Perceptions des transformations comptables
Objectifs de la comptabilité
Sur les 16 paires portant sur les objectifs de la comptabilité, 12 font l’objet d’une hypothèse de non changement et 4 d’une hypothèse de changement. La méthode du tableau croisé statistique est utilisée pour déterminer la distribution des différents types de binômes que nous avons explicités précédemment. Chaque paire est traitée statistiquement sous forme de tableau croisé pour donner une distribution des différents types de binômes selon une hypothèse de changement ou de non changement. Ces binômes sont présentées dans des « Grilles de lecture des binômes » (schémas 7.5. et 7.6.) pour les interprétations. Avant de continuer avec les interprétations des réponses, nous aimerions souligner encore une fois que les deux qualificatifs « correct » et « erroné » que nous avons adoptés dans la présentation des résultats ne sont pas des jugements de valeurs portées sur les réponses fournies par les répondants. « Correct » est utilisé pour désigner une réponse du questionnaire conforme à notre réponse benchmark et « erronée » pour désigner une réponse différente ou divergente à notre réponse benchmark. Cette dichotomie nous fournit des étiquettes attribuées au codage statistique des réponses. Toutes les paires de questions ont été traitées selon la procédure que nous venons de décrire. Le travail d’analyse et d’interprétation des résultats du questionnaire se fait quant à lui par un va-etvient permanent entre les résultats statistiques et la littérature ou les récits de pratiques. Objectifs comptables selon l’hypothèse de non changement Les douze paires de questions basées sur une hypothèse de non changement portent sur des objectifs relativement traditionnels inhérents à toute comptabilité. Ce sont des questions simples parfois évidentes au regard des répondants. Dans l’hypothèse d’un non changement, les deux types de binômes qui nous intéressent sont B3 (conforme à nos benchmark avant et après 1995) et B7 (absence de réponse avant 1995 mais avec une réponse conforme à nos benchmarks après 1995). Le tableau 7.9. présente le degré de validation de l’hypothèse que nous avons déduit à partir des fréquences des binômes type B3 et B7 pour chaque paire. Un pourcentage du nombre de binômes de type B3 et B7 est calculé pour mesurer la part de réponses exploitables par rapport au nombre total de réponses (les binômes B0 vides sont exclues).Dans le cas d’une hypothèse de non changement, les binômes de type B3 signifient que les répondants ont la même perception que nous sur cette paire de questions. D’une manière générale, la distribution des binômes corrobore nos hypothèses de non changement selon lesquelles la comptabilité avant comme après 1995 sert les principaux objectifs classiques de la comptabilité tels que mémoire des transactions, référence pour la planification de la production, base de calcul des impôts et obligations à l’égard de l’État, système d’information vis-à-vis des tiers, etc. (pour les statistiques détaillées cf. annexe 3.) Parmi les 12 paires sur les objectifs comptables avec une hypothèse de non changement (tableau 7.9.), deux paires (n° 7 et n° 15) suscitent des explications complémentaires. La paire n°7 s’interroge sur l’utilisation de l’information comptable comme référence dans la fixation du prix de vente. Selon notre hypothèse, la comptabilité depuis toujours, sous l’économie communiste ou aujourd’hui dans un système d’économie dit de marché, sert de référence dans la fixation des prix de vente (sans tenir compte de la personne ou de l’institution qui assure cette responsabilité).Ce changement de mécanisme de fixation des prix de vente a semé une certaine confusion dans l’interprétation des questions et a été, selon nous, à l’origine : ─ d’un taux d’erreur important sur la question avant 1995 (23%) et un taux de non réponses très élevé (44%) ; ─ du faible taux de fréquences des binômes de type B3 « perception correcte d’un non changement » (37 sur 108 binômes étudiés, soit 34%) qui affirment qu’il n’y a pas de changement par rapport à avant 1995 ; ─ et, de l’apparition en assez grand nombre de binôme de type B6. Le message véhiculé par les binômes de type B6 est le suivant : l’information comptable n’était pas utilisée dans la fixation des prix de vente en économie communiste (réponse non-conforme à la réponse benchmark) mais elle l’est aujourd’hui. Le point de vue des personnes de binôme type B 6 rejoint en partie ce que dit la littérature critique à l’encontre du modèle d’économie dirigée par le plan qui récuse l’utilité et l’utilisation de l’information comptable dans l’économie. La paire n°15 introduit un nouveau destinataire de l’information comptable que sont les fournisseurs. Selon notre hypothèse, les entreprises, avant comme aujourd’hui, n’ont pas d’obligation de fournir de l’information comptable et financière à leurs fournisseurs.
Objectifs comptables selon l’hypothèse de changement
À côté des objectifs traditionnels, nous observons des changements importants en termes d4objectifs. Certains anciens objectifs sont en train de changer. De nouveaux sont en cours d’implantation. Le tableau (7.10.) présente la synthèse du degré de validation sur les 4 paires de questions du thème objectif de la comptabilité avec une hypothèse de changement.Sur les hypothèses de changement, les distributions des binômes sont moins homogènes, c’est pourquoi elles requièrent une lecture plus attentive et parfois des traitements ad hoc pour essayer de les analyser Hypothèse de changement dans l’objectif d’amélioration de la production de l’entreprise Selon les analystes critiques de l’économie centralisée et planifiée, la situation de pénurie qui pénalisait le modèle d’économie centralisée et planifiée était causée par la mauvaise productivité des entreprises étatiques. La réforme économique (à laquelle appartient la réforme comptable) a pour objectif premier de remédier à cette situation. La faible rentabilité des ressources octroyées peut donc être considérée comme l’un des déclencheurs du processus de réforme économique dans les anciens pays communistes. La réorientation économique dans les pays qui maintiennent un régime politique communiste tout en adoptant un modèle d’économie de marché, tel est le cas du Viêt-nam, permet de soutenir cette thèse. La comptabilité communiste visant à évaluer une entreprise sur son efficacité principalement en quantités produites et non en rentabilité des actifs alloués ne sensibilisait pas les entreprises aux coûts de la rareté des ressources. Ce phénomène généralisé de ressources budgétaires non payantes est considéré par certains comme l’origine de l’échec du système.