De nombreux auteurs, se sont appliqués à proposer une terminologie appropriée sur la réalité des phénomènes de transformations dont sont affectées les roches. La problématique est ardue dans l’établissement d’une limite franche entre le domaine de l’évolution magmatique et celui, rattaché aux stades tardi à post-magmatique. Avant de concevoir la suite du paragraphe, il est intéressant, voire incontournable, de rappeler quelques définitions.
Sederholm (1926) englobait dans la notion de « deutéritique » l’ensemble des changements strictement subis par les minéraux d’un granite et qui étaient induits par les fluides issus du magma granitique.
Plus tard, Lameyre (1966), considérait la muscovitisation, la greisenisation et la kaolinisation comme étant la finalité d’enchaînements pétrogénétiques entre des phénomènes magmatiques et des processus secondaires.
Charoy (1979) proposait une vision encore plus élargie que celle de ce dernier auteur en considérant l’ensemble des phénomènes relatifs à un hydrothermalisme au sens large, phénomènes qui s’inscrivent dans un vaste champ de pression et de température.
Enfin, Pirajno (2009), décrivait l’altération hydrothermale comme un processus complexe qui implique des transformations d’ordre minéralogique, chimique et textural résultant de l’interaction entre les fluides chauds et la roche encaissante sous des conditions physicochimiques différentes.
Typologie des altérations
L’étude des transformations des minéraux primaires des granitoïdes de la structure circulaire de Bled M’Dena par l’altération hydrothermale est susceptible de fournir de précieuses indications sur la minéralisation. Leur étude détaillée s’avère indispensable et constitue une part importante de notre travail. L’altération se présente sous deux formes distinctes en fonction du mode de formation :
a) altération pénétrative ou diffuse : elle affecte l’ensemble de la roche et se marque par le remplacement des phénocristaux primaires et de la matrice par une paragenèse secondaire ; ces transformations minéralogiques dues à l’altération pénétrative sont enregistrées dans les minéraux primaires des granitoïdes et se manifestent essentiellement dans les feldspaths, la biotite et l’amphibole.
b) altération filonienne : elle se manifeste sous forme de filonnets et veinules recoupant les différents faciès ; elles présentent un remplissage varié et développent à leurs épontes diverses altérations hydrothermales.
Altérations des feldspaths
Les feldspaths ont subi plusieurs types de transformations comme la séricitisation, l’épidotisation, la kaolinisation, la calcitisation et l’albitisation.
• Séricitisation
Ce type d’altération se traduit par le développement de petites paillettes micacées au sein des plagioclases et des feldspaths alcalins. La répartition de ces paillettes est souvent hétérogène les micas se concentrant au cœur ou dans une zone définie du feldspath. Le degré de séricitisation et sa répartition sont clairement liés à la zonation originelle du plagioclase (Planche V ; Photomicrographie 1).
• Épidotisation
L’épidotisation correspond au degré extrême de la saussuritisation des plagioclases. Elle se traduit par le développement de grains dispersés d’épidote dans les phénocristaux de plagioclase (Planche V ; Photomicrographie 2).
• Kaolinisation
Cette altération correspond à un processus d’argilisation donnant aux feldspaths alcalins un aspect trouble et nébuleux. La kaolinisation s’opère au travers d’une argilisation qui reste impossible à définir au microscope polarisant.
• Albitisation
Les plagioclases des granitoïdes dont la composition moyenne est An montrent souvent d’étroites bordures mais aussi parfois des plages réparties au voisinage des épidotes et de la calcite résultant de l’altération des feldspaths. Ces bordures et ces plages sont limpides et de composition albitique. La formation de ces plages doit être liée au processus d’épidotisation et de calcitisation utilisant le calcium du plagioclase et laissant un résidu enrichi en Na de composition albitique. En ce qui concerne, les bordures, il n’est pas possible de déterminer si leur développement résulte d’une zonation magmatique ou d’une altération post-magmatique.
• Calcitisation
Nous observons au sein des plagioclases l’apparition de petites plages irisées de calcite souvent associée à des sulfures (Planche V ; Photomicrographie 3); ce phénomène de calcification affecte également les amphiboles.
Altérations des micas
• Chloritisation
L’altération des biotites correspond pour l’essentiel à une chloritisation ; la chloritisation de ces micas est très hétérogène affectant très partiellement la biotite ou la transformant totalement. Cette hétérogénéité apparaît au sein des biotites d’une même roche. En général, la couleur de biréfringence de la chlorite est fortement influencée par le rapport Fe/Mg de celle-ci ; lorsque la chlorite est de couleur bleu pâle à bleu marin, le rapport Fe/Mg est élevé. Les teintes de violet et de brun indiquent un rapport intermédiaire et des teintes vert foncé à vert grisâtre pâle indiquent un rapport faible (Piché, 1991). Ces variations de teinte (bleuâtre à violacé) ont été observées dans les chlorites des granitoïdes de Bled M’Dena (Planche V ; Photomicrographie 4).
• Argilisation
L’altération chimique de la muscovite se fait par perte progressive d’ion K+ et il en résulte la formation de l’hydromuscovite ou illite qui a tendance à effacer les limites entre cristaux (Planche V ; Photomicrographies 5 et 6).
Altérations des amphiboles
Les amphiboles s’altèrent en épidote, calcite et chlorite.
• Épidotisation
L’épidotisation est largement développée au sein des amphiboles prismatiques (hornblende), les nombreux grains d’épidote étant alors associés à de nombreux petits grains de sulfures, à quelques cristaux de titanite (sphène) et à des gouttelettes de quartz. Dans les amphiboles aciculaires (actinote), l’épidote forme des grains arrondis ou allongés concentrés le long des clivages du cristal hôte. Ces épidotes présentent des teintes jaunes-orangées (zoïsite) différentes des teintes verts-bleuâtre (clinozoisite) usuelles (Planche V ; Photomicrographie 7).
• Chloritisation
La chloritisation est souvent associée à l’épidotisation. Les chlorites se développent préférentiellement suivant l’allongement de l’amphibole et accentuent son aspect fibreux (Planche V ; Photomicrographie 8). Le développement de chlorite s’accompagne de la formation de grains d’opaques (oxydes), se concentrant le long des clivages de l’amphibole ou formant une auréole périphérique interne. La chlorite apparaît également sous forme de grandes plages verdâtres similaires à une sorte d’enduit se superposant aux phases primaires en leur conférant un aspect carié et obscur en L.P.A (Planche VI ; Photomicrographie 9).
• Calcitisation
La calcite pseudomorphose plus intensément certaines grandes sections prismatiques d’hornblendes vertes. Elle forme des cristaux subautomorphes avec un clivage losangique grossier et une irisation typique en L.P.A (Planche VI ; Photomicrographie 10).
CHAPITRE I –INTRODUCTION |