Outils pour l’entraînement de la prise de décisions

Outils pour l’entraînement de la prise de décisions

À l’origine, Vickers (2007) identifiait sept outils pour entraîner la prise de décisions : lIa pratique variée, 2- la pratique aléatoire, 3- les rétroactions hors limite, 4- le questionnement, 5- la rétroaction vidéo, 6- l’information complexe dès le début, et 7- la modélisation. Dans les dix dernières années, l’ exercice perceptivo-cognitif (EPC) a fait son apparition dans le monde du sport de haut niveau. Cet outil s’ apparente aux rétroactions vidéo (outil 5) en ce sens qu’il exige l’emploi de séquences vidéo, mais s’en distingue par sa forme. Concrètement, la rétroaction vidéo consiste à présenter à un joueur sa performance sur vidéo. Celle-ci est ensuite analysée, commentée ou questionnée par l’ entraîneur dans une discussion individuelle (Vickers, 2007). L’EPC, pour sa part, consiste à : 1- présenter une séquence vidéo de quelques secondes à un joueur, 2- arrêter la situation à moment jugé critique pour la prise de décisions et 3- demander au joueur de sélectionner la meilleure réponse pour la situation présentée. Grâce à la répétition, l’exercice s’ avère bénéfique à la performance an améliorant le temps de réaction et la justesse des décisions dans différents sports comme le soccer (Farahani, Javadi, Q’Neil et Walsh, 2017), le softball (Gabbett, Rubinoff, Thorbun, et Farrow, 2007) et le tennis (Garcia-Gonzalez, Moreno, Gil et Villar, 2014). De plus, les effets observés sont similaires pour chaque sport et ne sont pas affectés par son type (Mann, Williams, Ward et Janelle, 2007). Selon Broadbent et ses collègues (2015), la principale faiblesse de l’EPC demeure tout de même le manque de réalisme puisque l’observation d’une séquence vidéo est une tâche encore distante de la prise de décisions en compétition. Cette observation et les avancées technologiques ont mené au développement d’une variété d’EPC plus complexe les uns que les autres.

Variantes de l’exercice perceptivo-cognitifs 

Premièrement, Gabbett et ses collègues (2007) ont critiqué l’utilisation exclusive de vidéo puisque celle-ci ne reproduit pas entièrement le processus de décisions qui est le résultat d’une combinaison des perceptions et des actions des athlètes (Vickers, 2007). Ils ont démontré que le couplage de l’EPC avec une réponse motrice permettait d’améliorer le temps de réaction sur le jeu comparativement aux vidéos seules. Concrètement, l’athlète est invité à reproduire, complètement ou en partie, le geste qu’il aurait dû poser dans la séquence observée. Les effets bénéfiques de cet outil ont été démontrés à maintes reprises (Gabbett, Rubinoff, Thorbun et Farrow, 2007; Hopwood, Mann, Farrow et Nielsen, 2011 ; Milazzo, Farrow et Fournier, 2016).

Deuxièmement, Hohmann et ses collègues (2016) ont plutôt relevé l’absence de perception de profondeur associée à l’utilisation du vidéo. Pour remédier à la situation, ils ont choisi d’utiliser des images en trois dimensions (3D) et ont démontré que cette stratégie permet aussi d’améliorer les effets bénéfiques de l’EPC. Cette fois, l’ajout de la perception de profondeur par les images 3D a aussi permis de diminuer le temps de réponse comparativement aux vidéos seules.

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Troisièmement, Lorains et ses collègues (2013a) ont émis l’hypothèse qu’accélérer les images présentées aux joueurs améliore le réalisme de l’EPC. Cette stratégie avait déjà été utilisée avec des pilotes d’avion pour améliorer leurs perceptions de réalisme des images visionnées. Ce faisant, ils ont démontré que l’accélération des séquences vidéo augmentait les effets de l’EPC sur la prise de décisions pour des athlètes de niveau élite en football australien. D’ailleurs, les mêmes effets ont été observés chez des athlètes de niveau professionnel en soccer (Farahani et al., 2017). Par contre, ces effets n’ ont pas pu être reproduits avec des athlètes de niveau novice (Lorains, BaU, et MacMahon, 2013b).

Jusqu’ à maintenant, les différentes variantes de l’EPC présentées exigent l’utilisation de matériel et de méthodes qui ne sont pas adaptées à cette réalité. Par exemple, le couplage de la perception et de l’ action exige que le joueur soit placé seul devant un écran (Gabett et al., 2007). De surcroît, l’utilisation d’image en 3D exige l’ achat de matériel dispendieux et un ajustement complexe des séquences vidéo (Hohmann, ObelOer, Schlapkohl, et Raab, 2016). Quoiqu’intéressantes, ces méthodes ne s’adaptent donc pas au contexte et à la réalité des entraîneurs de jeunes joueurs. La recherche et les avancées technologiques ont mené à l’apparition de plusieurs variantes de l’EPC, mais ces avancées sont difficilement intégrées par les entraîneurs de niveaux développement, dû aux particularités du contexte et à la nécessité de l’ ajustement des pratiques professionnelles par l’entraîneur. Ceci renvoie à la cristallisation des habitudes (Stoloff, 2012) et la résistance au changement face aux nouveautés (BruneUe, Stoloff, Roy, Desbiens, et Spallanzani, 2008), ici l’EPC et ses évolutions. Cette affirmation nous mène à proposer un changement de perspective dans l’ étude de l’EPC, jusqu’ à maintenant concentrée sur le réalisme (Zentgraf, Heppe, et Fleddermann, 2017). Ce changement s’opère en deux temps. D’abord, par l’identification d’une variante de l’EPC adapté au contexte et à la réalité de l’entraîneur de jeunes joueurs. Puis, par la mise en place de modalités pour accompagner l’ entraîneur dans le changement de sa pratique professionnelle.

Table des matières

1. INTRODUCTION
2. PROBLÉMATIQUE
2.1. Outils pour l’entraînement de la prise de décisions
2.2. Variantes de l’exercice perceptivo-cognitifs
2.3. Considérations pour l’utilisation de l’exercice perceptivo-cognitif par un entraîneur
de jeunes joueurs
2.4. Soutenir le changement de pratique chez l’entraîneur
3. CADRE CONCEPTUEL
3.1. Accompagnement
3.2. Apprentissage
3.3. Satisfaction
3.4. Objectifs de recherche
4. ARTICLE
5. DISCUSSION
5.1. Phase de programmation
5.2. Phase d’interaction
5.3. Phase d’évaluation
5.4. Limites
6. CONCLUSION

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