Contexte et généralités
Pour parvenir au développement d’un pays, l’éducation tient un rôle important. Selon le rapport mondial de l’éducation pour tous en 2008, le nombre d’enfants non scolarisés a considérablement baissé ces dernières années. L’éducation progresse donc dans le monde, cependant il est à noter que 72 millions d’enfants n’étaient toujours pas scolarisés en 2008 contre 99 millions en 1999. Malgré cette évolution mondiale, la répartition des enfants non scolarisés par région présente une certaine disparité entre les pays développés, d’un taux de 3,1 %, et les pays en voie de développement avec 95,4 %. Les proportions des non scolarisés sont surtout très élevées en Asie du Sud et de l’Ouest avec 23,7 % puis en Afrique Subsaharienne avec 45,4 %. Ces zones sont confrontées à la conjonction d’une forte fécondité et de faibles moyens qui sont orientés autrement, notamment vers les dépenses militaires. En outre, plus de la moitié des enfants non scolarisés sont des filles dans les pays en voie de développement, la proportion est ainsi préoccupante en Asie du Sud, essentiellement en Inde où elle atteint les deux tiers et dans les pays arabes avec 60 %. Dans ces pays, les parents donnent une priorité à leur descendance masculine. Et même, la situation se détériore dans un certain nombre de pays comme au Vietnam où le nombre d’enfants non scolarisés est passé de 393 000 en 1999 à un million en 2005, et de 170 000 à 570 000 en Afrique du Sud.
Si telle est la situation de l’éducation dans le monde, qu’en est-il du cas de Madagascar qui est un pays en voie de développement ? Madagascar compte actuellement 9 613 000 enfants âgés de moins de 18 ans sur les 19 159 000 habitants, d’après le bulletin d’information sur la population en 2007 publié par l’UNICEF. Ce chiffre montre que les enfants représentent plus de la moitié de la population malgache, ce qui signifie qu’ils constituent un potentiel non négligeable pour le développement et l’avenir du pays. Il est donc normal que l’attention se porte sur les enfants qui seront façonnés par l’éducation et plus spécifiquement par leur scolarisation. Mais nous pouvons dire que la scolarisation n’atteint pas encore un stade de perfection aujourd’hui. En effet, les enfants rencontrent des difficultés à effectuer un parcours scolaire cohérent bien que la scolarisation leur garantisse la socialisation, le développement intellectuel et la réussite sociale.
LE CADRE JURIDIQUE DE L’EDUCATION A MADAGASCAR
La naissance de l’école
La première école a vu le jour en 1820, sous le règne du roi Radama 1er, à l’initiative des missionnaires catholiques et protestants. Au XIXe siècle, deux codes de lois définissent les règles du système éducatif malgache : le code des 101 articles de 1876 qui édicte les premières lois relatives à la scolarisation et le code des 305 articles de 1881 qui rend obligatoire la scolarisation pour toute personne âgée de 8 à 16 ans.
Pendant la période coloniale
Lors de l’annexion de l’île par la France, le système éducatif malgache est modifié. Gallieni crée les premières écoles laïques. La langue française y est à la fois la matière principale et la langue d’enseignement. Ces écoles sont surtout fréquentées par les Européens et leurs capacités d’accueil sont très limitées. L’enseignement étant obligatoire, les écoles privées et les « écoles d’églises » sont autorisées. L’enseignement pouvait se faire en langue malgache. A partir de 1908, des collèges secondaires dispensent exactement le même enseignement qu’en métropole. D’abord destinés aux enfants des colons et des fonctionnaires français, ils sont ouverts, à partir de 1914, aux enfants « indigènes », à condition que ceux ci fassent preuve d’une bonne maîtrise de la langue française.
Après l’indépendance
Après l’indépendance de 1960, le droit à l’éducation est pleinement inscrit dans la loi. L’âge de référence au début du cycle primaire est fixé à 6 ans.
Sous la Deuxième République, avec la révolution socialiste de 1972, les principes du droit à l’éducation, de la gratuité de l’éducation de base dans les écoles publiques et de l’obligation scolaire pour tout enfant malgache de 6 à 14 ans sont renforcés. La politique nationale d’éducation vise aussi à la décentralisation des infrastructures scolaires. La population est mise à contribution pour le financement de l’éducation, notamment pour la construction des écoles et ce, malgré le principe de la gratuité de l’éducation de base. La nouvelle politique cherche à renforcer l’enseignement de la langue malgache et celle-ci devient la langue officielle d’enseignement. En 1990, le français redevient la langue d’enseignement et aujourd’hui, il est introduit comme seconde langue dès la deuxième année du primaire.
Depuis la Troisième République
Au cours de la Troisième République, qui débute en 1991, Madagascar ratifie plusieurs traités internationaux sur les questions d’éducation (Convention sur les Droits de l’Enfant en 1989, Déclaration de Jomtien en 1990, Forum de Dakar en 2000, Objectif du Millénaire pour le Développement en 2000). Des réformes législatives de l’enseignement sont entreprises pour permettre l’application des engagements pris. Ensuite, les années scolaires ont été marquées par différentes dispositions favorables au développement de la scolarisation : allègement des charges financières des familles, contribution de l’Etat au frais d’écolage, dotation en kits scolaires.
LA SCOLARISATION A L’ECOLE PRIMAIRE
L’évolution du taux de scolarisation à l’école primaire
En 1965, le taux de scolarisation à l’école primaire avoisinait les 50 %. Il a ensuite augmenté pour dépasser les 70 % au cours des années 1980. Le début des années 1990 a été marqué par une baisse importante du taux de scolarisation au niveau primaire. En 1994, à peine 60 % des enfants sont scolarisés. Ceci s’explique par une diminution drastique des dépenses publiques allouées à l’éducation se traduisant par le gel des recrutements des instituteurs et par la fermeture d’écoles. Faute de moyens, la quantité et la qualité de l’enseignement se dégradent, les parents ont moins scolarisé leurs enfants. Après 1996, le taux de scolarisation augmente rapidement, cette hausse coïncide avec le relèvement des dépenses publiques pour le secteur éducatif. En 2002, le taux net de scolarisation au primaire est de 79 %, ce qui est relativement élevé si on le compare à d’autres pays d’Afrique francophone tels que le Mali (45 %); le Burkina (36 %); le Sénégal (58 %). Parmi les 31 pays à faible développement humain, seuls le Lesotho et le Rwanda font mieux.
La fréquentation scolaire
Les taux de scolarisation sont de bons indicateurs de la fréquentation scolaire. Néanmoins, ils ne reflètent pas la complétude de la scolarisation. A Madagascar, la fréquentation régulière de l’école (48,2 %), c’est-à-dire, le fait de se rendre tous les jours à l’école, est ainsi moins élevée que le taux de scolarisation (73,5 %). Il concerne 63,0 % des enfants de la capitale contre 45,7 % des enfants vivant en milieu rural. Les enfants de la province d’Antananarivo sont les plus assidus à l’école (60,3 %), alors que cela ne concerne qu’un tiers de la province de Toliara. La fréquentation régulière de l’école, de même que l’accomplissement d’un cursus complet de scolarisation, est un facteur important d’un maintien des capacités de lecture et d’écriture à l’âge adulte. A Madagascar, seulement 40 % des enfants terminent le niveau primaire et peu d’enfants poursuivent leurs études dans le secondaire. Entre1998 et 2002, le taux de scolarisation dans le secondaire était de 15 % pour les garçons et 14 % pour les filles. La déscolarisation est massive dans les premières années et liée à de nombreux facteurs : travail des enfants dans l’agriculture ou l’élevage, éloignement des écoles, absence de perspectives d’emploi dans d’autres secteurs que l’agriculture.
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