Pilotage d’une production sous contraintes d’indisponibilité
Place de la gestion de production dans les systèmes de production sous les différentes contraintes
La gestion de production a toujours en vue la satisfaction de la demande de produits réalisés par une entreprise manufacturière (industries agro-alimentaires, …) en incorporant dans la démarche de nombreuses contraintes : · Les processus de fabrication ; · Les coûts; Chapitre I: Gestion et typologie des systèmes de production Pilotage d’une production sous contraintes d’indisponibilité 20 · La qualité des produits; · Les délais; · La demande des clients; · Le personnel nécessaire; · L’infrastructure; · L’approvisionnement en matières premières.
Les contraintes commerciales
Les contraintes commerciales sont, par exemple liées au plafonnement des ventes. Un seuil ou niveau de production ne doit pas être dépassé 2. Les contraintes de production minimale. La contrainte de production minimale assure la présence de l’entreprise sur le marché et répond à un souci de diversification. 3. Le respect des proportions entre les produits. C’est le cas pour des produits d’appel à faible marge, associés à des produits à forte marge. 4. L’existence de facteurs rares. Il peut exister des contraintes de production relatives aux moyens mis en œuvre (facteurs rares): – Approvisionnements limites en matières premières; – Nombre limite d’heures disponibles; – Limitation du temps de fonctionnement des machines; 5. Les contraintes économiques. Il peut s’agir de contraintes: – De maximisation du chiffre d’affaires, – De maximisation des marges et des résultats bénéficiaires, – De minimisation d’un coût. En relation avec les diverses fonctions de l’entreprise, la gestion de production se trouve fréquemment confrontée à des objectifs contradictoires. Examinons, par exemple, les contraintes liées à l’interface fonction commerciale-fonction de production. Chapitre I: Gestion et typologie des systèmes de production Pilotage d’une production sous contraintes d’indisponibilité 21 Contraintes au niveau du temps • service commercial: les délais doivent être les plus courts possibles ; • service fabrication : il faut du temps pour fabriquer des produits fortement différenciés, il faut du temps pour fabriquer des produits de qualité. Contraintes de qualité • service commercial: un produit est plus facile à vendre s’il est de bonne qualité ; • service fabrication: un produit de qualité est plus difficile à obtenir. Contraintes de prix • service commercial : un produit est plus facile à vendre si son prix est faible ; • service fabrication : les contraintes de coût sont toujours difficiles à tenir. Pour cette raison Coutrois [6] mentionne que la gestion de production est «Située au carrefour d’objectifs contradictoires, la gestion de production est une fonction transversale, c’est-à-dire qu’elle est en relation avec la plupart des autres fonctions et la majeure partie des systèmes d’information de l’entreprise. Aussi la gestion de production doit-elle être parfaitement intégrée dans le système informationnel de l’entreprise ». La figure (I-3) schématise la position de la gestion de production vis-à-vis des diverses fonctions. Fig.I-3. La gestion de production et les autres fonctions de l’entreprise [6] Management de qualité, contrôle Chapitre I: Gestion et typologie des systèmes de production Pilotage d’une production sous contraintes d’indisponibilité
Accouplement de la production et de la maintenance
La gestion de la maintenance et la gestion de la production ont été longtemps considérées comme des problèmes non liés. Cependant, il existe une relation très étroite entre la disponibilité de l’équipement, la productivité des systèmes ainsi que la qualité des produits, puisque la maintenance régulière des ressources améliore la qualité des produits, mais elle réduit le temps opérationnel des systèmes [15]. Cette problématique connue comme maintenance intégrée consiste à coordonner les actions de maintenance et les activités de production. En effet, la maintenance peut être classifiée en deux grandes familles : maintenance corrective et préventive. – La maintenance corrective consiste à réparer ou remettre en état de fonctionnement la machine lorsque celle-ci tombe en panne [16]. – La maintenance préventive est définie comme la « maintenance exécutée à des intervalles prédéterminés ou selon des critères prescrits et destinée à réduire la probabilité des défaillances ou la dégradation du fonctionnement d’un bien » [17]. Ces deux types de maintenance sont divisés à leur tour en d’autres types de maintenance indiqués sur la figure suivante: Fig.1-4. Types de maintenance [18] Chapitre I: Gestion et typologie des systèmes de production Pilotage d’une production sous contraintes d’indisponibilité 23 Dans la littérature qui aborde le problème du couplage de la production et de la maintenance, les stratégies de maintenance les plus utilisées sont la maintenance préventive de type bloc et la maintenance préventive de type âge [19]. – Dans une maintenance préventive de type bloc, une action de maintenance est faite toutes les T unités de temps, indépendamment de l’âge et de l’utilisation du système. Et lorsqu’une panne se produit, une maintenance corrective est faite. – Dans une maintenance préventive de type âge, une maintenance corrective est réalisée si la machine tombe en panne ou une maintenance préventive est réalisée après une durée d’utilisation sans défaillances. Généralement, les maintenances correctives ramènent la machine à un état de fonctionnement après une défaillance. Les actions de maintenance peuvent être parfaites (« as good as new ») si le système revient à un état aussi bon que du neuf, minimales (« as bad as old ») si les actions de maintenance remettent le système dans l’état dans lequel il était juste avant de tomber en panne [20] ou imparfaites si après l’action de maintenance le système revient à un état compris entre « as good as new » et « as bad as old »[21]. D’après [22], les maintenances imparfaites sont les plus fréquentes dans la réalité. Les pannes peuvent être dépendantes du temps ou dépendantes des opérations. Les pannes dépendantes du temps peuvent se produire à n’importe quel moment même si le système ne travaille pas [23]. Les pannes dépendantes des opérations surviennent seulement lorsque le système est en fonctionnement ou dû à son utilisation [12]. I.2.7. Niveaux de décisions Les décisions dans une entreprise peuvent être classées en trois niveaux: – Stratégique – Tactique – Opérationnel Ces trois niveaux répondent au degré de répercussion de la décision pour l’entreprise et l’horizon de temps de la décision. Ces trois niveaux vont être présentés ci-après comme suit :
Les décisions stratégiques
Dans ces décisions, Il s’agit de la formulation de la politique à long terme pour l’entreprise. A ce niveau, sont prises toutes les décisions qui visent à diriger l’organisation d’une entreprise. Elles répondent à des objectifs clairs qui sont établis afin d’atteindre la Chapitre I: Gestion et typologie des systèmes de production Pilotage d’une production sous contraintes d’indisponibilité 24 « Vision » de l’organisation. Elles définissent la relation de l’entreprise avec son environnement. Ces décisions concernent le long terme. L’horizon de planification de ces décisions est généralement supérieur à deux ans. Cependant il peut varier selon le type de production. [24]. Ce niveau de décision s’intéresse aux éléments suivants [4] : la définition du portefeuille d’activités, définition des ressources stables : aussi bien humaines (engagement, licenciement, préretraite, …) que matérielles (décisions d’investissement, de cession, de fermeture,..).
Les décisions tactiques
Ces décisions sont orientées vers les actions qu’il faut prendre pour atteindre les objectifs stratégiques. Elles traduisent les objectifs exprimés dans la » Vision » de l’entreprise en des actions concrètes. Ces décisions concernent le moyen terme, lequel peut être entre 6 et 24 mois. A ce niveau appartiennent les décisions telles que la planification de la production, la définition des règles d’approvisionnement, le dimensionnement des ressources, le pilotage de la production, la localisation des stocks, etc. [25]. Il s’agit de produire au moindre coût pour satisfaire la demande prévisible en s’inscrivant dans le cadre fixé par le plan stratégique de l’entreprise ou les à ressources matérielles et humaines sont connues.
Les décisions opérationnelles
Il s’agit des décisions de gestion quotidienne pour faire face à la demande au jour le jour, Il tient compte des décisions au plus bas niveau. L’horizon de planification de ces décisions peut être compris entre une heure à 6 mois [25]. Ces décisions sont liées aux activités quotidiennes de l’entreprise, par exemple l’affectation des tâches aux opérateurs, l’ordonnancement de tâches dans un atelier, la réduction de la consommation d’énergie, la gestion de stocks, la gestion de la main d’œuvre, la gestion des équipements …etc. Selon Boukherroub[10], jusqu’à présent, il n’existe pas une délimitation claire dans le temps entre ces niveaux de décisions. Cependant, le niveau de responsabilité ainsi que le niveau de difficulté sont clairement associés au niveau de décision (stratégique, tactique ou opérationnel). Ainsi, les décisions stratégiques impliquent un plus grand degré de responsabilité et de difficulté que les décisions au niveau tactique et à la fois les décisions tactiques sont plus difficiles et exigent une plus grande responsabilité que les décisions au niveau opérationnel.
CHAPITRE I: GESTION ET TYPOLOGIE DES SYSTEMES DE PRODUCTION |