PETROGRAPHIE DES ROCHES PLUTONIQUES TARDIVES PALEOPROTEROZOIQUES
Classification des granitoides
Les formations paléoprotérozoϊques du craton Ouest Africain sont pour la plupart d’entre elles intrudées par des granitoïdes de composition différente. Ces granitoïdes peuvent être classés en fonction de leur âge absolu et de leur position stratigraphique, de leur gisement , de leur structure , de leur genèse et de la nature de leur encaissant.
Classification d’après les âges
Doumbia et al., (1996), distinguent dans le centre de la Côte d’Ivoire des granitoïdes de première génération avec des âges compris entre 2123 et 2108 Ma et des granitoïdes de seconde génération autour de 2097 Ma. D’autres données radiométriques sont disponibles. Elles concernent les biotites de granites de type « Bondoukou » et d’un granite de type « Baoulé », et indiquent des âges voisins variant entre 2011 et 2086 Ma. Ces âges sont comparables à ceux trouvés pour les granites « éburnéens » ayant traversés le Birimien en Côte d’Ivoire. Au Sénégal les granites circonscrits sont postérieurs aux granites allongés (Théveniaut et al., 2010).
Classification d’après le type de gisement
Elle est basée sur la forme du gisement et aboutit à deux types de granitoïdes : les granitoïdes discordants (circonscrits) et les granitoïdes concordants (allongés). Les premiers, bien représentés au Sénégal oriental, sont de petite taille et ne représentent qu’une faible partie des surfaces granitisées. Les seconds, intrudant les supergroupes de Mako et de Dialé-Daléma, occupent une superficie beaucoup plus considérable. Ils sont caractérisés par une bordure intrusive, mais néanmoins concordante avec l’allure générale de la schistosité des terrains encaissants. I.3- Classification structurale des granitoïdes Les travaux de Bodin (1951) et de Arnould (1961) en Côte d’Ivoire; de Bassot (1963) et de Bessoles (1977) au Sénégal ont permis d’identifier trois types de granitoïdes : Les granitoïdes de type « Baoulé » sont des plutons allongés suivant la direction birimienne. Ils ont une structure orientée. Les granitoïdes de type « Boboti » qui, bien qu’appartenant à un type de gisement très différent, présentent des caractères tardi ou syntectoniques analogues aux granitoides de type «Baoulé». 29 Les granitoïdes discordants ou circonscrits qui correspondent au type « Bondoukou » se caractérisent par leur texture équante, leur homogénéité à l’intérieur de chaque massif et de leur contact net avec l’encaissant. Ils forment des massifs circonscrits qui recoupent à l’« emporte-pièce » les directions tectoniques des formations birimiennes.
Classification génétique des granitoïdes
Bodin (1951), en se basant sur l’origine des granites de la Côte d’Ivoire a subdivise ces granitoïdes en trois types : – les granites de type Baoulé présentant une affinité métasomatique à magmatique ; – les granites de type Boboti avec un caractère franchement magmatique ; – les granites de type Boundoukou qui pour la plupart du temps semblent avoir une origine magmatique.
Classification selon la nature de l’encaissant
Au Ghana, Hirdes et al., (1992) et Doumbia et al., (1996) distinguent en fonction de la nature de l’encaissant: – les granitoïdes de type « Winneba » affleurant à l’intérieur des sédiments du bassin du même nom. Ils ne sont rencontrés que dans la ville de Winneba ; – les granitoïdes de type « Cap Coast » qui se mettent en place dans les bassins sédimentaires où ils occupent de vastes étendus. Doumbia et al., (1996), distinguent dans le centre de la Côte d’Ivoire des granitoïdes de seconde génération qui se mettent en place dans les roches sédimentaires du bassin Bandamien à la faveur d’une tectonique transcurrente et des granitoïdes de première génération qui forment des intrusions dans les ceintures de roches vertes qui peuvent être rapprochés des granitoïdes (TTG) archéennes caractérisés par une faible contamination ; – les granitoïdes de type « Dixcove » qui sont intrusifs dans les ceintures volcaniques birimiennes où ils occupent d’importantes surfaces à l’affleurement; – les granitoïdes de type « Bongo » ou granites riches en potassium affleurant à l’intérieur de la ceinture de Bolé-Navrongo où ils recoupent les sédiments tarkwaiens. II. Les caractéristiques des granitoїdes de la boutonnière de Kédougou-Kéniéba Les données pétrographiques, chimiques et structurales permettent de distinguer différents types de granitoïdes au Sénégal Oriental. Ces granitoïdes constituent des intrusions 30 mises en place dans des formations volcaniques, volcanosédimentaires et sédimentaires. Les âges de mise en place s’étalent de 2199 ± 68 Ma à 1945 ± 48 Ma par la méthode de Rb-Sr (Bassot et Caen-Vachette, 1984). I
Les massifs concordants ou allongés
Il s’agit des massifs allongés selon la direction birimienne NNE-SSW à NE-SW. Ils sont formés par le grand batholite de Badon-Kakadian (Bassot, 1963 et Witschard, 1965) ou de la suite magmatique de Sandikounda-Soukouta (Théveniaut et al, 2010) qui regroupe tous les termes plutoniques antérieurement rattachés au batholite de « Badon-Kakadian » ainsi que les termes plus basiques (gabbros) intrusifs dans le groupe de Mako et le massif de Kéniéba pour le supergroupe de Mako. Pour le supergroupe de Dialé-Daléma (Bassot et Caen-Vachette, 1984 ; Bassot, 1966 ; Ndiaye, 1986 ; Ndiaye et al., 1997 ; Diallo et al., 1993…) on a le batholite de Saraya ou suite de Saraya et le massif ou suite de Boboti. Ces massifs ont une affinité calco-alcaline. Selon différentes méthodes de datation, ils sont datés entre 2199 ± 68 Ma (Bassot et Cæn-vachette, 1984) et 1973 ± 33 Ma (Dia, 1988) ou entre 2.171 Ma et 2060 Ma (Théveniaut et al, 2010).
La suite magmatique de Sandikounda-Soukouta (batholite de Badon-Kakadian)
Il s’agit d’un grand batholite composite formé de plusieurs massifs dont, le complexe plutonique lité de Sandikounda et le complexe plutonique de Laminia-Kaourou. Cette suite a un encaissant essentiellement constitué par des formations volcaniques. A) Le complexe plutonique lité de Sandikounda Le complexe plutonique lité de sandikounda est la première phase du plutonisme trondhjémitique du batholite de Badon-Kakadian (Dioh, 1986; Dioh et al., 1990 et Dia, 1997). Le complexe est localisé à 2 km à l’Est du village de Sonfara et s’étend au-delà de la Falémé. Il est constitué de deux ensembles pétrographiques (Dia, 1988 et Dia et al., 1997) : a) Un ensemble lité qui se distingue par des structures magmatiques de litage et de rubannement bien nette. Il comprend de wherlites plagifères, de clinopyroxénites plagifères, de gabbros à amphiboles et hypersthène, de microgabbros surmontés d’une série de gabbro dioritique. b) Un ensemble périphérique diorito-trondhjémitique. Cet ensemble se distingue du premier, par l’absence du litage et du rubannement assez caractéristiques du premier. Cependant, on note une paragenèse de base température (albite ± épidote ± chlorite ± 31 actinote ± quartz ± leucoxène) qui marque une remobilisation secondaire affectant fortement la texture initiale de ces différentes roches (Dia, 1988). L’activité magmatique tardive du complexe est représentée par des dykes de microgabbro et microdiorite avec des veines trondhjémitiques. Le complexe plutonique lité de Sandikounda a une affinité calco-alcalin à tendance trondhjémitique. Ces valeurs faibles des rapports isotopiques (143Nd/144Nd = 0,51022, εNd=3,0, 86 Sr/87 Sr=0,70129 ± 0,00008) (Dia, 1988) indiquent une origine mantellique sans ou avec une faible contamination crustale. L’âge de mise en place (Tableau 2) est de 2194 ± 2 Ma ( 206 Pb/207 Pb) ou de 2171 ± 9 Ma par méthode de U-Pb sur zircon (Goujou et al., 2010). B) Le complexe plutonique de Laminia-Kaourou (LKPC) Le complexe de Laminia-Kaourou affleure dans la partie Nord du massif de Kakadian. Les différents granitoides qui le composent ont été rattaché au type Baoulé (Witschard, 1965 et Bassot, 1966). Il renferme des enclaves homogènes, microgrenues basiques et des xénolites mélanocrates de l’encaissant (Bassot et Caen-Vachette, 1984). Le complexe est essentiellement granodioritique et composé de deux massifs : le massif de Laminia et le massif de Kaourou. Ce complexe recoupe le complexe plutonique lité de Sandicounda par l’intermédiaire du petit massif dioritique de Guéssèbové (Dia, 1988). L’élément structural principal du LKPC est une foliation de direction NNW–SSE. La foliation est bien développée dans les monzogranites de Kaourou mais absente dans la granodiorite et la tonalite de Laminia. L’emplacement du pluton est fortement influencé par les structures ayant affectées la croûte ( Guèye, 2008). Les dykes mafiques sont présents dans l’auréole du pluton de Laminia. a) Le massif de Laminia Situé au S-E de Laminia le massif présente une forme elliptique à structure concentrique. Le massif été considéré comme homogène et constitué d’un granite à biotite et amphibole ; à structure équante et à composition banale de granodiorite (Bassot, 1966 et Witchard, 1965). Dioh (1986) parle de granites à mégacristaux de feldspath potassique et de granites sans mégacristaux de feldspath. Le massif de Laminia est composite (Dia, 1988), il est formé d’une association de termes acides (granodiorites, monzogranites et adamellites) et des termes plus basiques de composition allant des cumulats gabbroïques aux tonalites. Le massif de Laminia a donné des âges de 2133 ± 60 Ma (par méthode Rb-Sr sur roche totale ; Dia, 1988) et 2105± 8 Ma (méthode Pb/Pb ; Dia et al., 1997). 32 b) Le massif de Kaouro
PREMIERE PARTIE : INTRODUCTION GENERALE |