PERFORMANCE DU SYSTEME PRODUCTIF
L’ouverture des marchés dans le cadre de l’APE constitue un défi majeur pour le système productif du Cameroun qui demeure très fragile, peu compétitif pour faire face à la concurrence des produits en provenance de l’UE. Les études ont relevé que l’APE pourrait entrainer des pertes importantes des parts de marché internes des entreprises nationales. Ce chapitre fait un état des lieux du système productif national en décrivant tour à tour : (i) les unités de production, (ii) la production et la valeur ajoutée, (iii) le cout des facteurs de production, (v) et le climat des affaires. Enfin, le chapitre recense les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces pour le système productif national, en liaison avec la mise en application de l’APE.
LES UNITES DE PRODUCTION
Le recensement général des entreprises (RGE) a permis de dénombrer 93 969 entreprises et établissements en activité au Cameroun, dont 35,1% à Douala 23,9% à Yaoundé. Les très petites unités de production (employant au plus 5 personnes) représentent plus des deux tiers des entreprises recensées.Le recensement a noté la prépondérance du secteur tertiaire avec 86,5% des unités recensées, contre 13,1 % pour le secteur secondaire et 0,4% seulement pour le secteur primaire. Les principales conséquences de cette ventilation sectorielle des unités de production est le foisonnement des activités commerciales et la faible revalorisation des ressources locales. Les résultats indiquent également une grande proportion des entreprises individuelles (89%) et la jeunesse des entreprises recensées : 50% d’entres elles ont moins de 3 ans d’existence. Concernant la nationalité des dirigeants d’entreprises, le RGE a relevé que la gestion des grandes entreprises est à 45% aux mains des ressortissants des pays européens et des ressortissants américains. Ces grandes entreprises se retrouvent surtout dans les sous secteurs à haute intensité de capital, notamment dans le transport, les banques et assurances, l’agroalimentaire, l’extraction, la sylviculture et l’agriculture moderne. Le faible taux de pénétration des technologies de l’information et de la communication (TIC), l’insuffisante utilisation des résultats de la recherche et le peu d’intérêt à la protection de l’environnement font également partie des constats qui ont pu être établis par le RGE. Par ailleurs, la deuxième enquête sur l’emploi et le secteur informel au Cameroun (EESI 2) réalisée en octobre 2011indique que le système productif est caractérisé par une prépondérance du secteur informel. Le taux d’informalité se situe à 90,5% en 2010. Les unités de production emploient majoritairement une population jeune (l’âge moyen des actifs occupés est de 33 ans) et masculine. Outre les insuffisances liées aux unités de production telles que mentionnées ci-dessus, cellesci évoluent dans un environnement des affaires peu propice. En effet, les coûts des principaux facteurs de production demeurent élevés en raison de leur offre insuffisante et de leur mauvaise qualité (énergie, routes, chemin de fer, ports, aéroports et télécommunication). De plus, la persistance de la contrebande, de la fraude et de la contrefaçon continuent de peser sur les activités des entreprises. De même, l’accès au financement reste difficile, en l’occurrence pour les PME. Les entreprises éprouvent également des difficultés à trouver une main d’œuvre nationale qualifiée, ce qui contribue au renchérissement de la main d’œuvre et à la baisse de la productivité. Cette situation explique en partie la sous utilisation des capacités de production. En moyenne, les entreprises utilisent seulement 64% de leurs capacités de production.
LA PRODUCTION ET LA VALEUR AJOUTEE
Après le ralentissement du rythme de croissance de l’économie ayant suivi la crise internationale survenue en 2008, le PIB du Cameroun a enregistré un regain de croissance depuis 2010, année de démarrage de la mise en œuvre du DSCE. Le taux de croissance réelle s’est ainsi situé à 4,6% en 2012 contre 4,1% en 2011 et 3,3% en 2010. Concernant la répartition sectorielle du PIB, le secteur tertiaire a le plus grand poids : sa valeur ajoutée a représenté 34,3% du PIB national en 2012.Le secteur secondaire vient en deuxième position avec 27,3% du PIB, tandis que la part du secteur primaire dans le PIB s’est située à 21,4% en 2012. mise en œuvre de l’APE, qui risque nourrir davantage le commerce et contribuer à l’affaiblissement de l’activité industrielle. Par ailleurs, le coût unitaire de production des entreprises est très élevé, se situant à 1,22. Les coûts en intrants importés et non échangeables (qui représentent 76% du coût total de production) constituent le principal handicap à la compétitivité. Le processus de production national est très dépendant vis-à-vis des importations utilisées en consommations intermédiaires (39,5%).