OPTIMISATION DE MARQUAGE INTRACELLULAIRE
POUR LA DETECTION DES CYTOKINES PRO- ET ANTI INFLAMME
Les spondyloarthrites (SPA) sont des rhumatismes inflammatoires chroniques qui se distinguent des maladies auto-immunes par l’absence de modifications immunologiques humorales, bien qu’il existe une participation indéniable de l’immunité aussi bien innée qu’adaptative [38]. Elles ont en commun des manifestations cliniques (articulaires et extraarticulaires), des aspects radiologiques et un terrain héréditaire attesté par la liaison avec l’Ag HLA-B27. Sur le plan étiologique, l’étiologie exacte est inconnue ; ce pendant des facteurs étiologiques ont été décrits regroupant les facteurs génétiques et environnementaux qui agissent de concert [38]. La présence de facteurs environnementaux sur un terrain génétique va entrainer un déséquilibre entre les cytokines pro-inflammatoires et anti-inflammatoires contribuant ainsi à la genèse de la maladie. En effet, les lymphocytes (Th17) après stimulation secrètent des cytokines pro-inflammatoires qui initient l’inflammation locale au niveau des tissus cibles (Enthèses, l’uvée, l’aorte etc…) [10 ; 38]. Au plan pronostique la présence de cytokines pro-inflammatoires est considérée comme un facteur de mauvais pronostique car entrainant les destructions au niveau des tissus cibles. Enfin au plan thérapeutique, les SPA pour lesquelles on note plus de cytokines inflammatoires (Tumor necrosis factor (TNF)) répondent mieux aux anti TNF [20]. Il serait ainsi important d’évaluer les cytokines pro- et anti-inflammatoires au cours des SPA par le biais une cohorte de malades. Il est ainsi nécessaire d’optimiser la méthode utilisée. Les études évaluant l’optimisation des techniques de marquage et de stimulation ont été effectuées aux Etats Unis par Amanda A.P. Ng et al et a porté sur l’optimisation de la fixation avec le Cyto-Chex® Transfix® et PFA [1], par Hermi R et al [18]. 2 Ainsi, le but de ce présent travail est l’optimisation de la détection par marquage intracellulaire de l’interleukine 10 (IL-10) et de l’interleukine 17 (IL-17) chez les patients sénégalais atteints de SPA en vue d’une étude plus vaste du rôle de ces cytokines dans les SPA.
HISTORIQUE DES SPONDYLOARTHRITES
Les SpA sont considérées comme étant le rhumatisme inflammatoire chronique le plus vieux de l’humanité [37]. En effet, des manifestations cliniques ressemblant à celles de la spondylarthrite ankylosante (SA) ont été découvertes sur la momie du pharaon Ramsès II (1279- 1213 avant JC) [22]. Au XVIeme siècle, Matteo Realdo Colombo, médecin italien, rapporta la première description anatomique de la SA [22]. Au XIXeme siècle, l’association avec le psoriasis, les entérocolopathies, le syndrome oculo-uréthral fut démontré [22]. Entre 1893 et 1898, les publications de Pierre Marie en France, d’Adolph von Strümpell en Allemagne et de Vladimir Bechterev en Russie ont permis de faire un diagnostic de cette pathologie, en rapportant un tableau d’ankylose quasicomplet [21]. En 1931, Forestier et Sicard ont décrit les syndesmophytes et ont rapporté la classification des sacro-iléites [20 ; 21 ; 22]. En 1970, l’association de l’antigène HLA-B27 avec la SA fut découverte [34], puis plus tard confirmée pour la plupart des autres sous-types de SpA [25 ; 29]
EPIDEMIOLOGIE DES SPONDYLOARTHRITES
Fréquence Prévalence
La prévalence des SPA dans le monde est évaluée à 0,1 à 2% dans la population générale [36]. En Europe, la prévalence des SpA dans les populations de souche caucasienne varie de 0,3 à 1,9%. Elle est proche de celle de la polyarthrite rhumatoïde dans les études récentes . Aux États-Unis, la prévalence des SpA est de 0,21 % . Cette prévalence est cependant plus élevée dans certaines tribus Indiennes d’Amérique du Nord et chez les Esquimaux de l’Alaska où elle est estimée à 1,6 % et 4,5 % . En Asie, la prévalence des SpA est estimée à 0,26% comme en Chine . En Afrique noire, les SpA sont classiquement considérées comme rares . Des études ponctuelles rapportent cependant des cas isolés . L’estimation de la prévalence des SpA est inférieure à 0,1% . Au Maghreb, la prévalence des SpA n’est pas connue, mais elle semble plus élevée qu’en Afrique noire
Incidence
Elle est plus élevée aux États-Unis et dans le nord de l’Europe où elle est estimée entre 6,4 et 10 pour 100 000 habitants. Cependant, elle est plus basse dans des zones comme la Grèce (1,5/100 000), au Japon (0,5/100 000) et en Afrique
Sexe
Les SpA étaient considérées comme plus fréquentes chez les hommes. Cependant, le sex-ratio semble diminuer au cours du temps. Dans l’étude française de Epirhum 2 le sex-ratio était de 1/1 [27 ; 36].
Age Ce groupe d’affections touche les adultes jeunes, avec un début des symptômes entre 20 et 40 ans dans la majorité des cas
PATHOGENIE
Si l’étiologie exacte des SpA demeure encore inconnue, cependant des facteurs étiologiques ont été décrits. Il s’agit ici de facteurs génétiques et environnementaux agissant de concert et entrainant des modifications immunologiques.
Facteurs génétiques
L’existence de facteurs génétiques est attestée par des études familiales (étude sur des jumeaux et des enfants adoptés) et les modèles animaux. Elle est confirmée par des études d’associations, études cas-témoins, études de liaison. Ainsi plusieurs gènes certains appartenant au système HLA et, d’autres non ont été incriminés
Gènes du système HLA
Gène HLAB27 L’association entre le gène de HLA-B27 et les SA a été rapportée pour la première fois en 1973. Cette association a ensuite été observée pour d’autres pathologies du groupe des SpA et largement confirmée dans différents pays du monde. La fréquence du B27 dans la SPA est de 90 à 95 % [10 ; 26]. Différentes hypothèses ont été proposées pour essayer d’expliquer le rôle de la molécule HLA-B27 dans la pathogénie des SpA. Ces hypothèses peuvent être divisées en deux catégories : les théories spécifiques d’antigène, et les théories non spécifiques de l’antigène . Théories spécifiques d’antigène Ces théories s’appuient sur la description des caractéristiques structurales de la molécule HLA-B27. En effet, il a été mis en évidence un motif caractéristique de la molécule HLAB27. Cette dernière est constituée de résidus particuliers au sein de la poche B de liaison au peptide antigénique, en comparaison avec les autres molécules HLA-B. Ce motif a été initialement déduit de la séquence des six 6 premiers sous types de HLAB qui ont été identifiés (HLA-B*2701-06), et a conduit à proposer que les SpA puissent résulter de la présentation par la molécule HLA-B27 de peptides particuliers . Hypothèse du « peptide arthritogène ». Elle propose que la présentation par la molécule HLA-B27 d’un peptide, provenant d’un antigène exprimé spécifiquement dans les tissus cibles (articulations, enthèses), soit responsable de l’activation d’une population de lymphocytes T (LT) CD8+ auto-réactifs. Cette hypothèse s’appuie sur plusieurs travaux, rapportant l’existence de clones T cytotoxiques restreints par la molécule HLA-B27 et dirigés soit, contre des antigènes bactériens, soit contre des autoantigènes .
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