Origine, Systématique et Caractéristiques botaniques et morphologiques
Le mil pénicillaire est une céréale qui aurait été domestiquée au sud du Sahara où existent les centres primaires de diversité renfermant les espèces cultivées et les espèces sauvages. Actuellement, une très large gamme de variétés, de longueurs de cycle et de caractères morphologiques différents, se rencontre en Afrique occidentale et centrale.
Le mil appartient au genre Pennisetum de la famille des graminées, série des Panicoïdes, tribu des Paniceae. Ce genre compte près de 140 espèces. Sur le plan écologique, il résiste aux températures élevées et est adapté à la sécheresse. Au plan physiologique, c’est une plante en C4 (DOWTON et TREGUNA, 1968; MAITI et BISEN, 1990; POUZET et PUARD, 1972) du groupe enzyme malique à NADP+ (LAVERGNE et al., 1979). Il est caractérisé par une haute capacité d’assimilation du CO2 de l’ordre de 2,77 mgCO2 m-2 s-1 (McPHERSON et SLATYER, 1973).
Le mil présente un port érigé avec une hauteur pouvant varier de 0,5 et 4 m en fonction de la variété et de l’humidité de la zone. Comme toutes les graminées, sa tige porte des nœuds et des feuilles engainantes. Ces dernières, longues de 20 à 100 cm et larges de 5 à 10 cm, sont parallélinerves, amphistomatées et ont une disposition alterne. Chaque nœud est limité par deux entre-nœuds dont chacun porte un bour geon axillaire.
Ce dernier pouvant donner une talle aérienne. Une talle est une tige adventive qui peut être florifère et fructifère. Le mil présente un tallage particulièrement fort et ceci en fonction de la densité de semis, de l’alimentation hydrominérale. Le nombre de talles est considéré comme un bon indicateur des conditions de nutrition du stade 5-6 feuilles jusqu’à la montaison (DIOUF, 1990).
Le nombre de talles basales susceptibles de donner des épis, dépend de la n utrition azotée (COALDRAKE et PEARSON, 1985). Ces derniers soulignent que chez le mil, contrairement à d’autres céréales (blé, orge, riz) dont le tallage débute avec l’apparition de la quatrième feuille du brin-maître, l’émergence de la première talle ne se produit qu’avec la formation de la sixième ou septième feuille. Cette première talle ne serait pas issue du bourgeon de la première feuille mais de celui de la deuxième où troisième feuille (LAMBERT, 1983a).
Système racinaire du mil et son évolution au cours du développement de la plante
Le système racinaire du mil est de type fasciculé (figure 2). Il est concentré dans les trente premiers centimètres du sol, mais certaines racines peuvent descendre jusqu’à trois mètres de profondeur (CHOPART, 1980). La racine séminale apparaît vingt quatre à quarante huit heures après le semis. Elle possède un géotropisme positif très prononcé et sa croissance est rapide. Dans les conditions optimales de germination, cinq jours après le début de celle-ci et trois jours après la levée, la longueur de cette racine est de dix centimètres et son diamètre est un millimètre.
A ce stade, elle possède déjà un chevelu racinaire assez important mais de faible longueur : la plupart de ces radicelles ont une longueur de l’ordre d’un centimètre et leur diamètre est très faible (CHOPART, 1980). Quand la plante atteint trois feuilles c’est-à-dire neuf à dix jours après le début de la germination, apparaît la première racine adventive juste au-dessus de la surface du sol. Quelques jours après, même si elle peut être dépourvue de racines secondaires, elle possède des poils absorbants.
Ensuite, très rapidement, d’autres racines adventives vont apparaître au niveau du collet puis des premiers nœuds, très proches du collet. Deux semaines après la levée, la plante débute son tallage; la racine séminale reste toujours visible mais va bientôt disparaître par un phé nomène de nécrose. Si la plante a bénéficié de conditions de croissance favorables, l’enracinement se compose déjà de plusieurs racines adventives; celles-ci sont en pleine phase d’élongation suivant une direction oblique. Leur longueur maximale est de trente centimètres et elles possèdent encore peu de racines secondaires (CHOPART, 1980). La période d’initiation de racines adventives se situe surtout entre le quinzième (tallage) et le soixantième jour (floraison). A la récolte, chaque pied compte en moyenne deux à trois cent racines soit environ vingt cinq racines par talle (CHOPART, 1980).
Facteurs influençant la croissance et le développement racinaires
Le développement et la croissance des racines d’une plante dépendent à la fois de facteurs physiques et chimiques liés au sol. 7 Les principaux facteurs physiques qui peuvent avoir une influence sur le développement des racines et sur la vitesse de progression de celles-ci, sont la texture, l’état hydrique, la température et la porosité. La croissance des racines est favorisée par une texture grossière (FEHRENBACHER et RUST, 1956).
Un sol exerce une résistance mécanique à la pénétration des racines quelque soit sa texture (ATWELL, 1993). La résistance des sols a une influence prépondérante sur la croissance racinaire. Les auteurs HENIN et al. (1960) ont rapporté que les sols sableux fins et tassés sont en général mal explorés par les racines. En sol argileux humide, le milieu peut être déformé par les racines (CHAMPION et BARLEY, 1969). En définitif, tout dépend alors de la dimension des pores du s ol et du di amètre des racines. Cependant l’assèchement du sol s’accompagne d’une augmentation de résistance mécanique qui est un facteur défavorable à la croissance alors qu’une période sèche de courte durée agit sur certaines graminées en stimulant l’initiation racinaire dans la période qui suit la réhydratation (PICARD, 1973).
La température du sol, fonction de son l’humidité, du rayonnement solaire, et du couvert végétal, stimule la rhizogénèse, agit sur la direction de croissance des racines (ONDERDONK et KETCHESON, 1973) mais son action est particulièrement marquée sur la vitesse de croissance (GAUTHERET, 1968). Cependant, son élévation doit rester dans les limites compatibles avec une bonne activité métabolique des cellules racinaires. La porosité représente le pourcentage de vides dans un sol c’est-à-dire la part du volume inoccupé par la phase solide.
Elle a une influence sur l’aération du sol et est fonction de la granulométrie et de la structure. Au Sénégal, pour le cas des sols sableux à faible porosité, on note une corrélation positive entre la porosité du sol et la croissance racinaire. Ceci a été observé sur les principales cultures (BLONDEL, 1965; NICOU et THIROUIN, 1968; CHOPART et NICOU, 1976; CHOPART, 1980).