Perception de la douleur chez l’enfant autiste à propos de 40 cas Hôpital militaire Avicenne

L’autisme ou trouble du spectre de l’autisme selon DSMV est un trouble neurodéveloppemental précoce qui se caractérise par des difficultés persistantes sur le plan de la communication et des interactions sociales et par la présence de comportements stéréotypés et intérêts restreints [1]. La prévalence de l’autisme est d’environ 20 enfants sur 10000 individus [2] et les garçons sont plus touchés que les filles avec un sexe ratio de 5/1[3]. L’étiopathogénie de l’autisme est multifactorielle avec une composante génétique, neurobiologique, environnementale et neurodéveloppementale. Ce trouble est souvent associé à d’autres anomalies : retard mental, épilepsie, troubles moteurs, troubles gastro intestinaux [4] et des troubles de conduite (automutilation) pouvant être source de douleur ; mais aussi comme tout autre enfant, les enfants autistes doivent subir des soins médicaux désagréables et faire face à des accidents de la vie courante à l’origine de sensations douloureuses. Depuis longtemps, on a cru que la personne souffrant d’autisme avait une insensibilité ou une analgésie à la douleur, ce qui a eu comme conséquence une prise en considération tardive de la douleur et l’absence aujourd’hui d’outil et de protocole de prise en charge spécifique à cette population[5]. Les études récentes montrent plutôt un mode d’expression différent face à la douleur [6]. Considérant les déficits présents dans l’autisme (trouble de la communication verbale, des interactions sociales, troubles cognitifs, troubles émotionnels…), il pourrait y avoir une altération dans l’une ou l’autre de ces sphères ou encore dans l’ensemble de paramètres contribuant à l’altération apparente de la douleur dans la maladie. L’objectif de cette étude est d’évaluer la réactivité d’un enfant autiste à une stimulation légèrement douloureuse dans une situation standardisée où il est en relation duelle avec un adulte.

Le terme d’autisme, dérivé du grec «autos » qui signifie « soi-même », a été introduit par le psychiatre Eugen Bleuler en 1911 pour décrire un des symptômes de base de la schizophrénie, le repli sur soi.

Il a été repris et défini en 1943 par Léo Kanner, à partir de l’observation de onze enfants, comme un trouble du contact affectif [9]. Il décrit les perturbations sociales, langagières et comportementales du trouble à travers une étude de cas et reconnait l’autisme comme une forme physiopathologique distincte .

Le concept d’autisme s’est beaucoup élargi avec le temps, menant à inclure sous ce terme des formes plus ou moins sévères du point de vue des symptômes et des troubles associés.

– L’autisme est intégré dans les troubles envahissants du développement dans le DSM III-R en 1987.
– Le DSM IV apparu en 1994 garde la même appellation.
– Actuellement, le terme de troubles envahissant le développement a disparu du DSM V (Mai 2013) et il est remplacé par le terme de Troubles du spectre de l’autisme (TSA).

L’autisme infantile y est défini par un développement anormal ou déficient avant l’âge de trois ans et par des perturbations caractéristiques du fonctionnement dans chacun des trois domaines suivants : interactions sociales, communication, comportement.

La CFTMEA-R (classification française des troubles mentaux) est une classification utilisée en France et dans certains pays européens. Elle ne donne pas de critères diagnostiques des différents TED, mais seulement une brève description. Elle est spécifique à l’enfant et à l’adolescent et n’a pas de correspondance chez l’adulte. Dans la dernière révision de la CFTMEA en 2000, les termes « troubles envahissants du développement » et « psychoses précoces » sont considérés comme équivalents.

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L’autisme infantile précoce, type Kanner est défini par : un début, généralement au cours de la première année avec présence des manifestations caractéristiques avant l’âge de 3 ans et par l’association de troubles majeurs des relations sociales, d’altération qualitative de la communication (absence de langage, troubles spécifiques du langage, déficit et altération de la communication non verbale), de comportements répétitifs et stéréotypés et de troubles cognitifs avec une recherche de l’immuabilité (constance de l’environnement) .

– Le diagnostic proposé par le DSM V pour l’autisme repose sur une observation clinique de l’enfant.IL est fondé sur la présence dès la petite enfance d’un des critères suivants : une altération qualitative de gravité variable de la communication et des interactions sociales et le caractère restreint, répétitif et stéréotypé des comportements des intérêts et des activités.

– Les principaux changements du DSM V sont :
• Les troubles du spectre de l’autisme remplacent les troubles envahissant du développement.
• Trois aires deviennent deux domaines.

La prévalence de l’autisme est estimée selon les études publiées entre 1966 et 1967 à 4 enfants pour 10000, elle est passée à20 pour 10000 en 2009 [2]. Celle des TED (chez les moins de 20 ans) a été évaluée à 60 -70/10000 à partir des études publiées depuis les années 2000, soit un enfant atteint d’un TED sur 150 enfant [13].En 2012 la prévalence est passée à un enfant sur 88 enfants, celle de 2014 est de un enfant sur 68 enfants.

La prévalence de l’autisme varie également selon l’âge de la population, les taux sont généralement plus faibles lorsque sont inclus des enfants très jeunes (avant 3 et 5ans) ou des enfants plus âgés (après 12 et 13 ans). L’augmentation de la prévalence des TSA s’expliquerait en partie par :
– L’élargissement des critères diagnostiques.
– L’amélioration du repérage par les professionnels dans la population générale. [14]
– Le développement de services spécialisés permettant le diagnostic précoce du trouble .

Table des matières

Introduction
Matériel et Méthode
I. Matériel de l’étude
1. Type de l’étude
2. Population étudiée
Critères d’inclusion
3. Critères d’exclusion
4. Fiche d’exploitation
5. Le déroulement de l’étude
6. Considérations éthiques
II. Méthode statistique
Résultats
I. Données sociodémographiques et antécédents
II. Les particularités du développement psychomoteur et psychoaffectif de l’enfant
III. Caractéristiques de la maladie
IV. Données paracliniques
V. Prise en charge
VI. Evaluation de la douleur selon l’échelle GED-DI
VII. Evaluation de l’expression de la douleur selon les items de l’échelle GED-DI
Discussion
I. Autisme
1. Généralités sur l’autisme
2. Epidémiologie
3. Description clinique
4. Diagnostic positif
5. Diagnostic différentiel
6. Comorbidités et pathologies associées
7. Etiopathogénie
8. Prise en charge
9. Evolution et facteurs pronostiques
II.Douleur et autisme
1. Douleur, généralités
2. Douleur chez l’enfant autiste
3. Evaluation de la douleur
III. Discussion des résultats
IV Limites de l’étude
Conclusion 

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