Place des TICE dans les programmes
L’intégration de la pratique numérique aux enseignements est obligatoire, par le biais des programmes depuis 1985. Cependant cette volonté d’intégration de l’informatique au sein des pratiques de classe est très largement présente dans les programmes de 2008. Cela concerne tous les cycles. On peut par exemple lire dès le cycle 1 :
« Les enfants découvrent les objets techniques usuels (lampe de poche, téléphone, ordinateur …) et comprennent leur usage et leur fonctionnement, à quoi ils servent, comment on les utilise. Ils prennent conscience du caractère dangereux de certains objets. »
Pour les cycles 2 et 3, la pratique des TICE doit également être incluse aux autres disciplines. Par exemple, en vocabulaire, l’étude du dictionnaire ne doit pas seulement se faire avec un dictionnaire papier mais l’utilisation du dictionnaire électronique doit aussi faire partie des apprentissages. Au cycle 3, la rubrique «Techniques usuelles de l’information et de la communication» implique explicitement l’usage du numérique : « Les élèves apprennent à maîtriser les fonctions de base d’un ordinateur : fonction des différents éléments ; utilisation de la souris, du clavier. Ils sont entraînés à utiliser un traitement de texte, à écrire un document numérique ; à envoyer et recevoir des messages. Ils effectuent une recherche en ligne, identifient et trient des informations. Les technologies de l’information et de la communication sont utilisées dans la plupart des situations d’enseignement ».
Il n’y a pas un horaire dédié pour la pratique des TICE. C’est une approche transversale, au service des disciplines, ce qui d’ailleurs pose des difficultés aux enseignants car ils doivent penser autrement la construction des apprentissages.
2000 à 2016 : Sommes-nous à l’école du numérique ?
Le début des années 2000 marque la volonté de remobiliser les enseignants des écoles sur le numérique en en faisant une priorité. En juin 2000, Jack Lang alors ministre de l’éducation nationale, annonce lors d’une conférence de presse des mesures pour former des enfants « mieux armés pour affronter le futur ».
Parmi elles figure la volonté de reconnaitre et de développer les TICE. Cela passe par quatre points: la création du brevet Internet et informatique (B2i) pour les écoles et les collèges, la connexion de toutes les écoles à Internet, la création d’un label de qualité pour les logiciels pédagogiques (sous l’étiquette RIP : Reconnus d’Intérêt Pédagogique (déposé à l’INPI)) et enfin la désignation de 2000 écoles pilotes pour former les enseignants aux nouvelles technologies. En 2009, une nouvelle impulsion est donnée par l’Etat avec le plan ENR (école numérique rurale). Du matériel informatique est acheté par un cofinancement état-mairies et installé dans les écoles situées dans des communes de moins de 2000 habitants (un tableau numérique interactif (TNI) et des ordinateurs portables pour 5000 écoles). L’éducation nationale à l’obligation de former les enseignants à ces nouveaux matériels et à leurs usages. Le but de cette nouvelle action est de faire accéder les écoles les moins favorisées à du matériel de dernière technologie et les faire devenir des modèles de façon à encourager les écoles ayant plus de moyens de suivre le mouvement. En 2011, un rapport de l’IGEN (Inspection générale de l’éducation nationale) et de l’IGAENR (Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche) montre un bilan positif de cette action. Les écoles se sont bien équipées. Malgré tout l’utilisation pédagogique n’est pas optimale dans toutes les écoles.
Pour renforcer le plan ENR, en septembre 2011, le plan DUNE (Plan de développement des usages du numérique à l’école) est mis en place. Ce nouveau plan avait pour objectifs de «faciliter l’accès à des ressources numériques de qualité ; former et accompagner les enseignants pour l’usage du numérique afin de favoriser l’évolution des pratiques pédagogiques ; généraliser les services numériques et les environnements numériques de travail (ENT) ; relancer le partenariat avec les collectivités territoriales ; former les élèves à un usage «responsable» et «citoyen» des technologies de l’information et de communication». Cependant, un rapport de juillet 2012 montre que ce plan est très largement en deçà des attentes, particulièrement sur la mise à disposition de ressources, la généralisation des ENT et la formation du personnel enseignant.
Une des dix-neuf compétences du référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation
Dans ce référentiel métier publié en mars 2015, le numérique concerne la compétence 9 : «Intégrer les éléments de la culture numérique nécessaire à l’exercice de son métier».
Ainsi, tout professeur doit être capable de : «- Tirer le meilleur parti des outils, des ressources et des usages numériques, en particulier pour permettre l’individualisation des apprentissages et développer les apprentissages collaboratifs.
Aider les élèves à s’approprier les outils et les usages numériques de manière critique et créative. Participer à l’éducation des élèves à un usage responsable d’Internet. Utiliser efficacement les technologies pour échanger et se former. »
Le fait de faire figurer cette compétence dans le référentiel montre l’importance de cette dernière. Ainsi, au travers de ces premiers éléments, on comprend l’importance des TICE au sein de l’école. Cette importance est soulignée par le fort engagement du gouvernement dans la mise en place de nombreux plans et actions. Le numérique fait entièrement partie des compétences du professeur des écoles. Celui-ci doit l’utiliser dans toutes les disciplines afin de transmettre aux élèves les savoirs nécessaires à leur formation de citoyen.
Malgré cette volonté de placer le numérique au cœur de l’école, en 2015, une enquête PISA (Program for International Student Assessment) conduite par l’OECD (Organisation for Economic Co-operation and Development) montre que la France pourrait avoir de meilleurs résultats comparativement aux autres pays.
On peut par exemple noter que les élèves français sont dans le bas du classement concernant l’utilisation d’Internet à l’école.
Nous pouvons trouver des éléments d’analyse dans l’enquête PROFECTIC menée en 2015 auprès de 5000 professeurs des écoles et qui a pour but de répertorier les pratiques des enseignants pour l’utilisation du numérique. Elle montre que même si 90% des enseignants sont conscients des bénéfices pédagogiques du numérique, seulement 30% l’utilisent pour personnaliser l’apprentissage. Le numérique est principalement présent pour l’étude de la langue, la lecture et le calcul. Les raisons qui ne permettent pas l’utilisation quotidienne du numérique sont l’équipement insuffisant avec souvent un débit limité et la taille des groupes d’élèves.
Les apports pédagogiques et didactiques du numérique
La motivation : Bien souvent, l’utilisation du numérique est associée à une motivation plus grande, rendant l’activité bien plus attractive. Dans une étude, Suzanne Harvey (2003) donne des clefs pour motiver sa classe. Elle indique que l’utilisation des TICE (notamment en organisant la classe en ateliers) permet de motiver les élèves et participe à leur créativité. Selon elle, l’autonomie générée par l’utilisation des outils numériques permet aux élèves d’être réellement actifs. De plus, «l’intelligence» des élèves serait développée plus rapidement. Dans leur livre, Franck Amadieu et d’André Tricot (2014), spécialistes en psychologie cognitive, analysent les croyances autour de l’apprentissage avec le numérique : les « mythes » et les « réalités ». Ils s’intéressent ainsi à onze idées qui seraient améliorées par le numérique d’après les esprits communs. Ainsi, ils nuancent l’effet du numérique sur les apprentissages actifs. En effet, ce n’est pas parce que l’activité est interactive que l’apprentissage devient actif et efficace. A rendre un apprentissage trop interactif, il y a le risque de réduire l’intégration des connaissances en conséquence de leur acquisition plus rapide. Néanmoins, l’utilisation de vidéos et d’animations sont bénéfiques pour la représentation de phénomènes complexes difficilement représentables par de simples images fixes. Elles sont probablement plus utiles pour faire acquérir des savoir-faire que des savoirs. Mais elles exigent beaucoup d’attention et de mémoire pour les élèves car comportent un grand nombre de détails. Pour ces deux auteurs, le numérique est également très rapidement associé à la notion de motivation. Or, d’après eux, l’apprentissage par le numérique ne motive pas plus. C’est la manipulation plus facile d’outils innovants qui peut apporter du plaisir lors de leur utilisation. Cependant, ils attirent l’attention sur le fait que ce n’est pas parce que les enfants qui sont actuellement en classe sont nés dans l’ère du numérique et utilisent l’ordinateur à la maison, qu’ils savent l’utiliser en classe. L’utilisation scolaire est bien différente de l’utilisation domestique et cela doit être prise en compte lors pour la conception des séquences faisant intervenir le numérique.
L’orthographe dans les textes officiels
L’orthographe dans les programmes du cycle 3 de 2008 : Les programmes précisent que l’orthographe doit être au cœur des préoccupations de l’enseignant. « La pratique régulière de la copie, de la dictée sous toutes ses formes et de la rédaction ainsi que des exercices diversifiés assurent la fixation des connaissances acquises ». Les élèves doivent être entrainés à travailler l’orthographe grammaticale (formes conjuguées, accords, homophones, particularité de certains pluriels) et l’orthographe lexicale (respect des règles d’orthographe, écriture des mots fréquents). Le socle commun de connaissances et de compétences : L’atteinte du palier 2 (fin CM2) doit attester des compétences suivantes : «Utiliser ses connaissances pour réfléchir sur un texte (mieux le comprendre, ou mieux l’écrire). Orthographier correctement un texte simple de dix lignes – lors de sa rédaction ou de sa dictée – en se référant aux règles connues d’orthographe et de grammaire ainsi qu’à la connaissance du vocabulaire. Maitriser l’orthographe grammaticale. Maitriser l’orthographe lexicale. Savoir utiliser un dictionnaire.»
Le ministère de l’éducation nationale préconise un enseignement explicite et progressif de l’orthographe pour bien ancrer les savoirs. Il précise également que cet apprentissage suppose de porter une attention particulière à la production écrite pour prendre conscience des régularités de l’orthographe en situation concrète. Néanmoins aucun moyen de parvenir à ses objectifs n’est avancé. Même s’il n’est pas mis en avant, le numérique peut évidemment faire partie des outils employés puisqu’il peut permettre de travailler dans les deux axes cités précédemment. On peut juste rappeler ici que les instructions officielles précisent que les TICE doivent être intégrés au sein des autres disciplines.
Table des matières
Introduction
1. Place des TICE dans l’enseignement
1.1 L’introduction des TICE (Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement) dans l’enseignement
1.1.1 Le début de l’utilisation de l’ordinateur
1.1.2 De 1970 à 1986 : le lancement de l’« informatique pour tous »
1.1.3 De 1986 à 2000 : Naissance des TICE
1.1.4 2000 à 2016 : Sommes-nous à l’école du numérique ?
1.2 Les TICE et les instructions officielles
1.2.1 Place des TICE dans les programmes
1.2.2 Le socle commun de connaissances et de compétences et le B2i
1.2.3 Une des dix-neuf compétences du référentiel des compétences professionnelles des métiers du professorat et de l’éducation
2. TICE et apprentissage : quels apports pédagogiques et didactiques ? Quelles pratiques possibles ?
2.1 Les apports pédagogiques et didactiques du numérique
2.1.1 La motivation
2.1.2 Le travail par et avec le jeu
2.1.3 Autonomie et pédagogie différenciée
2.1.4 Le statut des savoirs, des enseignants et des élèves
2.1.5 L’avis des enseignants
2.2 Quelques outils possibles du numérique et leurs impacts
2.2.1 Le tableau blanc numérique (TBI)
2.2.2 Les lecteurs MP3
2.2.3 Les logiciels d’apprentissage
3. Impact du numérique sur l’apprentissage de l’orthographe au cycle 3
3.1 Problématique et méthodologie
3.2 L’orthographe dans les textes officiels
3.2.1 L’orthographe dans les programmes du cycle 3 de 2008
3.2.2 Le socle commun de connaissances et de compétences
3.3 La démarche en trois phases
3.3.1 La dictée négociée avec le TBI
3.3.2 Une différenciation avec les lecteurs MP3
3.3.3 Une remédiation avec un logiciel
Conclusion
Bibliographie
Annexes
Annexe 1 : Tableau des résultats des élèves pour les dictées réalisées avec le lecteur MP3
Annexe 2 : Réponses des élèves au questionnaire sur l’utilisation des lecteurs MP3
Annexe 3 : Exemple de codage de dictée dans le logiciel Pour progresser en orthographe
Annexe 4 : Répartition des dictées suivant la difficulté (une étoile à 3 étoiles : le plus difficile) et le niveau d’autonomie (1 à 5 : le moins d’aides)
Annexe 5 : Enregistrement du temps des différentes étapes des dictées pour chaque élève
Annexe 6 : Réponses des élèves au questionnaire sur le logiciel
Annexe 7 : Synthèse des réponses des élèves au questionnaire
Annexe 8 : Retranscription de deux entretiens avec deux élèves
Annexe 9 : Résultats des évaluations des dictées flash avant et après la remédiation