème, dénudation d’un cartilage, section ou recul du pied de l’épiglotte, déplacement d’un aryténoïde, rétrécissement de la filière respiratoire. L’analyse dynamique évalue de façon comparative la mobilité des cordes vocales, des bandes ventriculaires et des cartilages aryténoïdes.
Recherche de lésions vasculo-nerveuses
Il peut s’agir d’un accident vasculaire cérébral soit par ischémie secondaire à une lésion de l’artère carotide ou vertébrale, soit directement par une lésion intracrânienne. L’examen recherche aussi une lésion des nerfs crâniens (facial, vague, glosso-pharyngien, spinal accessoire et hypoglosse), du nerf phrénique et du sympathique cervical. Une atteinte des racines du plexus brachial peut aller jusqu’à une paralysie du membre supérieur.
Examen général
L’examen doit se faire de façon minutieuse pour ne pas passer à côté d’une lésion pouvant engager le pronostic vital. Il doit être effectué avec une extrême prudence pour éviter d’aggraver une lésion surtout au niveau cervical. Il recherche les lésions associées : thorax, abdomen, face, membres, crâne et moelle épinière.
Le thorax
L’auscultation et la percussion recherchent des signes en faveur d’un hémothorax ou d’un pneumothorax. La présence d’une plaie soufflante témoigne un pneumothorax ouvert par embrochage du poumon. Une tamponnade est suspectée devant un état de choc avec une turgescence des veines jugulaires. Ces lésions peuvent engager le pronostic vital du patient d’où la nécessité d’un geste chirurgical en urgence (Thoracotomie ou Sternotomie).
L’abdomen
L’examen recherche des signes d’irritation péritonéale (douleur, défense, contracture) et une distension abdominale.
Les membres supérieurs et inférieurs
Des troubles neurologiques sensitifs et moteurs, les pouls périphériques et la présence d’une plaie sont à rechercher.
Le rachis cervical et de la moelle épinière
Une fracture cervicale doit être recherchée systématiquement avant toute manipulation du rachis cervical. Cliniquement elle est suspectée devant une douleur exquise à la palpation des apophyses cervicales et confirmée par une radiographie cervicale de profil ou mieux une TDM cervicale. Cette fracture peut être associée à une lésion médullaire. Au terme de cet examen, les signes cliniques peuvent être catégorisés en signes « forts » pathognomoniques d’une lésion et signes « faibles » qui sont suspects mais non significatifs de l’existence d’une lésion [15]. Des critères de gravité ont été établis par Stroud et Landry [95]. 43 ❖ Critères majeurs − Hémorragiques : • Choc hypovolémique • Hématome cervical extensif ± pulsatile • Hémorragie importante par la plaie ou la bouche • Hémoptysie • Hématémèse – équivalent − Respiratoires : • Détresse respiratoire aiguë • Emphysème sous cutané extensif − Phonatoires : Aphonie d’emblée. ❖ Critères mineurs − Diminution ou absence d’un pouls carotidien ; − Déficit neurologique unilatéral ; − Syndrome de Claude Bernard Horner (P, M, E, R); − Blessure du VII, IX, XII. La constatation de signes cliniques « forts » associés à un choc hémorragique impose une prise en charge immédiate et une admission directe au bloc opératoire. Pour ces patients il n’existe aucune plus-value démontrée à la pratique d’une imagerie par scanner avant hémostase au bloc. Le bilan par imagerie devra être réalisé une fois l’intervention chirurgicale réalisée pour dépister d’éventuelles lésions associées. Lefort H et al [56] ont proposé en 2012 un nouvel algorithme de prise en charge de plaies pénétrantes du cou aux urgences. (Figure 12)
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