PHYSIOPATHOLOGIE DE LA PREECLAMPSIE SEVERE

PHYSIOPATHOLOGIE DE LA PREECLAMPSIE SEVERE

 La sémiologie de la prééclampsie est riche, rendant sa définition difficile et variable d’un pays à l’autre. Lors d’une conférence d’experts multidisciplinaire en France, publiée en 2009, sa définition a fait l’objet d’un consensus professionnel [7] comme suit :  L’hypertension artérielle gravidique (HTAG) est définie par une pression artérielle systolique [PAS] ≥ 140 mm Hg et/ou pression artérielle diastolique [PAD] ≥ 90 mm Hg (sans protéinurie) survenant après la 20e SA et disparaissant avant la 6 e semaine du post-partum.

  La prééclampsie (PE) associe cette HTAG à une protéinurie (>0,3 g/24 h). Elle est dite précoce si elle survient avant 32 SA.  La PE sévère correspond à une PE avec au moins un critère de sévérité parmi les suivants : – HTA sévère (PAS ≥ 160 mm Hg et/ou PAD ≥ 110 mm Hg) – Atteinte rénale (oligurie < 500 ml/24 h, ou créatininémie > 135 µmol/l, ou protéinurie > 5 g/l) – Œdème aigu pulmonaire (OAP), ou douleur en barre épigastrique persistante, ou HELLP syndrome – Troubles neurologiques rebelles (visuels, réflexes ostéo-tendineux vifs et/ou polycinétiques, céphalées), ou éclampsie – Thrombopénie < 100 G/L – Hématome rétro-placentaire (HRP), ou retentissement fœtal  L’éclampsie est une crise convulsive tonico-clonique survenant dans un contexte de pathologie hypertensive de la grossesse.

CLASSIFICATION DES HYPERTENSIONS DE LA GROSSESSE

La dernière datant de 2000 et faisant aujourd’hui autorité est celle du « National High Blood Pressure Education Program of United States » qui distingue quatre grands cadres nosologiques, représentés par le tableau I ci-après [8].

Fréquence de la prééclampsie

Les troubles hypertensifs sont fréquents dans 10 à 15% des grossesses [9]. La prévalence de la PE est variable mais globalement, elle est estimée entre 3 à 5% des grossesses dans le monde [1]. Selon le pays et/ou le continent, sa prévalence en Europe et aux USA est respectivement de 0,7% et 1,5% [10]. En Afrique noire, elle varie de 2,8 à 6,1% et en Asie, de 1,5 à 8,3% [1]. En Nouvelle Zélande, elle a un taux de 3.4% [11] et en France, de 0.5 à 7% [12]. Selon la parité de la femme, la PE survient chez 3 à 7% des primipares et 1 à 3% des multipares [12].

Selon l’appartenance ethnique, une étude faite en Angleterre à Birmingham a rapporté un taux respectif de 17,2% chez la race blanche, de 12,7% chez les noires et de 18,6% chez les indo-asiatiques [13]. Dans l’état de New York (USA), elle est évaluée à 1,7% chez les femmes caucasiennes et à 3,4% chez les femmes afro-caribéennes [14]. L’incidence des PE sévères est de 5 pour 1 000 accouchements soit 1% des gestantes aux Etats Unis [15]. En Europe, elle est plus basse de 0,5%. Cette forme sévère contribue à de forte morbidité et de mortalité maternelles et périnatales à l’échelle mondiale [2], notamment dans les pays en voie de développement.

A Madagascar, la prévalence de l’éclampsie compliquant une PE sévère est estimée à 37,1 pour 100 000 naissances avec une mortalité allant jusqu’à 32% [5]. 5 III.2. Facteurs de risque Plusieurs facteurs de risque [16] peuvent être impliqués mais ils sont tous loin d’expliquer l’ensemble des PE et ne permettent pas de prédire de façon pertinente cette maladie. Le tableau II ci-dessous nous montre ces facteurs de risque.

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