Pertinence pour les soins infirmiers
Ces questions sont pertinentes pour les soins infirmiers car elles sont ancrées dans la discipline infirmière. En effet, elles se réfèrent aux quatre concepts du métaparadigme infirmier décrits par Fawcett (1984) : la personne, la santé, les soins et l’environnement. Il s’agit de quatre concepts fondamentaux qui fondent les théories de soins infirmiers. Nos questions de départ amènent à un questionnement qui interroge les soins infirmiers d’un point de vue théorique dans la mise en lien avec la pathologie de la schizophrénie. Cela permettra de faire par la suite un lien entre notre travail et une théorie de soins. C’est dans cette perspective que nous proposerons notre réflexion autour d’une théorie de soins spécifiques. Cela sera également pertinent pour les soins infirmiers car le questionnement étant fondé sur des principes de base des théories de soins, il sera alors possible de faire des liens dans d’autres domaines de la pratique soignante. Dans le paradigme de l’intégration, en ce qui concerne la personne, les théories infirmières affirment sa place centrale durant les soins.
C’est un être qui est non seulement biologique, psychologique, social, mais également spirituel. La personne est dotée d’une conscience et est en interaction constante avec son environnement. L’individu est placé au centre de la prise en charge, l’infirmière travaille sur tous les aspects de la personne (Pepin et al., 2010). Chez un patient souffrant de schizophrénie, il en ira de même : l’infirmière travaillera avec la personne mais également avec son entourage et ses proches afin de l’aider dans sa santé. On voit alors que la personne est au centre du travail infirmier. Dans le paradigme de l’intégration, l’environnement est un terme à prendre au sens large. Il peut être compris comme l’environnement physique, psychique, social ou spirituel. Il aura un effet et des influences directes ou indirectes sur la personne et son développement. Il pourra influencer les comportements de santé d’une personne (Pepin et al., 2010). Dans la schizophrénie par exemple, l’environnement influence énormément la personne. En effet, les patients qui souffrent de schizophrénie ont une tolérance plus faible au stress causé par ce qui les entoure. Les symptômes de la maladie tels que les hallucinations rendent les personnes fragiles, sur le qui-vive, à l’affût de tout.
Les événements comme le bruit, la présence d’une foule procurant un léger stress chez une personne « saine » n’auront donc pas les mêmes effets chez une personne souffrant de schizophrénie. Les situations empreintes de stress, sous toutes leurs formes, auront un impact considérable sur la santé de l’individu. La définition de la santé constitue, selon l’OMS, un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. Il sera donc important de ne pas uniquement considérer la maladie. Afin d’agir de façon adéquate sur la santé, il est nécessaire que la personne s’implique dans sa prise en soins. Le patient souffrant de schizophrénie devra comprendre sa pathologie, les risques, les traitements afin de mettre des stratégies en place pour préserver ou rétablir sa santé, son bien-être. Pour cela, il sera également important d’apporter du soutien à la personne car la schizophrénie est une pathologie dont le malade ne mesure pas toujours l’ampleur. L’entourage est alors très important dans la reconnaissance de certains signes de stress pouvant par exemple engendrer une rechute.
Influence sur les 4 modes de savoir selon Carper, 1978 ; Chinn et Kramer, 2008 Les infirmières vont être amenées à travailler avec ces quatre modes de savoir qui sont considérés comme la clé de la discipline. En effet, selon Carper (1978), ces quatre savoirs sont nécessaires pour comprendre la profession, l’orientation de ses valeurs, sa nature ainsi que les fondements philosophiques de la pratique. Le savoir empirique : d’après Pépin, Kérouac et Ducharme (2010), il se réfère aux connaissances issues de la recherche scientifique. Ces connaissances sont généralement organisées autour de lois et de théories qui vont permettre de prédire, d’expliquer et de comprendre certains évènements du quotidien. En soins infirmiers, le mode empirique s’exprime par la capacité des infirmières à remettre en question leurs actions de soins. Cette remise en question va être la porte d’entrée d’une démarche d’analyse qui, en s’appuyant sur une recherche précise dans la littérature scientifique va ouvoir fournir des pistes de réponses qui pourront ensuite être intégrées aux actions de soins. Ce savoir est fondamental dans la réalisation de ce dossier. En effet, nous nous questionnons sur la meilleure manière de prendre en charge les patients schizophrènes afin d’éviter qu’ils ne rechutent. Cette question est née d’une observation de la pratique. Nous allons donc essayer d’analyser la problématique en la reliant à des concepts pour chercher des éléments de réponse dans la littérature scientifique, afin d’être en mesure de les intégrer à notre pratique. Le savoir esthétique : d’après Pépin et al. (2010), il est lié à l’art des soins infirmiers. Les connaissances sont issues des différentes expériences créatives et subjectives vécues lors des soins infirmiers. Ce savoir n’a pas de fondements universels mais il est propre à chacun. Selon Chinn et Kramer (2008), l’infirmière, pour développer et appliquer son savoir esthétique, doit se questionner sur la signification de chaque situation de soins qu’elle rencontre.
Cela permettra au patient et à son entourage d’y trouver un sens à leur tour. Dans notre travail de Bachelor, le savoir esthétique pourrait s’exprimer de la façon suivante : nous nous sommes toutes les trois mises d’accord sur le sujet que nous souhaitions aborder mais en y mettant chacune une signification différente en fonction de nos expériences. Les réponses que nous allons apporter à la question seront les mêmes pour les trois, mais la manière dont nous allons les intégrer et les comprendre vont être différentes selon notre vécu et nos expériences. Le savoir personnel : il correspond à la connaissance que l’infirmière a d’elle-même, ainsi que de son rôle. Il s’agit donc de la manière dont l’infirmière se perçoit en tant que personne et comme soignante. Ce savoir favorise également les notions d’intégrité et d’intégralité. Chinn et Krammer (2008) considèrent que les contacts et relations avec autrui favorisent le développement et l’actualisation de la personne. Le savoir personnel s’exprime par la congruence, l’authenticité et l’ouverture à l’autre de l’infirmière, permettant ainsi au patient d’en faire de même. Il se développe par la pratique réflexive. Selon Carper (1978), le savoir personnel permet l’utilisation thérapeutique de soi.
Le savoir personnel peut nous permettre dans notre travail de Bachelor, d’analyser les relations soignant-soigné et de découvrir les éventuelles influences que peut avoir l’infirmière sur la prévention des rechutes ou sur la prise en charge des rechutes elles-mêmes. Le savoir éthique : selon Pépin et al. (2010), il fait référence aux jugements d’ordre moral rencontrés dans les situations de soins. Il permet à l’infirmière de se questionner sur sa pratique, sur ce qui est bien ou mal, ce qui est juste ou faux. Il concerne les valeurs et les normes qui sont importantes pour le patient et qui, dans la singularité de la situation, relève des meilleures interventions possibles. Dans notre travail de Bachelor, le savoir éthique peut nous permettre de considérer la personne comme un sujet singulier avec des valeurs et des besoins qui lui sont propres. En lien avec cela, les soins seront adaptés aux conditions de vie de la personne et à ses valeurs. Il nous permettra de questionner nos propres valeurs de soignantes et de pouvoir envisager des soins en adéquation, tout en respectant celles du patient.
Revue exploratoire
Le but de cette revue exploratoire est de mieux cibler le sujet et de s’en imprégner. En effet, passablement d’études ont été réalisées sur la schizophrénie et nous voulions savoir quels étaient actuellement les demandes et les besoins au niveau de la recherche. Comme cité précédemment, nous avons fait des recherches durant nos stages sur la schizophrénie pour développer nos connaissances sur la pathologie et en connaître les spécificités. Dans un premier temps, nous avons consulté des ouvrages à la bibliothèque, notamment le DSM-IV, pour réactualiser nos connaissances sur la schizophrénie. Ceci afin de nous permettre d’avoir une compréhension plus approfondie de cette pathologie et de prendre en considération ses différentes facettes. Nous avons ensuite consulté des ouvrages qui parlent de la réadaptation des patients accueillis en milieu psychiatrique, notamment un ouvrage de Gilles Vidon (1995), qui traite de la réhabilitation psychosociale en psychiatrie. Cet ouvrage expose le fait que la réhabilitation des personnes atteintes de schizophrénie avait nettement évolué depuis l’apparition des traitements neuroleptiques.
En effet, ceux-ci ont un effet sur les symptômes et donc également sur la réhabilitation. Puis, après avoir mis en lumière nos questions de départ, nous nous sommes questionnées sur ce qui se faisait actuellement dans les établissements de soins psychiatriques du canton de Neuchâtel, l’hôpital de jour mis à part. Afin de répondre à cette question, nous avons rencontré Madame Pauline Matthey, infirmière en psychiatrie qui travaille dans un service prenant en charge des patients souffrant de schizophrénie. Les patients sont accueillis dans ce service après une phase aiguë, c’est-à-dire après un épisode psychotique comprenant des hallucinations et des délires. Afin de pouvoir commencer la prise en charge du patient de manière optimale, la première chose à entreprendre est d’atténuer les symptômes puis de tendre vers leur disparition à l’aide de traitements antipsychotiques. Dans un second temps, une fois les hallucinations et délires disparus, l’infirmière cherche à examiner avec le patient ce qui s’est passé au cours de cet épisode afin qu’il puisse identifier les raisons qui l’ont amené à vivre cette phase aiguë et en reconnaître les signes avant-coureurs au cas où l’événement devait se reproduire.
1. Introduction |