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LA MICROFINANCE ET SES LIMITES
Effectivement l’on a pu constater d’après le chapitre précédent que la microfinance peut bien jouer un rôle de lutte contre la pauvreté. Cependant elle présente toutefois des risques qu’il ne faut cependant négliger. La microfinance constitue, en outre, dans de nombreux cas un puissant instrument d’émancipation en permettant aux pauvres, et en particulier aux femmes, de devenir des agents économiques du changement. En donnant accès à des services financiers, la microfinance joue un rôle important dans la lutte c ontre les nombreuses dimensions de la pauvreté. Par exemple, les revenus générés par uneactivité non seulement permettent à cette activité de se développer mais ils contribuent également au revenu du ménage, et par là même à la sécurité alimentaire, à l’éducation des enfants, laà prise en charge des soins de santé. Mais c’est surtout au niveau du crédit que la microfinance montre ses limites. En effet, tel qu’il est pratiqué aujourd’hui, le microcrédit, comme tout crédit d’ailleurs, doit être remboursé. Il nécessite donc au niveau de l’emprunteur une bonne capacité de remboursement, aptitude qui bien entendu s’amoindrit si la personne est très pauvre, sans revenus fiables pour lui permettre de rembourser un prêt. Octroyer un prêt à de tels individus risque plutôt d’aggraver leur situation d’endettement et de pauvreté.
Les dérives constatées et potentielles de la microfinance
La dérive d’être trop commerciale
La dérive classique que l’on reproche à certaines organisations de microfinance, c’est d’être trop commerciales. Cela se traduit par l’application de taux d’intérêts trop élevés comparé à la marge que les micro-entrepreneurs peuvent dégager. Dans ce cas, la microfinance ne représente qu’un intérêt mineur par rapport à l’usurier classique. L’emprunteur passera simplement d’une dépendance à l’usurier à une dépendance à l’IMF, ce qui est certes moins dangereux en termes de représailles, mais tout aussi inutile au niveau del’impact social du prêt. La commercialisation de la microfinance s’amplifie avec l’ouverture de la microfinance aux investisseurs privés qui y voient parfois une occasion de diversifier leurs produits d’investissement, mais qui attendent malgré tout un retour financier, ce qui a parfois pour effet de détourner les IMF de leur mission sociale, au profit de la performance financière. A Madagascar, Les taux pratiqués par les institutions des micro-finances (IMF) varient entre 21% et 182% par an. Celui de l’Otiv 12 Tana oscille entre 1,5 % à 2,5% par mois. A traver s le monde, les taux d’intérêt dans la micro-finance sesituent entre 20% et 60%. Ce taux d’intérêt très élevé est jugé anti-productif par certains observateurs. Du côté des IMF, on avance que ce taux est largement inférieur à celui pratiqué dans le secteur informel, c’est-à-dire par les usuriers, notamment dans le milieu rural.
Hypersociale
Une seconde dérive que l’on peut constater est au contraire, la dérive « hypersociale » de la microfinance. Si une organisation de microfinance distribue des prêts avec des taux d’intérêts vraiment trop faibles, si elle collecte les remboursements de façon peu rigoureuse, si elle reste dépendante de larges subventions publiques pour exercer son activité, cela peut aussi être très mauvais pour la population « aidée ». En effet, un micro-entrepreneur recevant de l’argent trop facilement, ne va pas être incité économiquement améliorerà l’efficacité de son projet, bien au contraire et on risque au final de dévaloriser son potentiel à créer une micro-entreprise 12 OTIV, Lot II L 110 A rue Rajakoba Augustin Ankadivato économiquement viable. On a déjà vu dans certaines régions des activités de microfinance sérieusement dégrader le potentiel économique d’unerégion par ce type de dérives.
Cibles des institutions de microfinance
Une troisième dérive constatée est celle du ciblagedes institutions de microfinance, qui ont tendance à soutenir des bénéficiaires plus « crédibles » ou plus accessibles en axant leur activité en zone urbaine. Ainsi, la population cible de la microfinance aurait tendance à s’enrichir, délaissant ainsi une partie de la population la plus nécessiteuse, comme les populations rurales, isolées ou portant des projets agricoles à faible et lente rentabilité, pas toujours compatible avec les produits développements en microfinance.
Cas où la microfinance ne peut intervenir
En cas de catastrophe naturelle, on fait de plus en plus appel au microcrédit pour financer la reconstruction de l’économie, malheureusement, peu de cas ont montré l’efficacité de la microfinance dans ces situations d’urgence où la priorité n’est pas au remboursement, mais à la survie et à la reconstruction. En situation de post -urgence, en revanche, et quand les premiers soins ont été assurés, que parfois l’aide internationale a quitté les lieux du sinistre, la microfinance peut être le moyen de faire repartir sainement la roissance du pays. De même, en cas de pauvreté extrême, les personnesn’ont pas forcement la capacité à rembourser un micro crédit. En effet, si la personne n’a pas de revenu lié à une petite activité rémunératrice, un prêt risque plus de les endetterque de les sortir de la pauvreté. Dans ces cas extrêmes, les ONG spécialisés sont plus à même d’apporter des réponses que la microfinance.
En revanche, le microcrédit s’avère efficace et pertinent pour une majeure partie des personnes démunies, ayant une petite activité existante ou une opportunité économique qu’ils peuvent développer si on leur prête une petite somme d’argent au moment opportun.
Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : GENERALITES SUR LA MICROFINANCE
CHAPITRE I : HISTORIQUE DES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE A MADAGASCAR
CHAPITRE II : NOTIONS DE LA MICROFINANCE
CHAPITRE III : LES ACTEURS DE LA MICROFINANCE
CHAPITRE IV : PRINCIPES CLES DE LA MICROFINANCE
PARTIE II : LA MICROFINANCE ET LA REDUCTION DE LA PAUVRETE
CHAPITRE I : CONTEXTE SOCIO ECONOMIQUE DE MADAGASCAR
CHAPITRE II : UN IMPACT REEL
CHAPITRE III : LA MICROFINANCE ET SES LIMITES
PARTIE III : PERSPECTIVES DE LA MICROFINANCE
CHAPITRE I : LES IMF FACE A LA CRISE ACTUELLE
CHAPITRE II : LA RECHERCHE DE DISPOSITIF PLUS EFFICACE
CHAPITRE III : AVENIR DE LA MICROFINANCE
CHAPITRE IV : LE MOBILE BANKING
CONCLUSION