PALUDISME SAISONNIER A LA SULFADOXINEPYRIMETHAMINE + AMODIAQUINE CHEZ L’ENFANT
SITUATION DU PALUDISME
Le paludisme est une érythocytopathie fébrile due à la présence et au développement dans le sang d’un protozoaire du genre Plasmodium dans l’organisme humain transmis à l’homme par la piqure infectante d’un moustique femelle du genre Anopheles infectée (17). Ce parasite a été retrouvé dans le sang humain en 1880 par le français Alphonse Laveran en Algérie. C’est la première fois qu’un protozoaire fût identifié comme étant la cause d’une maladie. L’agent vecteur, l’anophèle a été découvert en 1898 par le britannique Ronald Ross. Les espèces Anopheles gambiae, Anopheles arabiensis et Anopheles funestus, parfaitement adaptés aux biotopes africains, sont les principaux vecteurs du Plasmodium. Il existe cinq espèces plasmodiales capables de contaminer l’homme à savoir P. falciparum, P. vivax, P. malariae et P. ovale auxquelles il faut ajouter P. knowelesi découvert ces dernières années en Asie du sud-est, ce dernier infectait les macaques (Macaca fascicularis) (30). La forme la plus grave du paludisme est causée par P. falciparum, responsable d’une grande majorité des décès. P. vivax, P. ovale, P. malariae provoquent des formes de paludisme « bénignes » qui ne sont généralement pas mortelles .
Situation dans le monde
Le paludisme est pratiquement inexistant à une altitude supérieure à 2000 mètres. Sa répartition géographique théorique va de 60°C de latitude Nord à 40°C de latitude Sud. Il recouvre en fait « la ceinture de pauvreté du monde » qui concerne plus de cent pays essentiellement les plus pauvres d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud et du Centre. 6 | P a g e Figure 1 : Carte de la répartition du paludisme dans le monde (Global Malaria Mapper 2015)
Situation du paludisme au Sénégal
Au Sénégal, le paludisme sévit à l’état endémique avec une recrudescence saisonnière. L’essentiel de la transmission s’effectue au cours de la saison des pluies et en début de saison sèche, période favorable au développement des espèces vectrices. La saison de transmission dure 4 à 6 mois au niveau du faciès tropical et 1 à 4 mois au niveau du faciès sahélien. La population anophéliènne du Sénégal est composée d’une vingtaine d’espèces dont trois assurent l’essentiel de la transmission : Anopheles gambiae, Anopheles arabiensis et Anopheles funestus. a. Morbidité proportionnelle palustre (Figure 2) Depuis 2008, la morbidité proportionnelle palustre est restée basse, avoisinant les 5 %. Entre 2008-2009 et 2013-2014, on a noté une baisse significative de l’indicateur passant respectivement de 5,74% à 3,07% et de 5,40% à 3,39%. La période 2010 à 2013 coïncide avec la longue période de crise traversée par le système avec une rétention des données qui a eu comme conséquence une absence de suivi. En outre, le programme a connu des périodes difficiles de retard de financement avec beaucoup d’activités de prévention et de suivi non financées ajouté à des situations de ruptures d’intrants qui ont affecté la prise en charge des cas. De 2013 à 2014, la reprise des activités notamment l’amélioration du suivi avec la levée de la grève, le financement continu des activités de prévention et de prise en charge, a permis d’infléchir les courbes de morbidité et de mortalité vers la baisse. Figure 2 : Variation du nombre de cas incidents de paludisme de 2010 à 2013 au Sénégal.
Mortalité proportionnelle palustre
La courbe de mortalité proportionnelle a connu les mêmes variations passant respectivement de 7,18 % à 4,41 % et de 7,50 % à 3,50 %. Cette baisse peut s’expliquer par : Une amélioration de la prise en charge des cas graves dans les structures sanitaires ; La couverture universelle en MILDA ; La Chimioprévention Saisonnière du Paludisme (CPS) mis en œuvre dans 4 régions au Sud et Sud-est ; L’extension de la PECADOM dans 13 régions qui a permis d’améliorer la prise en charge précoce des cas au niveau communautaire.
LA PREVENTIONDU PALUDISME
L’OMS recommande plusieurs stratégies pour la prévention du paludisme.
La lutte anti vectorielle a. Moustiquaires imprégnées à longue durée d’action Depuis une dizaine d’années, les MILDA composées d’un insecticide dans lequel a été imprégné le tissu des moustiquaires, ont été fortement recommandées comme moyen de lutte anti vectorielle. Elles ont la propriété d’avoir une durée de vie de 4 à 5 ans (22). Actuellement, cinq types de moustiquaires sont recommandés par l’OMS. Il s’agit d’Olyset® et Perma-Net-2.0® (fortement recommandées) ; et de Duranet- ®, Net Protect-®, Interceptor-® (53). Elles sont l’un des moyens de lutte les plus utilisés. 9 | P a g e En effet, le nombre de moustiquaires distribuées dans les pays endémiques d’Afrique subsaharienne, est passé de 6 millions en 2004 à respectivement 88,5 et 145 millions en 2009 et 2010, pour redescendre à 92 et 70 millions en 2011 et 2012. On estime qu’en Afrique subsaharienne la possession d’au moins une moustiquaire dans le ménage a augmenté passant de 6 % en 2000 à 56 % en 2012 et à 54 % en 2013 ; et que 86 % des personnes qui ont accès à une moustiquaire l’utilisent (69). A ce jour, 88 pays dont 39 en Afrique distribuent gratuitement les moustiquaires imprégnées. Cette dernière décennie, le défi majeur de beaucoup de pays africains était d’intensifier la couverture en MILDA avec au moins deux MILDA par ménage. Au Sénégal, entre 2005 et 2010, 6 millions de MILDA ont été distribuées (57). b. Pulvérisation (Aspersion) intra domiciliaire d’insecticides à effet rémanent La PII ou encore AID consiste à asperger d’insecticides, les murs et toits des concessions ainsi que les abris d’animaux, dans les zones impaludées en vue de réduire ou d’interrompre la transmission puisque les moustiques adultes vecteurs se reposent généralement sur ces surfaces (71). L’OMS recommande l’utilisation de 4 groupes d’insecticides que sont les organochlorés, les organophosphorés, les carbamates et les pyréthroïdes pour la PII. En Afrique du Sud, par exemple, les carbamates et les pyréthroïdes sont les plus utilisées à cause de leur coût, de leur efficacité et de leur durabilité (33). En 2012, 88 pays dont 40 en Afrique recommandaient la PII pour la lutte contre le paludisme (73). Au Sénégal, 330 000 pièces d’habitation ont été aspergées d’insecticides entre 2006 et 2009 (57). c. Lutte anti larvaire Avant la découverte du dichloro-diphényl-trichloroéthane (DDT), la principale méthode de lutte contre les anophèles, était axée sur le stade larvaire, ce qui demandait des connaissances approfondies de la bionomie des vecteurs locaux. 10 | P a g e La lutte anti larvaire nécessite une forte participation des populations locales et la poursuite des efforts pendant des dizaines d’années pour obtenir des progrès, certes lents, mais souvent durables. La connaissance détaillée des habitats des espèces a aussi permis d’élaborer des méthodes pour aménager l’environnement et d’aboutir à une lutte durable et d’un bon rapport coût-efficacité́ (49). La gestion des gîtes larvaires (GGL) fait référence à la gestion ciblée des zones de reproduction des moustiques avec pour objectif de réduire le nombre de larves et de nymphes de moustiques. Elle est uniquement recommandée en tant que mesure supplémentaire pour la lutte anti vectorielle contre le paludisme ; elle ne doit pas être utilisée pour remplacer des interventions de lutte anti vectorielle essentielles, telles que les moustiquaires imprégnées d’insecticide de longue durée (MID) et les pulvérisations intra domiciliaires d’insecticides à effet rémanent (PID). Il existe quatre types principaux de gestion des gites larvaires : La modification de l’habitat, qui implique une altération permanente de l’environnement, par exemple une remise en valeur des sols ou un drainage de l’eau de surface ; La manipulation de l’habitat, qui fait référence à une activité récurrente, comme la manipulation du niveau de l’eau, le rinçage à haut débit des courants d’eau, la création d’ombre ou l’exposition des gîtes larvaires au soleil ; Les traitements larvicides, qui impliquent l’application régulière d’insecticides biologiques ou chimiques aux plans d’eau ; et La lutte biologique, qui consiste à introduire des prédateurs naturels (poissons ou invertébrés) dans les plans d’eau (50).
INTRODUCTION |