Perspective de la filière café au Pérou

Perspective de la filière café au Pérou

Le futur de la filière café au Pérou est à considérer sous l’angle des deux sous filière. La sous filière alternative est dans l’incapacité d’absorber la totalité de la production caféière péruvienne pour la commercialiser en tant que café certifié. La sous filière traditionnelle apparaît, depuis la crise du début des années 2000, comme incapable d’offrir les mêmes avantages que les organisations de producteurs et sont donc généralement moins attractives. Actuellement, la tendance est à un développement plus rapide de l’offre de cafés alternatifs, qui resteront néanmoins pendant encore longtemps minoritaires dans la structure totale des exportations caféières. Cette tendance peut-être accélérée par une chute marquée des cours mondiaux (qui rendrait plus attractive la sous filière alternative) ou infléchie par une hausse soutenue des cours mondiaux sur le moyen ou long terme. Le fait qu’il existe deux sous filières distinctes implique l’existence d’améliorations potentielles spécifiques pour les acteurs de chacune d’entre elles, mais aussi un ensemble de mesures devant être menées conjointement par l’ensemble des acteurs de la filière. Parmi les principales mesures devant être menées par l’ensemble des acteurs de la filière café (car engendrant des externalités positives pour tous les acteurs) au Pérou, nous pouvons citer : l’augmentation de la consommation nationale, l’amélioration de la qualité physique du café exporté, l’application d’un régime fiscal et douanier favorable et une promotion internationale.

Le fait que les péruviens ne consomment que 5% de la production nationale de café est une performance relativement modeste, en particulier si on la compare avec quelques autres grands pays producteurs. Ainsi, les éthiopiens consomment 47% de leur production nationale, les mexicains 34,1%, les indonésiens 27,4%, les indiens 23,2%, les nicaraguayens 14,8%, les costaricains 12,8% et les colombiens 11,8%328. Stimuler la demande nationale permettrait de saisir de nouvelles opportunités de valorisation offertes par le marché intérieur. Actuellement, parmi les grandes firmes de négoce, seule Perhussa, à travers la marque Altomayo, produit du café (principalement du café instantané de qualité gustative médiocre) destiné aux consommateurs péruviens. De même, elle a également créée une chaîne de coffee shops pour se positionner sur le segment des cafés de spécialité au Pérou, en concurrence avec Starbucks. Il existe aussi une offre de café soluble et torréfié provenant d’autres marques (Nestlé,…), mais jusqu’à présent les résultats en termes de hausse de la consommation de café par habitant restent minimes. Afin de tenter d’impulser une hausse la demande nationale, des mesures spécifiques ont été prises telles que la création d’un jour du café et des caféiculteurs. Cependant, la hausse de la consommation intérieure passe par des actions de promotion spécifiques et la création de produits en conformité avec les différentes attentes des consommateurs péruviens. Il est évident que la totalité des acteurs n’ont pas intérêt à ce que la consommation intérieure augmente, car cela consisterait à renoncer à une partie de leur approvisionnement et donc une chute de leur chiffre d’affaire. Toutes n’ont pas vocation à disposer d’un outil industriel permettant la création de café torréfié et les mener les actions de promotion devant l’accompagner, mais cela pourrait néanmoins se révéler un pari audacieux. En outre, les firmes de négoce n’ont pas nécessairement l’objectif d’être présentes sur le marché du café torréfié et soluble péruvien, ce rôle peut revenir à des agroindustriels, ce qui ferait émerger un nouveau type d’agents indépendants au sein de la chaîne de valeur. Déjà, un nombre conséquent d’organisations de producteurs ont suivi cette tendance et lancé leur propre marque de café au niveau local, avec un succès parfois notoire. Mais la présence de ce genre de produit à l’échelle nationale (principalement dans les grandes villes) reste limitée, sauf dans le cas de COCLA, étant donné la difficulté à se faire recenser au sein des linéaires des principales entreprises de distribution. Si la consommation du café national s’ancre comme une habitude au sein des pays producteurs (et s’il s’agit de café de qualité susceptible d’être exporté), la problématique de l’équilibre de l’offre et de la demande internationales pourrait être résolue sans avoir recours à une diminution de la production et pourrait même contribuer à créer une conjoncture favorable pour les exportateurs des pays producteurs. Mais cela suppose également qu’il existe une demande solvable, capable d’absorber le café à un prix permettant un niveau de marge au moins égale à celui des exportations, ce qui est le cas dans le Pérou d’aujourd’hui.

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