Place dans les sciences de l’information et de la communication

Place dans les sciences de l’information et de la communication

Ce travail de recherche appartient clairement aux sciences de l’information et de la communication dans son essence même selon la définition d’Yves Jeanneret : « Dès leur naissance les SIC sont conçues pour produire un enseignement ( la recherche sera reconnue plus tard) mais aussi pour former à des métiers. Dès leur création, elles sont liées à des professions, à des secteurs d’activité, à des champs de pratiques (…) En fin de compte que fait le chercheur en SIC ? Le plus souvent, il cherche à théoriser des pratiques, tout en pratiquant la recherche théorique. Il réalise donc un double mouvement, des pratiques de l’autre vers la théorie qu’il construit, et de la théorie vers sa propre activité pratique » (Jeanneret, 2004) Cette recherche nourrit plusieurs des champs d’études de cette discipline, à savoir : l’étude des processus, des productions et des usages de l’information et de la communication. L’image, en tant qu’information possède son propre cycle depuis sa conception jusqu’à sa réception. Nous avons repris le schéma du cycle de l’information proposé par Yves-François Le Coadic que nous avons choisi d’appliquer et d’approfondir pour étudier le concept de l’image photographique. Nous nous sommes demandée comment l’image se construit, se communique et quels usages en sont faits par les élèves et les enseignants. Nous avons trouvé intéressant de réfléchir à la théorie de l’information traditionnelle, comme l’avait fait avant nous Abraham Moles6 , et d’adapter le schéma et de le décliner en imaginant tous les émetteurs et récepteurs 6 Moles Abraham A. (1980). L’image : communication fonctionnelle. Casterman, 1980. p.21 et p.36 Explorations épistémologiques « $! possibles d’une image photographique dans l’univers scolaire. Certes ce schéma est simpliste mais il permet de fixer les idées au départ. Notre objectif est dans un deuxième temps d’analyser les processus de médiation et de médiatisation de l’image lorsqu’elle est vue ou créé par l’élève. Nous avons obtenu ce premier schéma qui nous a interrogé.

L’image, un objet langagier, une langue ou un langage

On attribue à Confucius l’adage qui dit de l’image qu’elle « vaut mille mots ». Celui-ci nous a questionné, à savoir dans quelle mesure l’image peutelle remplacer les mots et devenir un langage à part entière ? Nous avons creusé cette question en nous demandant si l’image était un langage9 puis si les élèves maîtrisaient ce langage. Il nous est apparu nécessaire d’éduquer à l’image au même titre que l’on apprend à lire et à compter. Nous avons sondé ce qu’était une image aujourd’hui : un objet langagier, une langue ou un langage. L’image est un objet de communication, mais avec les nouvelles technologies, sa circulation s’est accélérée et nous pouvons remarquer que les images soutiennent les relations sociales. Rien de bien nouveau dans cette observation puisque Daniel Peraya, Docteur en communication, nous rappelle que c’est ce qu’écrivait déjà Bakhtine à propos de la communication : « Les théories de la communication nous apprennent que communiquer, c’est transmettre un contenu, mais aussi instaurer une relation sociale » (Peraya, 1998). L’image est à la fois communicationnelle, elle établit une communication, est communicante, elle donne une information à quelqu’un (Gunthert, 2014). Et si elle permettait à un élève d’apprendre ? Dès la fin du XIXème siècle, les images sont utilisées à l’école primaire. Mais ne peut-on pas imaginer aller plus loin encore et utiliser l’image comme vecteur de connaissances au collège et au lycée ? E Jacquinot Geneviève. Image et langage, ou comment ne pas parler avec des images. Langue française n°24, 1974, pp.75-92. #9! Nous pourrions renouer avec notre histoire, « la part de l’image éducatrice est une permanence du passé » (Hébuterne-Poinssac, 2000). Au Moyen Age, les images servaient à instruire, « le texte le plus cité est la lettre du pape Grégoire le Grand à l’évêque Sérénius de Marseille en 600… il définit les fonctions positives assignées aux peintures : la fonction instructive, « la peinture est aux illettrés…ce que l’écriture est aux clercs, seuls capables de lire. » (HébuternePoinssac, 2000). Au cours des siècles suivants, l’image devient omniprésente. Les techniques se perfectionnant, les fonctions de l’image se multiplient dans la vie quotidienne. La fonction didactique est renforcée avec l’invention de la photographie. Dès 1840, François Arago prononce à la Chambre des députés un discours où il préconise l’emploi de la photographie et son utilisation dans l’enseignement. Aujourd’hui cette recommandation semble peu suivie. Pourtant « la théorie de l’image didactique est préparatoire à une éducation visuelle qu’il faudra bien prendre en charge, pour laquelle fourmillent déjà les ébauches de théories, signe qu’aucune d’elle n’est tout à fait au point. » (Moles, 1980). Aujourd’hui, nous transmettons nos émotions par l’image, par des émoticons, courtes figurations symboliques de nos émotions, nous nous mettons en image, en envoyant des selfies, autoportraits photographiques, ou des clichés des lieux où nous sommes. On pourrait reprendre la phrase d’Abraham Moles et l’appliquer à la situation nouvelle « c’est l’émergence d’une technologie nouvelle, de nouvelles possibilités et de nouveaux problèmes qui a contraint le philosophe, le psychologue, le sociologue, à réfléchir aux lois générales soustendant un grand nombre de faits particuliers, à mesure qu’ils s’inséraient dans la vie de tous les jours. » (Moles, 1980). Selon nous, il est donc temps de se réintéresser à l’image. Chacun de nous utilise l’image comme une langue, pour entrer en communication avec l’autre. Si l’on retient comme définition du langage celle du dictionnaire Larousse : « capacité, observée chez tous les hommes, d’exprimer leur pensée et de communiquer par un moyen de signes vocaux et éventuellement graphiques. Tout système structuré de signes non verbaux remplissant une fonction de communication » alors, les images sont un langage, l’image une langue. Ainsi parle-t-on déjà du langage par signes, du langage des fleurs, il existe aussi un langage des images, un langage universel #2! (Joly, 2011) qu’il va falloir définir dans nos travaux. Le linguiste Roman Jakobson prêtait au langage six fonctions : la fonction référentielle, la fonction émotive, la fonction phatique, la fonction poétique, la fonction conative, et la fonction métalinguistique. Gilles Willett, professeur au Département d’Information et de Communication de l’Université Laval à Québec reprendra ce modèle pour préciser « c’est à partir d’une réflexion sur le message qu’il (Jakobson) sera amené à formuler un modèle … six facteurs sont parties intégrantes de la communication verbale. A chacun de ses facteurs correspond une fonction particulière… Les fonctions du langage se définissent à partir des différentes interrelations entre le message proprement dit et chacun des facteurs nécessairement présents. » (Willett, 1992) 10 . Nous notons que la fonction référentielle définit les relations entre le message et l’objet (contexte) auquel il renvoie, la fonction émotive développe les relations entre le message et le destinateur, la fonction conative définit la relation entre le message et le destinataire, la fonction esthétique définit les relations entre le message et luimême, la fonction phatique éclaire les relations entre le message et le médium, enfin, la fonction métalinguistique définit les relations entre le message et le code (Chante, 2010). Roman Jakobson s’est intéressé au message verbal, mais plusieurs auteurs l’ont appliqué au visuel dont Bernard Cocula et Claude Peyroutet qui écrivent dans leur ouvrage : « les notions ont été mises en évidence par Jakobson. Nous les avons développées dans notre ouvrage de Didactique de l’expression de la théorie à la pratique.» (Cocula, Peyroutet, 1982). C’est également le cas chez Pierre Fresnault Deruelle dans son ouvrage l’image manipulée, écrit en 1983. Il est vrai qu’une image possède a minima ces fonctions-là. Nous pouvons essayer de les répertorier pour une image photographique.

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