Phénomènes de Dahalo et développement rural

Phénomènes des dahalo

Depuis des siècles, le vol des zébus se présente sous diverses formes selon les us et coutumes pratiqués par les différentes sociétés malagasy. On peut les classer en trois groupes à savoir : le vol razzia, le vol de bœufs selon la dimension culturelle et le vol inter-lignager.
Au cours de la mise en place des royaumes, les raids entre groupe ou même entre villages ont eu lieu. Cela a surtout pris la forme de razzias (raoka) qui consistent à rafler les bétails des autres villages. Les raids sont accentués davantage quand ils ont été liés à la traite ou au commerce international. Le cas du royaume Sakalava qui a dominé toute la partie Ouest de l’île pendant les 17ème et 18ème siècles a été l’exemple par excellence.
Le vol de bœufs, depuis des siècles, fait partie intégrante de ce qu’on pourrait appeler « le mode de production Sakalava ». Dans le cadre des activités guerrières normales, les Sakalava entreprenaient des raids au dépend des groupes politiques qui ne reconnaissaient pas l’autorité de leur souverain .C’est ainsi que la monarchie Maroseranana put créer, diriger et contrôler à son profit l’expansion de son peuple. Le commerce extérieur permettait d’obtenir des traitants européens et islamisés les armes nécessaires à la perpétuation de la supériorité des Sakalava dans ces activités de prédation. Pour l’alimenter, il fallait des bœufs et des esclaves ; on pourrait s’en procurer massivement que par le pillage de nouveau groupe.

Développement rural

D’après François PERROUX, le développement est «l’ensemble des changements sociaux et mentaux d’une population, qui la rendent apte à accroître cumulativement et durablement son produit réel global». De plus, ces changements lui permettent de relever son niveau de vie ainsi que son bien-être. Ce processus est généralement lent et il diffère de la croissance qui est une augmentation quantitative des ressources disponibles d’une économie sur une période donnée. La mesure du développement d’un pays est multidimensionnelle et intègre divers indicateurs tels que les taux de croissance du PIB ; l’Indicateur de Développement Humain ou IDH regroupant les indices d’espérance de vie, d’éducation et de santé ; ainsi que des dimensions non quantifiables telles que des considérations culturelles. Le développement rural représente l’un des volets de la politique agricole. Il est une approche globale et coordonnée des territoires ruraux dans leurs diverses composantes : sociale, démographie, de service…
En 1987 le « Brundtland Report » de l’ONU, publié par un groupe international de politiciens, de fonctionnaires et d’experts en environnement et développement rural, a alerté le 0monde de l’urgence d’un développement économique qui pourrait être soutenu sans épuiser les ressources naturelles ou nuire à l’environnement. Ce rapport a fourni une déclaration clé sur le développement durable, le définissant comme: le développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des futures générations à subvenir à leurs propres besoins. Le rapport a mis en valeur trois composants fondamentaux au développement durable : la protection de l’environnement, la croissance économique et l’équité sociale.

Evolution spatio-temporelle du phénomène de dahalo

Les Bara utilisent les bœufs dans presque toutes les grandes étapes traversées dans la vie des hommes, de la naissance à la mort comme la circoncision, le mariage, funérailles, etc… Des zébus sont nécessaires à chaque cérémonie familiale mais le nombre varie selon la richesse des personnes concernées ou l’importance de l’événement.
Le « DAHALO » : En pays BARA, le voleur de bœufs est appelé dahalo ou malaso. Dans le Sud, on utilise le terme Malaso, dans la région Amoron’i Mania, on parle plutôt de mavo. Il faut noter tout d’abord que bien que ce soit les jeunes qui effectuent le véritable vol, les devins-guérisseurs, ou ombiasy, y jouent aussi un rôle très important. L’ombiasy utilise de talismans pour lutter contre la fatigue et pour vaincre la peur et même pour fournir un anti balle pour contrer le coup de tir d’une arme à feu.
Par ailleurs, les dahalo ou mavo ont une certaine façon de se vêtir. Il s’agit de culottes en tergal rouge et d’un Lamba (tissu) de flanelle couvrant la tête et la partie supérieure du corps, cachant le petit sac contenant les amulettes, le sifflet, les cailloux, la petite hache et le pistolet de fabrication locale ; pilotsy. Le dahalo adopte généralement comme souliers les «kiranyl» ou sandales en plastique permettant de courir sans glisser.
Le «SOKO» : Il consiste à faire sortir silencieusement les bœufs de leur parc sans que personne ne l’entende. Ce mode de vol se passe constamment au cours de la nuit pendant que les propriétaires et les villageois se trouvent dans un sommeil profond. Tous les ordres et mouvements se font, ainsi sans bruit lors de l’enlèvement du «zoloka » et jusqu’à ce que les voleurs et les bêtes volés se trouvent vraiment très loin du village. Dans cette méthode, les voleurs utilisent des gris-gris «fanafoly gasy», pour que les villageois ne puissent pas se réveiller pendant qu’ils font sortir les bœufs de leur parc.

Les différentes causes du phénomène dahalo

Le dahalo lié à une identité culturelle : «Le vol de zébu, au même titre que le retournement des morts, est depuis toujours présenté comme une spécificité de la culture malgache, une pratique curieuse et exotique qui perdure encore de nos jours». Chez les Bara, par exemple, qu’ils soient christianisé ou païens, le vol de bœufs fait partie de la tradition et les zébus sont considérés comme un médium qui relie les hommes avec leur créateur. Le vol est un acte d’éclat, une conduite honneur nécessaire pour tous les jeunes célibataires qui désirent prendre une femme. La possession du bœuf, considéré comme animal sacré, est la plus grande ambition de tout individu Bara qui a le sentiment de dignité, et considère même que tous les moyens de s’en procuré sont légitimes.
Pourtant, dans le Betsileo, là où la société n’a plus rien de pastoral, le vol de bœufs est considéré plutôt comme le reflet d’une crise de société. On peut en citer : La pauvreté de la population rurale ; Le Dahalo lié à d’autres causes comme la jalousie et la vengeance, l’effet des drogues, etc…
Les phénomènes liés à la pauvreté : Aux raisons principales qui créent l’insécurité rurale, la pauvreté tient la première place. Elle touche la majorité de la population et affecte les différentes couches sociales.
Dans une conjoncture ou la population se trouve désespérée, elle n’entrevoit aucune autre issue que voler ou s’approprier de ce qui lui permettre de survivre. Sans égards aux éventuelles conséquences, grave ou moins importantes, les délinquants se sentent forts d’une seule et unique motivation : pour assurer la survie de leur propre famille. La violence et le banditisme ont un objectif majeur d’ordre économique et consiste au sein d’une société trop pauvre.
En général, ces bandits sont issus des populations qu’ils terrorisent. Paysans ruinés ou migrants sans terre, la collaboration avec les malfaiteurs constitue un des moyens les plus rapides pour la constitution de grand troupeau et/ou pour l’accumulation d’autres richesses (bijoux, appareils électroniques…).
Le dahalo lié à la jalousie et la vengeance : Une attaque de malaso n’arrive jamais par hasard. Elle a fréquemment, pour cause principale la mésentente entre deux personnes, deux familles, etc. En d’autres termes, les actes de malaso proviennent principalement de la jalousie et de la vengeance de certaines personnes ayant des mauvaises réserves envers la victime. Dans ce cas, le vol n’est tout simplement que du désir de nuire à un adversaire, à un personnage que l’on jalouse, ou dont on a eu à se plaindre. Si tel le cas, le jaloux essaie par tous les moyens possibles de faire disparaître la fortune de celui qu’il pense être un adversaire voire l’assassiner. Il va alors contacter et commanditer des acteurs pour perpétrer une attaque à mains armées à l’encontre de sa cible ou commettre un vol du cheptel de celui-ci. Les bœufs volés sont alors en très petit nombre ; ils sont abattus et partiellement dévorés avec exaspération.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIÈRE PARTIE: L’ÉTUDE THÉORIQUE DE PHENOMENE DE DAHALO DANS
LA COMMUNE RURALE DE TSIVORY
CHAPITRE I : PRESENTATION DU TERRAIN 
1.1 : Situation géographique de la Commune rurale de Tsivory 
1.1.1: Délimitation
1.1.2: Historique
1.1.3: Le relief, hydrographie et sol
1.1.4: Le climat
1.2 : La vie sociale de la population 
1.2.1: La population
1.2.2: La migration de la population
1.2.3: Education
1.2.4: La santé de la population
1.3 : Activités économiques de la population 
1.3.1: Agriculture
1.3.2: Elevage
Source : Plan Communal de Développement de Tsivory Mai 2015
1.3.3: Artisanat
1.3.4: Les contraintes du développement de l’activité de la population
CHAPITRE II : REPERES THEORICO-CONCEPTUELS ET APPROCHES METHODOLOGIQUES
I- REPERES THEORICO-CONCEPTUELS 
1.1 : Approche théorique et conceptuelle
1.1.1: Concept et définition
1.1.2: Approche théorique
1. 2 : Problématique et formulation des hypothèses
1.3 : Détermination des objectifs spécifiques
II- METHODOLOGIE DE RECHERCHE 
2.1 : Démarche de l’étude
2.2 : Techniques
2.2.1: Techniques de documentation
2.2.3: Techniques d’échantillonnage
2.3 : Outils
CONCLUSION PARTIELLE
DEUXIÈME PARTIE : LES FRUITS DE LA RECHERCHE ET L’INTERPRETATION
DES RESULTATS D’ENQUETES
CHAPITRE III : ORIGINE SOCIO-CULTURELLE DU PHENOMENE DE DAHALO 
3.1: Historique du vol de bœuf dans le pays Bara 
3.2. Evolution spatio-temporelle du phénomène de dahalo
3.2.1. Le « DAHALO »
3.2.2. Le « SOKO »
3.2.3. Le « MALASO »
3.2.4. Le « VALIKANDRO »
3.3: La valeur du zébu pour les paysans
3.3.1: Le bœuf : un symbole de « richesse »
3.3.2: Le bœuf : un animal « sacré »
3.3.3: Le bœuf est un moyen de s’épanouir
3.4. Les différentes causes du phénomène dahalo 
3.4.1. Le dahalo lié à une identité culturelle
3.4.2. Les phénomènes liés à la pauvreté
3.4.3. Le dahalo lié à la jalousie et la vengeance
3.4.4. Les phénomènes de dahalo liés à la drogue et l’alcool
3.4.5. Défaillance dans l’application de la loi
3.4.6. Les causes politiques du phénomène: les impacts des crises politiques dans le pays
3.4.6.1. La situation de 2001-2002
3.4.6.2. La situation de 2009 – 2010
3.4.6.3. La période de transition
3.4.7. Les phénomènes liés à d’autres causes
CHAPITRE IV: LES MANIFESTATIONS DU PHENOMENE DAHALO 
4.1. Déroulement d’une opération 
4.2. Rôle de l’ombiasy
4.3. Les techniques de vols adoptées par les dahalo 
4.3.1. La préparation de l’opération
4.3.2. Les techniques de vols proprement dites
4.3.3. Attaques à main armées et décès
4.4. Les autres formes d’agressivité dans le phénomène dahalo 
4.4.1. Le cambriolage de domicile
4.4.2. Les viols
CHAPITRE V: IMPACT DU PHENOMENE DE DAHALO SUR LE DEVELOPPEMENT DE LA COMMUNE RURAL TSIVORY
5.1. Les obstacles du développement 
5.1.1. Sur le plan économique
5.1.2. Sur le plan développement local
5.1.3. Sur le plan social
5.2. La fréquence du phénomène dahalo 
5.2.1. Les zones fréquemment victimes du phénomène
5.2.2. Les impacts négatifs du dahalo sur la vie les paysans
CONCLUSION PARTIELLE 
TROISIÈME PARTIE: LES PERSPECTIVES D’AVENIR
CHAPITRE VI: SOLUTIONS ET SUGGESTIONS 
6.1. Les mesures paysannes contre le phénomène
6.1.1. Les différentes techniques d’autodéfense des paysans
6.2. Mesure intentionnelle 
6.2.1. Les différentes opérations depuis 2014
Le vol de bœufs est parmi les problèmes d’actualité les plus difficiles à résoudre à
Madagascar. Malgré la mise en place de la convention collective, les vols de bœufs et
la crise dans le monde rurale n’ont pas pu être éradiqués. Par conséquent, des mesures institutionnelles ont été adoptées
6.2.2. La première opération, de 8may 2014
6.2.3. La deuxième opération de 7 octobre 2014
7.1: Développons le monde rural 
7.2. Suggestions personnelles et apport du stage 
7.2.1. Suggestions personnelles
7.2.2. Apport de stage
CONCLUSION GENERALE 
BIBLIOGRAPHIE

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