Particularité des groupements végétaux

Particularité des groupements végétaux

Le fourré à Euphorbia stenoclada sur sol sableux présente un tapis graminéen semiouvert et l’embrouillassement des arbustes comme Gymonosporia linearis et Mundulea stenophylla aboutissent à la définition du fourré (Yangambi, 1956). C’est un type de végétation arbustif, fermé, sempervirent ou décidu, généralement peu pénétrable, souvent morcelé, à tapis graminéen absent ou discontinu. Les résultats confirment ceux de Salomon (1987) affirmant que le fourré est un excellent indicateur des recouvrements sableux. Cette formation végétale est identique au bas fourré xérophile arbustif à Euphorbia stenoclada décrit par Razanaka (1996). Cette formation peut résulter de l’adaptation de la forêt dense sèche à des conditions de sécheresse importante, survenant au Sud-Ouest de Madagascar (Morat, 1973). En plus, les causes de la dégradation et de la disparition de la formation primaire sont les cultures sur brûlis et les coupes sélectives des arbres. Après la dégradation, certaines espèces envahissantes sont tolérantes et s’adaptent mieux à la forte salinité du sol sableux, comme Euphorbia stenoclada et Panicum pseudovoeltzkowii. Le Fourré à Euphorbia stenoclada et Solanum hippophaeoides sur sable blanc est comparable au fourré à Euphorbia stenoclaca sur dune sableuse dans les environs de Tuléar (Rabesandratana et al 1977) avec une richesse spécifique de 76 espèces environ. La richesse spécifique du site d’étude est plus importante par rapport à celle trouvée par Vitantsoa en 2009 dans le bas fourré sur sol sableux du littoral de Morombe qui ne présente que 45 espèces. Cette différence peut être due à la pression anthropique. (2) Le débordement de l’eau salée du lac Tsimanampesotse durant la saison de pluie rend la prairie à Paspalum vaginatum et à Sporobolus virginicus en site inondable. Il pourrait être la cause du taux de salinité élevé du sol dans ce groupement végétal. Le taux de salinité du lac salé est de 33,4g/l (Rajaobelison et al., 2003), une valeur plus élevée à celle de l’eau de mer. Ce taux de salinité élevé pourrait être la cause de la faible diversité floristique car, seules les espèces halophytes (Paspalum vaginatum, Salicornia pachystachya, Salsola littoralis et Sporobolus virginicus) poussent dans ce groupement végétal. La forte salinité peut inhiber la germination des graines des espèces non tolérantes, d’où l’absence des espèces ligneuses dans cette formation. La prairie salée se caractérise par des communautés de plantes herbacées tolérantes au sel, et ces plantes doivent avoir une capacité de conserver une concentration élevée de sel présent dans le sol. (3) Les forêts sèches identifiées se subdivisent en quatre groupements (forêt sèche dégradée à Acacia bellula, forêt sèche à Capuronianthus mahafaliensis, forêt sèche à Commiphora Partie II : Discussion 63 humbertii et à Diospyros manampetsae et la forêt sèche à Cedrelopsis gracilis et à Croton geayi qui diffèrent selon leur composition floristique et le substrat. La forêt sèche dégradée à Acacia bellula et à Solanum hippophaeoides se trouve avant la limite Ouest du Parc National Tsimanampesotse. Elle forme la transition entre le fourré à Euphorbia stenoclada du littoral et la forêt sèche dans le Parc, car des espèces caractéristiques du fourré comme Euphorbia stenoclada et des espèces forestières comme Albizia spp. sont encore présentes. La dégradation de cette forêt est attribuée à la coupe sélective des essences forestières et à la récolte de bois d’énergie car l’accès est libre. Les trois types de forêts sèches (forêt sèche à Capuronianthus mahafaliensis, forêt sèche à Commiphora humbertii et à Diospyros manampetsae et forêt sèche à Cedrelopsis gracilis) se trouvent à l’intérieur du Parc et diffèrent en fonction de l’altitude, du substrat ainsi que de la composition floristique. Dans une étude antérieure, ces formations forestières ont été classées soit comme faisant partie du domaine de l’ouest (Humbert, 1955), soit comme forêts denses sèches à Didierea ou à Euphorbia (Faramalala et Rajeriarison, 1999), ou forêts sèches arbustives du Sud. Selon la classification de Razanaka (1996), ces trois types de forêts correspondent au haut fourré xérophile arbustif à Didierea madagascariensis, Andasonia fony et Commiphora lamii. Pour évaluer la richesse floristique de ces trois formations forestières du Parc National Tsimanapesotse, des études comparatives basées sur la présence/absence des espèces par rapport aux quelques Aires protégées (Menabe centrale, Mikea, Kirindy Mité, Corridor MangokyIhotry) du Sud-Ouest de Madagascar ont été faites. Les résultats montrent que le Parc National Tsimanampesotse présente une dissimilarité élevée en espèces (Figure 8). Cette différence pourrait s’expliquer par la spécificité des microclimats et des conditions édaphiques. (4) Les formations savanicoles identifiées sont parsemées d’arbres comme Poupartia caffra et par des arbustes comme Acacia spp. C’est le cas de la savane à Heterogon contortus sur sable rouge et calcaire et la savane à Aristida spp. et à Panicum voeltzkowii sur sol rouge. Les résultats confirment la définition de la savane comme des prairies ouvertes composées de graminées annuelles ou vivaces (Aubreville A. 1957). La savane peut être formée par des herbacées ou parsemée d’arbustes ou d’arbres (Roger, 1986, Scholes et Archer, 1997). Partie II : Discussion 64 Figure 8: Dendrogramme de similarité floristique entre quelques Aires Protégées (Mikea, Kirindy, Menabe centrale et Nosy Ambositra). CMI : corridor Mangoky-Ihotry dans le Sud-Ouest de Madagascar La diversité élevée des espèces fourragères suivant les formes biologiques (Arbre, Arbuste, Herbacée et liane) permet au bétail (Chèvre, Moutons et Zébus) de diversifier et de sélectionner leurs alimentations au cours des variations saisonnières. En général, Feldt (2015) a montré que les chèvres, les moutons et les zébus se nourrissent généralement de fourrages herbacés pendant la saison des pluies. Par contre, ces animaux ont des préférences pour les arbres et pour les arbustes en début de saison sèche (Feldt, 2015). II.2. Les espèces fourragères les plus importantes L’existence de huit groupements végétaux pâturés sur le Plateau Mahafaly permet aux animaux de diversifier leur alimentation. Parmi les 120 espèces fourragères inventoriées, 13 sont les plus importantes (Feldt, 2015) c’està-dire les plus consommées. Elles se répartissent dans les groupements végétaux caractéristiques des trois sites (Plateau, Parc National Tsimanampesotse et littoral) [Tableau 19]. Plus de la moitié (8 espèces) de ces espèces fourragères importantes sont représentées par la famille des Poaceae et des Fabaceae avec 4 espèces chacune. La proportion entre les espèces fourragères herbacées et ligneuses est sensiblement la même avec 6 et 7 espèces respectivement. 

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Espèces fourragères et leurs spécificités dans les différents groupements végétaux

Dans le plateau, la savane à Heteropogon contortus et à Panicum voeltzkowii abrite 3 espèces fourragères importantes dont deux ligneuses et une herbacée. Heteropogon contortus est l’espèce herbacée dominante et fréquente dans la savane à Heteropogon contortus et à Panicum voeltzkowii avec une contribution spécifique de 68%. En effet, la production de biomasse herbacée est largement représentée par Heteropogon contortus. Acacia viguieri, étant l’une des espèces ligneuses importantes, est la plus abondante. Elle est évaluée à 109 ind/ha dans la savane à Heteropogon contortus et à Panicum voeltzkowii. Ziziphus spina-christi est également présente dans cette formation mais à faible densité de (6 ind/ha). Les observations directes ont permis d’identifier que Ziziphus spina-christi est une espèce cultivée et abondante autour du village ou près des champs de culture. Les études de Feldt (2015) montrent que Heteropogon contortus assure la grande partie de l’alimentation des zébus du plateau durant presque toute l’année. Acacia viguieri et Ziziphus spinachristi représentent la majorité des fourrages pour les chèvres et les moutons durant la saison sèche. La savane à Heteropogon contortus et à Panicum voeltzkowii est le principal lieu de pâturage sur le plateau, dont la capacité de charge est estimée à 0,89UBT/ha/an correspondant à une biomasse de 1,91t/ha à la fin de la saison de pluie. Cette production est proche de celle trouvée par Ratovonirina dans la savane incluse (1,79t/ha) à Ambohimanasina dans la région Haute Mahatsiatra (Ratovonirina, 2009). Les troupeaux venant de la transhumance de la zone littorale rejoignent et pâturent dans la savane à Heteropogon contortus et à Panicum voeltzkowii durant la saison de pluie ; la production de fourrages herbacés peut encore couvrir les besoins des animaux face à la vaste surface (24 839 ha) occupée par cette formation. La faible intensité de pâturage (13,6%) enregistrée dans cette formation vérifie cette constatation. La savane à Aristida spp. et à Panicum voeltzkowii est caractérisée par la production de biomasses fourragères herbacées de 0,92t/ha pouvant nourrir 0,4UBT/ha/an. Grâce à cette potentialité, elle est classifiée comme un lieu de pâturage important, non seulement pour les animaux du plateau, mais aussi pour les animaux du littoral en transhumance pendant la saison de pluie (Janvier-Avril). Panicum voeltzkowii (Feldt, 2015) fait partie des 33 espèces de fourrage dans la formation. La contribution spécifique de cette espèce est de 15% et sa faible hauteur moyenne (5,5 cm) facilite le broutage des animaux. La savane à Aristida spp. et à Panicum voeltzkowii est un lieu de pâturage des animaux (chèvres, moutons et zébus) et elle est la végétation la plus pâturée du plateau avec un taux d’intensité de 17,7% (contre 13,6% chez la savane à Heteropogon contortus et à Panicum voeltzkowii). 

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