PISCICOLE DES BASSINS DE RETENTION DE
BELVEDERE ET DE SEBI PONTY
Sites potentiels et niveau de réalisation
Sites potentiels Dans le cadre du Programme National des Bassins de Rétention et Lacs artificiels, les premières investigations effectuées ont permis d’identifier 5 000 sites potentiels (Figure 3). 7 Figure 3 : Sites potentiels des bassins de rétention (Source DBRLA, 2008) Le Programme National des Bassins de Rétention et des Lacs Artificiels concerne tous les villages sénégalais disposant de cuvettes ou de sites susceptibles de faire l’objet d’un ou de plusieurs aménagements hydro agricoles orientés principalement dans le domaine du stockage et de la valorisation des eaux de ruissellement.
Niveau de réalisation
Plusieurs bassins de rétention de dimension et d’utilisation différentes sont construits au niveau national et la majorité dans les zones non pour vues de cours d’eau pérennes. Ainsi, plus de 187 sites ont déjà fait l’objet d’aménagement sur un objectif premier de 3 240. En fait, l’Etat du Sénégal s’est fixé comme objectif de construire 20 bassins par communauté rurale sur un total de plus de 345 à l’état actuel du découpage administratif (Figure 4). 8 Figure 4 : Niveau de réalisation des bassins de rétention (Source DBRLA, 2008) Le nombre de bassins ou de lacs artificiels à implanter dans chaque région est défini en tenant compte des zones agro-géographiques, des critères physiques en rapport avec les prédispositions de chaque région en matière de stockage d’eau (topographie, pluviométrie, nature du sol …). En plus, le nombre de bassins de rétention construit se fonde également sur des indicateurs de pauvreté qui justifient une discrimination positive en faveur des régions les plus affectées par la pauvreté. L’exécution du programme est assurée par la direction des bassins de rétentions et des lacs artificiels(DBRLA).
Aspects socio-économiques
Le stockage des eaux de ruissellement, dans les bassins de Belvédère et de Sébi ponty, est destiné particulièrement à l’approvisionnement en eau du bétail (moutons, chèvres, vaches) et à l’agriculture. Il permet aussi de développer la pisciculture et l’aviculture. L’aménagement de périmètres irrigués a p ermis la culture d e nombreuses spéculations comme le piment, le concombre, le gombo, l’aubergine, la tomate, la carotte, le choux, le haricot etc.
PRESENTATION DES ESPECES DE POISSONS
TREWAVAS (1983) proposa une distinction générique, qui classe les Tilapias en trois genres: les Tilapia, les Oreochromis et les Sarotherodon. Les deux derniers genres sont retrouvés dans les sites de l’étude. La différence entre les Sarotherodon et les Oreochromis qui sont tous des incubateurs buccaux réside en ce q ue les premiers sont des incubateurs buccaux paternels stricts ou bi parentaux et les seconds des incubateurs buccaux maternels stricts.
Oreochromis niloticus
Caractéristiques taxonomiques et morphologiques Figure 5 : Oreochromis niloticus (bassin de Sébi Ponty, juin 2009) Oreochromis niloticus appartient à l’ordre des Perciformes, au sous-ordre des Percoïdei, et à la famille des Cichlidae. 10 Oreochromis niloticus est facilement reconnaissable grâce aux rayures verticales blanches et noires de la nageoire caudale. La nageoire dorsale formée d’une seule pièce comprend une partie épineuse présentant 17 ou 1 8 épines et une partie molle comptant 12 à 14 rayons souples. La ligne latérale supérieure comprend 21 à 24 écailles, la ligne latérale inférieure 14 à 18. Les branchiospines sont au nombre de 21 à 26 en bas et 5 à 7 en haut. La teinte générale est grisâtre et relativement foncée chez l’adulte. Le dos est vert olive tandis que les flancs, plus pâles, présentent 6 à 9 bandes transversales peu apparentes. Le ventre et la lèvre inférieure sont blanchâtres. Les nageoires dorsales et anales sont grisâtres, avec parfois une lisière rouge très mince, la partie molle étant rayée verticalement (ou ayant entre les rayons des tâches claires alignés donnant un aspect rayé). Les nageoires pelviennes sont grises alors que les pectorales sont transparentes. La tâche « tilapienne » ne se distingue plus chez les adultes, mais les alevins en possèdent une assez apparente; ils ont en outre les bandes transversales mieux marquées dans la partie supérieure du pédoncule caudal. Les mâles matures ont la gorge, le ventre et les nageoires impaires teintées de noir. O. niloticus présente un dimorphisme sexuel au niveau de la papille génitale et de la croissance : chez les mâles, la papille génitale est allongée alors que chez les femelles, elle est fort courte et présente à son milieu une fente transversale (oviducte) située entre l’anus et l’orifice urétral. Cette caractéristique permet de distinguer aisément les mâles et les femelles lorsqu’ils atteignent un poids de 25-30 g et une taille de 10-12 cm. 1.2.1.2 Régime alimentaire Dans le milieu naturel 0. niloticus est essentiellement phytoplanctonophage et consomme de multiples espèces de Chlorophycéees, Cyanophycées, Euglonophycées, etc. (MORIARTY, 1973); ce qui ne l’empêche pas également d’absorber du zooplancton et même des sédiments riches en bactéries et Diatomées. Mais en milieu artificiel (systèmes de production), cette espèce est pratiquement omnivore (euryphage) valorisant divers déchets agricoles, tirant parti des excréments de porc ou de volailles, de déchets ménagers, acceptant facilement des aliments composés sous forme de granulés, etc. Cette capacité d’adaptation à d ivers aliments est à la base de sa haute potentialité pour la pisciculture (KESTM0NT et al.,1989).
Tolérance aux facteurs écologiques
O. niloticus est une espèce relativement euryèce et eurytope adaptée à de larges variations des facteurs écologiques du milieu aquatique et colonisant des milieux extrêmement variés : espèce thermophile, se rencontre en milieu naturel entre 13.5 et 33°C mais l’intervalle de tolérance thermique observé en laboratoire est plus large: 7 à 41°C pendant plusieurs heures (BALARIN et HATTON, 1979). Quant à la température optimale de reproduction elle se situe entre 26 et 28°C, le minimum requis étant 22°C. L’euryhalinité de O. niloticus est également bien connue car, on le rencontre dans des eaux de salinité comprise entre 0.015 et 30 ‰. Toutefois au-delà de plus ou moins 20 ‰ l’espèce subit un s tress important qui la rend sensible à u ne série de maladies, réduisant sa c ompétitivité par rapport à d ‘autres espèces (S.melanotheron). De plus, la reproduction serait inhibée en eau saumâtre à partir de 15 à 18 ‰. De même, la tolérance aux variations de pH est très grande puisque l’espèce se rencontre dans des eaux présentant des valeurs de pH de 5 à 11. Au point de vue concentration en oxygène dissous, cette espèce tolère à la fois de nets déficits et des sursaturations importantes. Ainsi jusqu’à 3 pp m d’oxygène dissous O. niloticus ne présente pas de difficulté métabolique particulière mais en-deçà de cette valeur, un stress respiratoire se manifeste bien que la mortalité ne survienne qu’après 6 h d’exposition à des teneurs de 3.0 ppm.
Sarotherodon melanotheron
Caractéristiques taxonomiques et morphologiques Figure 6 : Sarotherodon melanotheron (bassin de Sébi Ponty, juin 2009) 12 Sarotherodon, le tilapia Menton, est un pâle Cichlidé (lumière bleue variable, orange, jaune d’or) dont le nom commun se r éfère à l a pigmentation foncée généralement (mais pas toujours) concentrée sur la face inférieure de la tête (le menton) chez les animaux adultes. Cette pigmentation mélanique est généralement présente sur le bord postérieur de la branchie (le cleithrum) et sur le bout des rayons mous dorsaux. Des bandes irrégulières ou des taches sur le corps sont aussi typiques. La bouche est remplie jusqu’à plusieurs centaines de dents très petites disposées en 3-6 lignes (Trewevas, 1983).
Régime alimentaire
La présence de S. melanotheron dans le milieu naturel est liée à celle de dépôts sédimentaires dont il se nourrit essentiellement. Il est omnivore-détritivore avec une tendance carnivore chez les alevins (zooplancton) et herbivore chez l’adulte (macrophytes, necton, phytoplancton, bactéries du sédiment). Une des qualités essentielles de ce tilapia est liée à so n régime alimentaire détritivore : il nettoie son propre milieu d’élevage en consommant le fouling, et ses fèces peuvent être recyclées en les faisant consommer par des congénères (qui ne reçoivent pas de granulés) placés dans des volumes séparés (coprophagie). Cette caractéristique est mise en valeur dans le Système Aquacole à Recyclage Intégral (SARI) expérimenté sur le centre IRD de Mbour au Sénégal.
Tolérance aux facteurs écologiques
Sarotherodon melanotheron est eurytherme (17 à plus de 32° C ) ; à une température supérieure à 23°C il se reproduit en permanence à une fréquence de 15 jours. Il est euryhaline [90 g.l-1 dans l’estuaire de la Casamance (Albaret, 1987) ; plus de 130 g.l-1 dans l’estuaire du Saloum (Panfili et al., 2005)]. Elle présente également une forte tolérance aux faibles taux d’oxygène dissous (Philippart & Ruwet, 1982) et à la turbidité (Mélard, 1999).
Introduction |