Pistes pour l’amélioration des modèles d’acceptabilité
La caractérisation des modèles d’évaluation existants grâce à la méthode QQOQC confirme l’insuffisance des modèles d’évaluation de l’acceptabilité. L’évaluation est majoritairement appliquée au produit fini. Sur cette base et en tenant compte des résultats d’autres recherches, nous proposons quelques éléments de réflexion pour améliorer ces modèles.
Les aspects proposés visent une meilleure adaptation des modèles d’évaluation de l’acceptabilité aux nouveaux processus de conception (centrée sur l’utilisateur, collaborative et itérative). Les points proposés ici devraient être étudiés et approfondis dans les recherches futures, afin de les intégrer dans les activités d’évaluation de l’acceptabilité.
L’innovation ne se limite pas au développement de technologies. D’autres types d’innovations comme les services, les systèmes produits-services, les pratiques, les nouvelles méthodes, l’aménagement des espaces de travail et les nouvelles organisations (processus, structure, planning, responsabilités…) pourraient être davantage évalués.
L’identification des facteurs liés à d’autres types d’innovations et l’évaluation de leurs relations devraient faire l’objet de futures recherches. Les actuels processus de conception des innovations sont collaboratifs. Ils impliquent de multiples parties prenantes dans les différentes phases.
Il est convenu que l’intégration de ces derniers dans la phase de conception augmente la probabilité d’acceptation future. Un modèle d’évaluation de l’acceptabilité devrait intégrer les opinions de divers types et profils de parties prenantes. Cela favoriserait leur échange de points de vue et leur discussion.
État de l’art sur les modèles d’évaluation de l’acceptabilité
L’évaluation de l’acceptabilité d’une solution innovante avec plusieurs parties prenantes peut entraîner des désaccords et paradoxes. L’identification et la gestion de ces problèmes pourraient contribuer à l’amélioration de l’acceptabilité de la solution innovante. Les contextes réels sont pertinents pour l’évaluation des solutions innovantes.
Cependant, au cours des processus de conception collaborative, il n’est pas toujours possible d’évaluer le produit à différents stades de développement et dans différents contextes d’utilisation. En réponse à ces difficultés, différentes démarches d’innovation, par exemple l’approche Living lab (Hossain, Leminen, and Westerlund 2019; Skiba 2014) ont été développées, en permettant l’implication des usagers et des multiples parties prenantes dans la conception d’une solution.
L’approche Living lab utilise des espaces d’évaluation neutre, où des conditions réelles d’usage peuvent être simulées physiquement (maquettes, prototypes) ou virtuellement (réalité virtuelle, réalité augmentée) dans le même espace, dans des conditions proches de la situation d’usage. L’évaluation d’une solution innovante en phase d’utilisation rend difficile son amélioration, car il est alors plus coûteux d’apporter des modifications au produit.
Il est nécessaire d’élaborer un nouveau modèle d’évaluation de l’acceptabilité qui pourra être utilisé en cours de conception. Les résultats peuvent apporter, à moindres frais, des améliorations sur le produit et augmenter sa probabilité de succès sur le marché. En plus, ils contribuent au travail de l’équipe de conception, en permettent le partage de représentations cognitives communes sur la solution en cours d’élaboration (Tricot et al. 2003).
Les processus de conception sont également itératifs, ce qui implique le développement de représentations progressives de la solution innovante concernant des objets intermédiaires de conception (concept, idée, plan, maquette, prototype) dans les différentes étapes de conception.
L’évaluation de ces représentations conduit non seulement à la concrétisation de la proposition, mais permet également une meilleure compréhension du problème et par conséquent, une meilleure définition du cahier de charge.
Les instances des modèles d’évaluation de l’acceptabilité pour un problème de conception spécifique doivent être adaptés à la constante évolution du cahier de charge correspondant et aux différentes représentations des solutions proposées.
Pour obtenir des informations d’un utilisateur, les avancées technologiques nous permettent de disposer d’outils plus avancés que les questionnaires en ligne ou papier. Ces technologies permettent également de comprendre des aspects psychologiques et physiologiques qui ne sont pas facilement exprimés par les personnes.
Il est possible d’utiliser des technologies comme les capteurs physiologiques, les systèmes d’oculométrie « eye-tracking », ou des vidéos pour analyser les réactions lors de l’usage. À l’avenir, des algorithmes de reconnaissance d’expressions faciales ou vocales, permettant d’identifier des émotions, pourraient compléter ces analyses.