Pikine avant la restructuration

CONTEXTE DE PIKINE DANS SAINT-LOUIS AVANT LA RESTRUCTURATION

Secteur essentiellement agricole à l’origine, Pikine n’a connu une occupation permanente qu’à partir de 1950, date de la création de 120 concessions sur le Domaine Fluvial pour l’accueil des déguerpis des lotissements de Diameguene et de Léona. Plusieurs facteurs dont la croissance démographique, l’exode rural, l’absence de nouveaux lotissements ont depuis contribué au développement de ce bidonville. La population qui y était de 3000 habitants en 19507 , regroupe de nos jours environs 35 000 habitants8 ; ceux-ci y vivaient dans des habitations enchevêtrées les unes dans les autres sans plan d’urbanisme, sans voirie.

En 1961, le décret n0 61270 du 28 Juin 1961 portant abrogation du plan directeur n0257 U de la ville de Saint-Louis érige le secteur Pikine en zone industrielle. Cette décision avait pour conséquence de figer la situation de l’occupation en frappant de servitude les quelques constructions existantes qui déjà n’étaient pas autorisées et à empêcher toute nouvelle. Une certaine carence de l’Administration de l’époque a fait que la situation de l’occupation loin de rester stationnaire a pris le développement que l’on connaît aujourd’hui. Equipements collectifs inexistants, absence totale d’ infrastructures de base, zone occupée illégalement pour l’Etat et pour la commune de Saint-Louis, habitat précaire, installations spontanées et évolution non maîtrisé de l’espace occupé, tel est le panorama qu’offre Pikine.

Mais si le centre historique de Saint-Louis vit actuellement sa léthargie, on est pourtant frappé par la vitalité du faubourg de Sor en particulier de PIKINE. De là apparaît le phénomène assez paradoxale matérialisée par le contraste saisissant entre le dépérissement de St-Louis et le dynamisme de PIKINE, quartier pourtant irrégulier et illégal et qualifié d’urbanisation sauvage et anarchique selon les textes officiels en vigueur au Sénégal. Pourtant Pikine répond à toutes ces caractéristiques :

En 1985, il abrite 13% de la population St-louisienne. Son histoire est liée à la composition du quartier qui regroupe principalement deux catégories de terrains d’histoire et de nature juridique différentes. Les habitations occupent toute la superficie du quartier dont une partie s’étale d’ailleurs sur une zone inondable et marécageuse. Contrairement aux autres quartiers de la ville, Pikine ne présentait aucune voie tracée. L’habitat très dense dans le quartier est constitué par un ensemble hétéroclite de divers types d’habitations de la région et qui vont de la paillote aux constructions en dur. 

ASPECT GENERAL DU QUARTIER

Dans ce chapitre, nous allons respectivement procéder à la présentation géophysique et historique du quartier, son contexte, son évolution spatio-temporelle ainsi que les différentes formes de constructions existantes dans le paysage urbain I. Limites et caractéristiques physiques du quartier A. Situation Porte d’entrée de la ville de Saint-Louis, Pikine est un des quartiers de Sor dont il occupe la partie la partie Sud et Sud-ouest. Il est situé sur la rive gauche du fleuve Sénégal et au Sud-est de l’Ile de Saint-Louis. Pikine est délimité à l’Ouest par le fleuve, au Nord par le quartier de Léona-Eaux-Claires, au Sud par le quartier village de Sor Diagne et à l’Est par Médina Course.

Déjà bordé à l’Ouest par le fleuve, Pikine est pratiquement divisé en deux par un marigot non dénommé qui n’est en fait qu’une des nombreuses ramifications de ce même cours d’eau. La route nationale Dakar-St-Louis constitue ses limites naturelle Nord et Est B. Site Le site de Pikine présente une surface à peu près plane, basse au niveau de la mer et du fleuve. Tout autour des vasières y sont nombreuses. Pikine s’étend sur une dune morte qu’occupent principalement deux terrains appartenant l’un au Domaine fluvial, l’autre aux héritiers de YERIM MBAGNICK. L’ensemble couvre une superficie 246 ha9 environ.

La présence du marigot poursuivant son avance en direction de la cuvette de décantation de Sor, laquelle s’emplit en période de pluies, rétrécit considérablement l’espace habitable et par delà, accentue les mauvaises conditions d’hygiène et de santé du quartier. D’une morphologie dunaire, sa partie centrale est partiellement inondée par les remontées de la crue depuis le barrage de Leybar. Pikine donne une configuration trapézoïdale dont la partie la plus réduite est localisée au Nord-est. Le quartier correspond aussi à une terrasse à vocation lagunaire où il existe des zones dépressionnaires. Il est dons caractérisé par une topographie plate dont la continuité est cependant interrompue par la présence de dunes résultant de charriage par le fleuve de sable de fine taille.