Obstacles au dépistage des sévices sexuels chez les mineurs

Le fait de forcer une personne inférieure à 18 ans, ou de l’inciter à prendre part à des activités sexuelles constitue des sévices chez un mineur dont le viol en est la forme majeure. Les sévices sexuels sont des atteintes à l’intégrité physique et psychique des enfants, car ils n’ont pas encore la maturité et le développement suffisants pour comprendre le sens et/ou les conséquences [1- 3]. D’un point de vue légal, toute atteinte sexuelle commise avec ou sans consentement, violence, contrainte, menace ou surprise chez un mineur, est passible des tribunaux des instances pénales. Il n’y a pas de distinction selon le sexe de l’auteur du crime ou de la victime, ni selon la nature de l’acte..

Les sévices sexuels constituent un problème mondial de santé publique avec un enjeu majeur médico-légal. Chez les enfants, ils sont plus ou moins sous estimés, avec une importante différence de prévalence selon le genre. Chez les filles, le taux mondial de sévices sexuels est de 18% contre 7,6% chez les garçons. Dans les pays africains le taux est plus élevé avec une fille sur trois, victime d’abus et pour les garçons, un taux variant entre 9 a 18% selon le pays [4]. Les sévices sexuels sont négligés chez les garçons à cause de sa faible fréquence, d’où la rareté des études sur les abus sexuels, qui les concernent..

RAPPEL SUR LES SEVICES SEXUELS 

DEFINITION

Les définitions des sévices sexuels de l’enfant sont complexes et non consensuelles. Ces définitions font intervenir la notion d’implication d’enfants ou d’adolescents, dans des actes sexuels en contradiction avec les lois et ou les tabous de la société dans un contexte d’abus. La notion d’abus implique toute forme d’interaction sexuelle sous contrainte entre deux personnes dont une se trouve en position de pouvoir par rapport à l’autre [3, 5, 6]. Il existe plusieurs types d’activités sexuelles avec ou sans contact physique qui constituent des sévices. Le viol en est la forme majeure. Il s’agit d’un acte avec contact physique qui implique une pénétration anale, génitale ou orale forcée. Cependant chez les mineurs, le consentement de la victime n’élimine pas le caractère abusif de l’acte [1, 7]. L’incitation des enfants, à pratiquer toutes formes de relations sexuelles constitue ainsi des sévices sexuelle.

RAPPEL SUR LE PLAN JURIDIQUE 

Selon le code pénal de Madagascar, et la Loi N° 2007-023 du 20 août 2007 sur les droits et la protection des enfants, toute forme d’agression sexuelle commise sur un mineur est passible d’amende et d’emprisonnement. Les actes que ce soit un viol ou des actes sexuels avec consentement chez un mineur, quelle que soit le sexe de la victime et de l’agresseur constituent des infractions au code pénal.

EPIDEMIOLOGIE

La plupart des études montrent qu’environs 20% des femmes et 5 – 10% des hommes ont été abusés sexuellement dans leur enfance [9]. La prévalence de sévices sexuels chez la population masculine semble être faible. Cependant, le rapport de un viol d’homme sur 10 viols de femmes, permet d’obtenir le chiffre de cinq milles victimes de sexe masculin par an en France, qui n’est pas un chiffre à négliger [5]. Pour le taux des sévices sexuels chez les garçons, il varie en fonction de l’âge de la victime et en fonction des pays.

LES OBSTACLES AU DEPISTAGE DES SEVICES SEXUELS CHEZ LES MINEURS

Chez les enfants, les sévices sexuels subis ne sont pas toujours révélée au moment de l’incident. En général, ils ne sont dévoilés que plusieurs mois, voire plusieurs années plus tard. Souvent les victimes avouent les faits, qu’à partir de l’adolescence ou à l’âge adulte. Avant l’âge de 4 ans, l’obtention d’une révélation claire et spontanée est rare. Le retard de dénonciation des faits est lié à plusieurs facteurs [7, 10] qui doivent être connus car la crédibilité des déclarations de sévices sexuels faites par les enfants, est parfois mise en doute par la famille et les professionnels.

Les facteurs liés aux contextes sont, la culture, la religion, les contextes violents en marge de la société ou généralisés. Les facteurs qu’on retrouve chez les victimes sont leur maturité, la crainte des représailles, la honte, la culpabilité, proximité affective avec l’agresseur, sa crédibilité et la peur des conséquences du dévoilement. Dès fois, il existe des professionnels qui devraient faire des signalements de sévices sexuels en cas de constat mais ne le font pas. Le tabou sur la sexualité, le domaine privé du contexte de l’agression, la crainte des réactions de l’entourage et les conséquences d’un dévoilement ou simplement le manque de formation les empêchent de le faire.

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DIAGNOSTIC D’UN CAS DE SEVICES SEXUELS CHEZ LE GARÇON 

Circonstances de découverte

Les circonstances de découverte des sévices sexuelles sont variées. Elles peuvent être, repérées par un professionnel de santé, de l’enfance ou par l’entourage de la victime. Ils pourront découvrir des signes n’ayant aucune explication rationnelle et font suspecter ainsi des sévices sexuels, surtout dans les cas de viol [1, 10, 12]. Dès fois, c’est la victime elle même qui révèle les sévices par des propos évocateurs parfois explicites auprès de son entourage [13]. Lorsque l’enfant dévoile les sévices, il est recommandé de porter une attention particulière aux attitudes qui accompagnent ces propos. Il faut les interpréter avec prudence et bienveillance. Parfois les mineurs peuvent présenter des comportements qui semblent contradictoires .

Les signes, faisant suspecter des sévices sexuels

Les signes médicaux

Les enfants victimes de sévices sexuels en général subissent en même temps des violences physiques. Ils peuvent présenter plusieurs types de lésions associées. Ces lésions peuvent être au niveau de la peau à type de plaie, cicatrice ou brûlure. Dans les maltraitances, elles ne se localisent pas dans des zones habituellement exposées aux chutes banales chez l’enfant en âge de marcher. Les lésions se trouvent sur le thorax, le dos, le siège, les organes génitaux, la face postérieure des cuisses, les oreilles, l’angle de la mâchoire, l’apophyse mastoïde, les joues, la lèvre supérieure, le frein de la langue ou des lèvres, le cou, la nuque, la face antérieure des avant-bras, les épaules, les bras et la face dorsale des mains .

Les brûlures subies au cours d’une maltraitance physique ont en général une caractéristique particulière. Ce sont des brûlures par contact et prennent la forme de l’objet brulant utilisé. Par exemple une cigarette ou un fer à repasser. Il peut y avoir aussi des fractures et /ou des luxations, des lésions internes, comme le lésions viscérales et thoraciques, une hémorragie rétinienne, un hématome sous-dural, une hémorragie intracérébrale et une surdité par une gifle ou des coups sur l’oreille. Ces lésions doivent toujours être soigneusement documentées.

Il existe des signes fortement suspects qui évoquent des abus à caractère sexuel. Ces signes sont, la présence de sperme sur le corps de l’enfant ou ses vêtements, les infections sexuellement transmissibles, les traumatismes se situant dans les parties génitales, périnéale et anale. Ils peuvent être récents ou cicatrisés. Ce sont des blessures, fissures, béance anale, fistule recto-anale ou des saignements rectaux. Ils peuvent aussi se manifester par des douleurs pelviennes, génitales et anales.

Dès fois, les signes physiques d’une agression sexuelle ne sont pas aussi nets, aussi graves ou aussi caractéristiques que ceux décrits ci-dessus. Des examens immédiats d’une victime de sévices sexuels violée ne permettent toujours pas de détecter des dommages corporels.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I.DEFINITION
II. RAPPEL SUR LE PLAN JURIDIQUE
III. EPIDEMIOLOGIE
IV. OBSTACLES AU DEPISTAGE DES SEVICES SEXUELS CHEZ LES MINEURS
V. DIAGNOSTIC D’UN CAS DE SEVICES SEXUELS CHEZ LE GARÇON
V.1. Circonstances de découverte
V.2. Les signes faisant suspecter une agression sexuelle
V.2.1. Les signes médicaux
V.2.2. Les indices psychosociaux
V.3. Approche médical
V.3.1. Examen clinique
V.3.1.1. Interrogatoire
V.3.1.2. Signes fonctionnels
V.3.1.3. Examen physique
V.3.1.3.1. Signes généraux
V.3.1.3.2. Signes physiques
V.3.1.3.2.1. Examen ano-genital
V.3.2. Examen paraclinique
V.3.2.1. Dépistage des infections
V.3.2.2. Prélèvements médico-légales
V.4. Diagnostique positif
V.4. Diagnostique différentiel
VI. PRISE EN CHARGE
VI.1. Les objectifs de la prise en charge
VI.2. Prise en charge thérapeutique
VI.2.1. Les moyens thérapeutiques
VI.2.2. Indications
VI.2.3. Suivi
VI.3 Prise en charge médico-légale
VI.3.1. Le signalement
VI.3.2. Rédaction du rapport médico-légale
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I.METHODES
I.1 Cadre de l’étude
I.2. Type et période d’étude
I.3. Population d’étude
I.4. Variable étudié
I.5. Mode d’évaluation
I.6. Mode de collecte des données
I.7. Analyse statistique
I.8. Limites de l’étude
I.9. Ethiques
II. RESULTATS
II.1.Description de l’échantillon
II.2.Epidémiologie
II.2.1. Prévalence
II.2.2. Age
II.2.3. Lieu de l’agression
II.2.4. Moment de l’agression
II.3. Caractéristique de l’agresseur et contexte d’agression
II.4. Description clinique
II.4.1. Délai de consultation
II.4.2. Circonstance de découverte
II.4.3. Les signes fonctionnels
II.4.4. Les signes physiques
II.4.4.1. Les signes anaux
II.4.4.3. Lésion périnéale
II.4.4.4. Les renseignements de l’examen au toucher rectal
II.4.4.5. Lésions extra-génitales
II.5. Description paraclinique
II.5.1. Sérologie de la syphilis
II.5.2. Sérologie de la VIH
II.5.3. Sérologie des hépatites B et C
II.5.4. Résultat du frottis urétral
II.5.5. Recherche de spermatozoïde
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I. EPIDEMIOLOGIE
II. DESCRIPTION CLINIQUE
III. EXAMEN PARACLINIQUE
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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