Cours géopolitique de la Chine, tutoriel & guide de travaux pratiques territoire en pdf.
Perception chinoise de son territoire et de son espace stratégique
Cette perception interne qui conditionne fortement les ambitions géopolitiques Chinoises est importante à évoquer car elle est radicalement différente de la perception « occidentale ». En effet, la notion de frontière, définie comme territoire parfaitement délimité, n’est pas appréhendée de la même manière. La Chine oppose la théorie des frontières historiques au règlement par un organe arbitral ou juridictionnel communément admis en droit international public. A titre illustratif, en 1954, les autorités chinoises publient une carte révélant que les véritables frontières de la Chine sont celles de l’Empire avant la guerre de l’Opium (1840) et son corollaire, les traités inégaux. Néanmoins, la Chine n’aspire pas à la conquête d’espaces non sinisés : elle réclame une restauration et non une annexion. Selon J‐V Brisset (La Chine, une puissance encerclée ?) aux yeux des Chinois, des « Hans », le monde se décompose en cercles concentriques :
• Au centre, au Milieu, se trouve le cœur Han : « la Chine siège seule, majestueuse et impériale » ;
• Le premier cercle est formé des « Marches », terres où l’Empire a envoyé des soldats‐paysans s’installer au milieu de populations ethniquement différentes mais généralement en faible nombre. Ces soldats avec le temps en arrivent à se considérer comme les occupants légitimes du sol et en revendiquent, au nom de la « mère patrie », la souveraineté ;
• Le second cercle est composé des « vassaux », ceux qui doivent demeurer soumis et loyaux à l’Empire. A leurs égards, s’appliquait la politique du tribut : « donner en retour, jamais en premier ; donner plus pour marquer la différence ; ne jamais donner en échange, ce qui suggérerait une certaine égalité ;
• Enfin, le dernier cercle est celui des « barbares », ceux que le centre ignore ou qui sont instrumentalisés afin de servir les intérêts chinois. Ainsi, la notion de territoire est perçue comme un ensemble de cercles d’influence concentriques, de moins en moins chinois et de moins en moins soumis à la souveraineté chinoise au fur et à mesure que l’on se déplace vers l’extérieur : cette vision est conceptualisée par la notion « d’étendue de suzeraineté ».
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