Perceptions des transformations des institutions réglementaires et organisations professionnelles comptables
Hypothèses de non changement de la forme « Sources comptables »
Les hypothèses de non changement sur la forme «Sources comptable»179 sont totalement validées. Au Vietnam, les processus et les organes chargés d’élaborer la réglementation et les normes de la comptabilité d’entreprise restent inchangés. C’est depuis toujours un organisme au sein du ministère des finances qui assure la rédaction des textes. L’approche des utilisateurs de ces textes règlementaires de la part des utilisateurs institutionnels ou individuels ne diffère pas de la période communiste. Comme l’État se désengage en principe de la gouvernance des entreprises, une nouvelle forme d’institution de surveillance et de contrôle émerge. C’est l’activité d’audit comptable interne ou externe.
Émergence de la profession d’audit comptable indépendant
La différence qui attire notre attention sur l’émergence de cette nouvelle activité réside dans le processus de création des organisations chargées de l’audit comptable. Au Viêt-nam, la naissance des cabinets d’audit comptable n’émane pas du monde des affaires comme dans le monde occidental. Ces organisations manifestent des ambiguïtés pour se définir et de s’imposer comme une activité de service indépendante de toute emprise de l’administration gouvernementale. Une très forte majorité des entreprises qui ont déclaré que leurs comptes sont audités ont recours à des prestations des cabinets d’audit fondés et financés par les capitaux de l’État via le ministère des finances (MOF). L’appellation Audit est le terme désignant une activité nouvellement née suite à la diversification des origines de capitaux investis dans les entreprises. Comme nous l’avons souligné dans le chapitre 2, nous ne considérons pas l’activité d’audit comptable comme une nouveauté liée à l’émergence du capitalisme mais plutôt une transformation d’un mode de contrôle des entreprises par l’État par d’autres types de contrôle. La question 29 a été conçue pour collecter l’information concernant le choix des auditeurs externes indépendants.Il existe au Vietnam quatre catégories d’auditeur : − les auditeurs internes, − les cabinets d’audit fondés par le Ministère Vietnamien des Finances mais qui ont le statut de société à responsabilité limitée (donc société de droit privé), − les cabinets d’audit créés par des personnes ayant un diplôme d’audit et qui répondent aux conditions de création d’un cabinet d’audit 180 . − les cabinets internationaux dont trois des Big 4 que sont les cabinets KPMG, Ernst & Young, Price Waterhouse et un cabinet étranger Grant Thornton. Le cabinet d’audit Deloitte était présent et a fondé une joint-venture avec un partenaire étatique vietnamien qui est aujourd’hui un cabinet affilié au groupe Deloitte mais Deloitte en tant que tel n’y est plus. Les réponses du questionnaire nous dévoilent une réalité informelle qui n’est pas décrite dans les textes officiels ni reconnue par les professionnels du métier. Un croisement des données de choix d’auditeurs avec la forme statutaire de l’entreprise montre une stratification du marché d’audit. Les entreprises financées par les fonds de l’État ont plus tendance à choisir un auditeur du ministère des finances si elles ont besoin de faire auditer leurs comptes (soit 37% du total des réponses, et plus de 50% des réponses en provenance du sous échantillon entreprises étatiques). Tandis que les sociétés qui accueillent des capitaux d’origine étrangère et des capitaux locaux préfèrent des coauditeurs composés d’un Big 4 et d’un auditeur local.
Qu’en est-il des auditeurs internes ?
La création des services d’audit interne est née avec la concentration et la formation de grands consortiums étatiques appelés « Compagnie générale » ou encore dans le jargon des législateurs des sociétés : « Compagnie générale type 90 » ou « Compagnie générale type 91 » (car ces entreprises ont été créées suite à la publication des décisions 90 et 91 181). Si l’on observe des disparités en termes de rémunération entre le secteur étatique ou quasi étatique et le secteur privé au niveau des postes traditionnels tels qu’agent comptable, comptable de synthèse, chef comptable voire directeur, une tendance plus harmonieuse (niveau de rémunération 3) est observée quant au poste d’auditeur interne. Un auditeur interne dans une SOE ou dans une SEActionnarisée ou une entreprise à capital étranger bénéficie d’une rémunération relativement plus élevée que les autres postes en comptabilité soit entre 4 Millions et 6 Millions de VNDông (§ 7.2.). Ceci s’explique par le fait que les postes d’auditeur interne dans les entreprises et spécifiquement dans les entreprises étatiques résultent du processus de promotion interne. Le vivier en interne est le service de comptabilité. Les deux auditeurs responsables du service d’audit interne (RC 17 et RC 18) que nous avons interviewés ont occupé des postes importants dans le service de comptabilité dont celui de Chef comptable. La maîtrise de l’organisation de la comptabilité de l’entreprise et l’ancienneté au sein de la société s’avèrent les critères implicites de promotion au service d’audit interne dont la mission principale est de veiller au respect des lois et des normes comptables et financières.