Personnes ayant des troubles du comportement

L’adolescence

Au début de notre travail, il a été question de tenter d’identifier le profil type de l’élève des écoles de notre société, « un sujet en devenir qui connaît de nombreuses crise… ». La période de développement plus critique chez les jeunes est en effet celle de l’adolescence. C’est ainsi que les jeunes qui sont confrontés à une exclusion, sont souvent des personnes qui ont des problèmes familiaux et sociaux et qui doivent par la même affronter leur statut d’adolescents, période qui est donc sujette à de nombreux bouleversements qui sont parfois difficiles à gérer. Tout d’abord, il faut distinguer la puberté de l’adolescence. La puberté est une étape du développement de la personnalité dans laquelle nous remarquons les changements du corps et de l’esprit qui joueront un rôle dans l’identité du jeune. C’est une étape obligatoire dans le développement du jeune. Tandis que l’adolescence est un phénomène social et culturel. En effet, l’adolescence est le moment où la reconstruction identitaire s’opère. Le jeune doit devenir autonome, ce qui implique de profonds changements et une quête de modèles. Chaque adolescent est confronté au regard des pairs mais aussi des adultes. Le poids de ce regard peut être difficile à gérer. Beaucoup de transformations et de restructurations prennent forme durant cette phase. Si l’adolescent est trop proche de ses parents, le risque de conflit augmente considérablement. L’impulsivité est un trait typique de ces jeunes. (Zay, D., 2005, p.96).

Les facteurs qui surviennent à l’adolescence sont d’ordre biologiques, psychologiques et sociaux. Ils donnent accès à une nouvelle entité, à un nouvel être. Cette période remet en cause tous les acquis précédents. Néanmoins l’adolescence reste une construction sociale, créée par les sociétés occidentales. En effet, auparavant elle n’existait pas, on passait sans transition du monde de l’enfance à celui des adultes. On était plus considéré comme un enfant, on devenait tout de suite un homme. (Therme, P., 1995, p.113) Si outre ces changements viennent s’ajouter des difficultés exogènes, ceci forcera le jeune à avoir une conduite d’opposition et de risque. L’adolescence pousse souvent le jeune dans une crise profonde d’identité, si en plus il se trouve en difficulté, des comportements d’opposition voire de violence envers autrui pourront être observés. Durant l’adolescence, pour certains jeunes, la violence devient une forme d’adaptation. Ils n’arrivent pas à se canaliser et explosent. D’autres auront plus tendance à diriger cette violence contre eux-mêmes. Il seront angoissés et deviendront passifs. (Rousseau N., Langlois, L., 2003, p.32) Cette violence les mène souvent à adopter des comportements qui ne sont pas en adéquation avec l’idéal que se fait l’école des élèves. C’est donc naturellement que l’exclusion fait son apparition. On préfère les exclure du système, bien souvent sans comprendre le profond désarroi dans lequel il se trouve.

Les ségrégations

On peut mettre en évidence un autre aspect, celui de la ségrégation, liée en quelques sortes avec le thème de la stigmatisation à l’école. En effet les deux poussent les jeunes vers une route qui est déjà prédéfinie. Une des ségrégations qu’a connu l’école est celle des filles. Au XVIIIème siècle les filles sont quasiment exclues de la scolarisation. Elles étaient cantonnées aux devoirs domestiques et leur but était de procréer. De ce fait leur instruction était considérée comme inutile. Quand elles ont pu enfin être scolarisées de manière normale, elles ont été cantonnées à des travaux de couture et d’économie ménagère. (Merle, P., 2012, p.8) Cette idéologie sexiste enferme les femmes dans un certain environnement qui leur est propre et ceci perdure dans le temps. L’école a depuis toujours été source de ségrégation scolaire. Au XVIIIème et XIXème siècle des exercices militaires sont pensés pour les hommes, et des exercices de couture pour les filles. Dès le départ une différence « naturelle » se met en place. Les femmes sont condamnées à rester à la maison pour s’occuper du foyer familial. Puis peu à peu s’est mis en place un projet politique qui égalise les trajectoires scolaires. Dans ce sens, l’école ne fait que refléter les rôles sociaux que chacun est sensé avoir.

Cette ségrégation scolaire légitime par la suite les spécialisations professionnelles des hommes et des femmes (Merle, P., 2012, p.10) et met en place également les idées préconçues que les filles seraient plus à l’aise en lettres et les garçons en mathématiques. De là découlent aussi des pratiques pédagogiques discriminantes, qui favorisent les unes en lettres et les autres en mathématiques, selon une prophétie autoréalisatrice. D‘autres facteurs doivent être pris en compte, mis à part la ségrégation de sexe, il existe également celle ethnique. Quand bien même l’école se veut neutre, elle défavorise bien souvent les personnes de couleur ainsi que les étrangers. Ceci se constate (du moins en France) dans les banlieues et les quartiers populaires où le pourcentage d’immigrés est élevé. Une correspondance pourrait être faite, à notre sens, au niveau suisse car souvent la proportion d’élèves étrangers n’est pas la même selon les collèges. La ségrégation ethnique et sociale sont en corrélation entre elles, en effet les populations immigrées sont pour la plupart d’origine populaire. Un autre type de ségrégation est celle académique. Elle différentie les élèves selon leur niveau de compétences scolaires. Elle se manifeste de quatre manières différentes : la première est que dans certains pays il existe des filières de scolarisation basées sur la différence de niveau des élèves. Ces derniers sont répartis par rapport à leurs compétences dans des filières distinctes. C’est-à-dire que les bons et les moins bons sont séparés dès le départ, accentuant ainsi leur faiblesse ou leur force. Une deuxième forme de ségrégation académique est celle qui compare les divers établissements entre eux selon le niveau des élèves. Cette ségrégation « interétablissements » est étudiée dans le cadre des recherches PISA. En ce qui concerne la Suisse, la ségrégation académique est assez faible comparé à des pays tels que l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, le Brésil, la Turquie ou encore le Mexique. En effet, la Suisse se trouve dans le groupe I, où la ségrégation académique interétablissement est assez peu prononcée.

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Personnes ayant des troubles du comportement

Les jeunes qui présentent des troubles du comportement sont plus sujets à être exclus et marginalisés. C’est entre 6 et 12 ans que les enfants établissent des liens d’amitié qui ensuite les aideront à un niveau social. Ils se transmettent du soutien émotif, de l’affection et de la reconnaissance. Ceci présuppose qu’un enfant qui interagit avec un autre enfant socialement compétent a plus de chances d’avoir une relation de qualité. (Rousseau N., Langlois, L., 2003, p.138) Bien que la plupart des jeunes ayant des problèmes de comportement soient rejetés par les pairs, ils ont quand même des amis. Ces derniers ont des caractéristiques sociales et comportementales négatives. Par exemple les jeunes agressifs auront plus tendance à s’entourer d’autres agressifs. Les amis représentent des « modèles de conduite et des puissants agents de renforcement ». (Rousseau N., Langlois, L., 2003, p.138) Généralement l’influence des amis n’est pas positive car associée à la délinquance, à la consommation d’alcool et de drogue. Souvent ceux qui ont des comportements sociaux inadaptés s’entourent de gens qui présentent les mêmes caractéristiques.

Ces jeunes sont regroupés dans des classes spéciales, ce qui favorise le mimétisme de comportements sociaux inadaptés et augmentent la probabilité d’aggraver leur propre situation allant jusqu’à de la délinquance juvénile et de la criminalité à l’âge adulte. (Rousseau N., Langlois, L., 2003, p.139) Il a été remarqué qu’il existe des manifestations « caractérielles » chez les enfants et adolescents abandonnés et qu’elles s’avèrent souvent être le point de départ d’une inadaptation professionnelle et sociale. Remarquons que la plupart du temps quand les parents de certains inadaptés scolaires ont une vie conjugale irrégulière, ceci a sans l’ombre d’un doute des répercussions sur leurs propres enfants. (Cordier, J., 1975, p.16) Les jeunes « caractériels » sont plus enclins à détruire des biens appartenant à la communauté sans pour autant se soucier de qui les a construit et du travail fourni par le groupe. Cette période est considérée comme un jeu où le but est de montrer sa propre performance. Cette dernière est souvent caractérisée par un refus de la part du jeune de participer à un travail quel qu’il soit. Un enfant qui a donc des troubles caractériels est un enfant qui fait souffrir les autres, mais qui souffre également. Sa conduite reflète son histoire, il est en rupture de relation. (Therme, P., 1995, p.62)

Table des matières

1. Préambule
2. Introduction
2.1 La situation en Suisse
3. L’adolescence
4. L’exclusion
4.1 Motifs de l’exclusion
4.1.1 Le sens
4.1.2 Relation avec le corps enseignant
4.1.3 La stigmatisation
4.1.4 Les ségrégations
4.2 Qui sont ces exclus ?
4.2.1 Personnes d’un niveau socio-économique bas
4.2.2 Personnes ayant des troubles d’apprentissage
4.2.3 Personnes ayant des troubles du comportement
4.2.4 Personnes issues des filières basses
4.2.5 Les décrocheurs scolaires
4.3 Quels comportements adoptent les exclus ?
4.3.1 L’inadaptation scolaire
4.4 Comment éviter l’exclusion ?
4.4.1 Acquisition de compétences sociales
4.4.2 Nouvelles pratiques pédagogiques
4.4.3 Effet pygmalion
4.4.4 La pratique du sport
5. L’exclusion scolaire mène à l’exclusion sociale
6. Conclusion
Bibliographie

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