Le méta paradigme infirmier
Fawcett (1978 ; dans Pepin, Kérouac et Ducharme, 2010) en décrit le mé-taparadigme, composé de quatre concepts, soit : la personne, le soin, la santé et l’environnement. Les liens possibles entre ces concepts et la thématique de notre travail de Bachelor « le stress professionnel », permettent de démontrer la pertinence de la question pour les soins infirmiers. L’être humain Le premier concept proposé par Fawcett (1978 ; dans Pepin et al., 2010), l’être humain, fait référence aux individus, à leur appartenance à une culture, à une famille, une communauté, etc. L’être humain est unique, il doit donc être considéré avec ses caractéristiques personnelles physiques, intellec-tuelles, émotionnelles, sociales et spirituelles. Les réactions face aux stress dépendent de ces caractéristiques qui personnalisent chaque individu. L’étude du stress relève donc d’une certaine subjectivité puisque chaque individu est différent. De ce fait, tout être humain a une réaction distincte face au stress et c’est en ce sens qu’il est intéressant de l’aborder. La population cible déter-minée pour ce travail de Bachelor est représenté par les infirmiers, qui sont donc le centre de ce travail en tant qu’êtres humains.
L’environnement
L’être humain est entouré par un environnement, deuxième concept pro-posé par Fawcett (1978 ; dans Pépin et al., 2010), à la fois interne et externe, qui influe sur son comportement et son développement. Ce concept se réfère à l’environnement physique et social dans lequel vit l’individu, mais aussi l’en-vironnement dans lequel les soins infirmiers ont lieu. Il réunit ainsi toutes les composantes environnementales de l’individu : sociale, culturelle, politique et économique. La notion de stress professionnel est fortement liée à l’environ-nement, puisque les conditions, l’organisation et l’ambiance de travail, de même que les relations au travail, qui constituent l’environnement profession-nel, influent directement sur le sentiment de stress du travailleur. De plus, l’environnement plus large de l’individu, incluant l’environnement privé, est susceptible d’affecter sa réaction face à un stress au travail. Par exemple, une personne vivant une situation difficile dans sa vie privée, peut être rendue plus vulnérable au stress professionnel. De même qu’inversement, le stress profes-sionnel peut avoir une influence sur la vie privée du travailleur.
La santé
Selon Townsend (2004), chaque individu a un état de santé qui peut être défini par un état complet de bien-être physique, psychique et mental, en ré-férence au processus de vie et de mort. Le stress est clairement relié à la santé d’un individu puisqu’il influe directement, de manière positive ou négative, sur son état émotionnel, psychique ou physique. La répétition ou l’intensité du stress au travail peuvent donc avoir des conséquences sur la santé de celui qui le subit. En situation saine, l’individu utilise des mécanismes d’adaptation pour préserver son intégrité ; toutefois, il arrive que l’individu éprouve des difficultés à conduire ce processus d’adaptation et qu’il s’adapte mal ou pas au stress auquel il est soumis : il est donc en inadaptation.
Revue exploratoire de la littérature
Comme mentionné par Monsieur Voirol, il existe une grande quantité d’ar-ticles, de livres et de recherches concernant le stress, ses différentes causes ou encore sur sa prévention. Premièrement, il nous a semblé prioritaire de définir le stress. Selon le dictionnaire Larousse (2015), le stress est « l’état réactionnel de l’organisme soumis à une agression brusque ». Par extension, le mot « stress » désigne également l’agression en elle-même. L’utilisation du mot « agression » fait ressortir la composante négative du stress. Or, nous verrons plus loin que le stress peut aussi être de nature positive. Le stress est « le résultat de toute demande imposée au corps, que l’effet soit mental ou somatique » (Boissières, 2003, p. 36). C’est donc la ré-action non spécifique de l’organisme à un stimulus de nature variable, dans le but de lutter contre la perturbation entraînée par cette stimulation et de s’y adapter. Cette définition précise que la réaction de l’organisme peut toucher aussi bien l’aspect psychologique que l’aspect physique de la personne. Con-cernant les stimuli (ou stresseurs), on en distingue aussi deux catégories, qui sont les stresseurs psychologiques (une contrainte, une anxiété, une injustice, un décès ou encore une émotion comme une peur, un coup de foudre ou une joie) et les stresseurs physiques (un baiser, une douleur, un coup, mais aussi une caresse ou une stimulation d’origine sensorielle telle que le froid ou le bruit).
On peut donc distinguer des stress d’ordre physique ou psychologique, sachant qu’un stress peut aussi être négatif ou positif. En principe, en pensant au stress, on en voit plutôt le côté négatif. Or, il existe également un stress positif. En fait, le stress positif correspond aux réactions normales de l’orga-nisme, en vue de s’adapter à la perturbation. Ce sont les réactions que l’on peut retrouver au quotidien : en effet, pour vivre, nous avons besoin d’un niveau minimal de stress. Ce stress peut être apporté par des objectifs que l’on se fixe, des changements que l’on s’impose, des défis réalisables que l’on se lance. C’est lui qui va nous permettre de mobiliser toutes nos ressources et de trouver la motivation à améliorer nos performances. Cette énergie positive est appelée « Eustress ». Cependant, nous ne sommes pas toujours soumis à un stress programmé ou recherché. En effet, certaines situations où l’on se sent menacé ou démuni, autrement dit, dépourvu de ressources appropriées pour y répondre, peuvent induire des réactions inadéquates ou inadaptées de la part de l’organisme, ce qui pourrait entraîner la diminution des perfor-mances. C’est ce qu’on nomme stress négatif, ou « Distress ». Le stress est indispensable à la vie puisqu’il nous permet de mobiliser nos ressources et d’améliorer nos performances ; à condition cependant de ne pas être trop intense, car cela entraînerait des réactions inadaptées de la part de l’organisme et produirait l’effet inverse, à savoir la diminution de notre effica-cité. Evelyne Josse (2007), psychologue, utilise une comparaison intéressante pour illustrer ce juste équilibre : Le stress peut être comparé à la marche. Sans même que nous nous en apercevions, lorsque nous marchons, nous sommes alternative-ment en déséquilibre d’un pied sur l’autre. De la même façon, nous vivons des moments de stress lorsqu’un changement significatif inter-vient dans ce qui constitue notre stabilité quotidienne. A faible dose, ce stress est positif car sans ce petit déséquilibre, nous ne pourrions pas avancer. Mais s’il devient trop intense ou trop répétitif, nous ris-quons de trébucher, de tomber et de nous blesser.
Mais alors pourquoi chez certaines personnes ou dans certaines situations le stress rend-il plus vulnérables ? Selon Pearlin et Schooler (1978), la personne confrontée à un événement stressant mobilise ses ressources psychologiques et sociales, afin de dévelop-per une variété de stratégies adaptatives (coping). Les membres d’une société cherchent, au moyen de ces conduites, à réduire les conséquences sur leur vie et à se protéger des blessures psychologiques consécutives à une expérience sociale difficile ou problématique. Le sentiment de maîtrise sur sa vie est re-cherché au moyen de comportements de protection, soit les stratégies adap-tatives (Pearlin et Schooler, 1978). Les stratégies adaptatives efficaces sont distribuées inégalement dans la société, selon les caractéristiques individuelles et sociales des personnes, comme mis en avant par ces auteurs. Les émotions produites par la perception d’événements stressants peuvent être très intenses et sont le produit de transactions adaptatives complexes entre une personne et son environnement (Lazarus et Folkman, 1984). Selon ces auteurs, des stratégies adaptives sont constamment utilisées par les indi-vidus pour influencer la qualité et la force de leurs émotions, ainsi que pour s’adapter aux échanges avec l’environnement. Les humains cherchent ainsi à maîtriser les effets des événements de leur environnement et évaluent les ré-sultats de ces derniers selon leurs buts personnels. Dans le contexte du modèle de Lazarus et Folkman (1984), le stress est défini par une transaction entre une personne et son environnement : lorsqu’un incident met à l’épreuve ou dépasse les capacités de l’individu, son bien-être est mis en péril.
Résumé |