Depuis le Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, les questions environnementales sont placées au centre des préoccupations planétaires, marquant ainsi un tournant décisif dans la prise de conscience humaine face à la détérioration de son environnement. La figure emblématique de la détérioration environnementale est la modification de la composition de l’atmosphère se traduisant par une augmentation de la température au niveau mondiale (GIEC., 2007). Ce changement climatique constitue un des nombreux obstacles au développement (Brown et Crawford, 2008). A titre indicatif, il a un effet négatif sur la production agricole, puisque les systèmes de productions dépendent en grande partie du climat (Boko et al., 2007).
Site d’étude
Situation géographique
L’étude a été menée dans la Région de Vatovavy Fitovinany, District d’Ikongo, dans le bassin versant de Sahafandrana, situé dans les sites d’intervention du projet Climate Change Management Project ou CCMP. Le bassin versant de Sahafandrana se trouve dans les trois Fokontany limitrophes de deux communes voisines qui sont les Fokontany de Tsarakianja et d’Ambatofotsy dans la commune rurale d’Ambatofotsy (21°45’25,8″ S / 47°29’31,8″ E) et Fokontany de Sakevo dans la commune rurale de Maromiandra (21°42’25,9″ / 47°31’25,3″) . Les altitudes peuvent atteindre 254 à 533 m.
Climat
Faute de données officielles sur les climats locaux, les données mensuelles de la base de données Worldclim ont été utilisées pour estimer les caractéristiques du climat régnant dans le bassin versant de Sahafandrana. Ces données permettent d’élaborer la courbe ombrothermique de Gaussen .
D’après la courbe ombrothermique de Gaussen, la zone d’intervention jouit d’un climat tropical chaud et humide pendant toute l’année. La précipitation moyenne annuelle est de l’ordre de 2 094 mm. Les mois de janvier, février et mars sont la période la plus arrosée avec une précipitation trimestrielle d’environ 1102 mm. Les mois les moins arrosés se situent entre août et octobre, avec une précipitation trimestrielle de 195,5 mm.
Quant à la température moyenne annuelle, elle est de 21,75°C avec une amplitude annuelle thermique de l’ordre de 16,23°C. Décembre, Janvier et Février sont les mois les plus chauds de l’année, avec une température moyenne trimestrielle de l’ordre de 24,47°C. Les mois les plus froids se situent en juin, juillet et août, avec une température moyenne trimestrielle d’environ 18,3°C.
Relief et hydrologie
Le terroir est collinaire avec des pentes alternativement légères et raides qui dominent sur le relief multiface de forme polyédrique, connu sous le nom de « reliefs montagneux multifaces forestiers ». Les vallées sont encaissées et torrentielles (Raunet, 1997). Par ailleurs, le bassin versant est hiérarchisé par plusieurs réseaux hydrographiques. Les petits cours d’eau venant de la montagne se rassemblent en aval et forment des ruisseaux. En effet, le BV Sahafandrana est formé d’une source traversant les zones des bas-fonds en aval. Cette source joue un rôle important dans l’irrigation d’une dizaine hectare de rizière.
Géologie et géomorphologie
D’après Besairie (1957), le bassin versant de Sahafandrana fait partie des zones géologiques du socle cristallin. Les formations géologiques des zones d’étude sont caractérisées par des roches métamorphiques appartenant au système du graphite. Il est constitué par des migmatites schisteuses à biotites intercalées par des gneiss amphiboliques affleurant à la surface. Du point de vue géomorphologique, selon Bourgeat (1972), la zone d’étude correspond également à l’aplanissement finitertiaire (niveau III). La surface inférieure (SIII) à l’Est de la falaise est surmontée par des reliefs dérivés de la surface intermédiaire (SII). Ce niveau est limité aux affleurements des roches facilement altérables (schistes, gneiss, et migmatites). Sur ce niveau, les zones d’altération sont profondes car les roches sont facilement altérables. Les reliefs dominants ont des zones d’altération peu profondes.
Sol
Etant donné que le bassin versant fait partie de la région à un climat tropical chaud et humide, les sols dominants sont constitués par des « ferrasols humiques » d’après la classification de la FAO ou des sols ferralitiques selon la classification française. Généralement, les horizons A présentent une épaisseur moyenne de 10 à 30 cm. Dans les bas-fonds, avec une superficie restreinte, ils sont alluvionnaires, hydromorphes (Rakotonarivo, 2000). Les types ferralitiques jaunes sur rouges tronqués et les colluvions de pentes sont dominants (Raunet, 1997).
Formation floristique
La forêt dense humide de moyenne altitude constitue la végétation d’origine. On y distingue des forêts primaires, des forêts primaires sélectivement exploitées et des forêts secondaires (savoka) régénérées après la culture itinérante sur brûlis (Ramahafaly, 1995 ; Faramalala, 1996).
Ces forêts dégradées secondaires ou « savoka » sont résultantes d’une déforestation récente. Elle est riche en espèces forestières dont les « savoka » à Harongana (Harungana madagascariensis), les « savoka » à Dingadingana (Psiadia sp). Après des brûlis répétés, on s’achemine vers des espèces buissonnantes comme les « savoka » à bambous (Nactus caputatus), les «savoka» à radriaka (Lantana camara), ou des peuplements clairsemés de «savoka » à ravinala (Ravenala madagascariensis).
Le paysage se compose actuellement des champs agricoles sur des versants et des bas-fonds, des jachères d’âge variable souvent dominées par le longoza (Aframomum angustifolium) et Harongana (Harungana madagascariensis). Presque toutes les parties des versants sont déjà exploitées et on a remarqué que les roranga étant une composition floristique constituée par le ringotra «Dicranopteris linearis », l’ampanga « Pteridium aquilinum », l’anjavidy « Philippia sp », le radriaka « Lantana sp », et le tenina « Imperata Cylindrinca » sont dominants sur les crêtes du BV de Sahafandrana. C’est un signe de dégradation par le feu et d’ancienneté de cette évolution parce que le système d’exploitation des versants en pays Tanala laisse la partie tiers amont ou le sommet des versants intact c’est-à-dire que cette partie ne doit pas être défrichée (Rakotovololona, 1987). En effet, après la culture itinérante sur brulis, la forêt naturelle est remplacée par une formation secondaire (savane, savoka) qui mène très lentement à la réinstallation de la forêt. Mais la déforestation itérative entraîne une succession régressive des formations secondaires (pseudosteppes). Ces pseudo-steppes couvrent une très grande superficie dans la zone d’étude. Elles sont très variées dont les espèces le plus rencontrées sont Stenotaphrum dimitiatum (Ahipisaka), Paspalum conjugatum (Ankanimpody), Huparrhenia rufa (Vero). Il y a rarement prédominance d’une seule espèce. Ces graminées sont fréquemment associées à des peuplements plus ou moins clairsemés des Ravinala (Ravenala madagascariensis).
Introduction |