L’AP est reconnue pour avoir des effets bénéfiques chez les personnes en bonne santé. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS, 2015) : « elle réduit notamment le risque de maladies cardiovasculaires, de diabète, d’ostéoporose et aide aussi à maintenir son poids et favorise l’équilibre psychologique. Il est recommandé d’avoir au moins 30 minutes d’exercice par jour ».
D’après des recommandations internationales (Department of Health Physical, 2004), les enfants en âge d’être scolarisés devraient pratiquer au moins une heure par jour d’AP modérée à intense. Les données concernant l’AP chez l’enfant atteint d’une maladie chronique ne sont cependant pas assez développées (Williams & Stevens, 2013). Il semble toutefois que cette population devrait commencer l’exercice dès le plus jeune âge afin d’en garder une habitude de vie. Le libre choix de l’activité est essentiel et l’amusement ainsi que l’épanouissement doivent en être les maîtres mots. Les activités conseillées sont : la course à pied, le vélo, la marche, la natation, le trampoline, le volleyball, le tennis de table, la danse, le badminton. Le mieux est de combiner plusieurs sports afin d’être plus attractif et moins lassant à long terme. La littérature démontre néanmoins une réduction de l’AP chez le patient atteint de mucoviscidose par rapport au sujet sain (Aubriot & al., 2014).
Obstacles à l’AP
Les patients pédiatriques atteints par la mucoviscidose ont une tolérance à l’exercice réduite. Le poids de la maladie et ses différentes complications rendent de ce fait l’AP irrégulière et affaiblissent les possibilités de rester actif (Williams & Stevens, 2013). Il existe de multiples raisons à un manque d’exercice physique : des aspects physiologiques ou encore psycho-sociaux.
Paramètres physiologiques
Au niveau pulmonaire, dans le cas d’une atteinte pulmonaire modérée à sévère, une hyperinflation dynamique s’ajoute à l’hyperinflation statique (augmentation du rapport volume résiduel/capacité pulmonaire totale (VR/CPT) > 30%). L’hyperinflation dynamique peut être la cause d’une amplification du travail des muscles respiratoires, pouvant amener une hypoventilation alvéolaire et une carbonarcose. Au niveau cardiaque, on retrouve une tachycardie de repos et d’effort. La fonction ventriculaire droite puis gauche peut se dégrader avec le temps. Des problèmes de l’ordre du statut nutritionnel peuvent également entraver la pratique de l’AP (Aubriot & al., 2014).
Paramètres psycho-sociaux
Les motifs de non-pratique d’une AP sont divers : la surprotection parentale, la peur propre à l’enfant, le manque de connaissances et de compréhension de la maladie de la part des enseignants et des professionnels de la santé ou encore l’isolement social dicté par l’enfant lui-même ou par ses pairs (Williams & Stevens, 2013).
Effets de l’AP
Les effets de l’AP sont multiples, tant du point de vue respiratoire que sur des paramètres plus généraux. L’entraînement de la capacité aérobie ainsi que le renforcement musculaire ont prouvé des bénéfices sur la santé du patient (Williams & Stevens, 2013). Même en cas d’exacerbations, l’exercice s’est avéré aussi efficace qu’un traitement de physiothérapie respiratoire classique (Agnew & Owen, 2011). L’AP entraîne notamment une diminution ou un ralentissement du déclin des fonctions pulmonaires. Chez un sujet sain, la dégénérescence physiologique de la fonction pulmonaire correspond à ± 1% par an, alors que chez le patient atteint de mucoviscidose elle peut atteindre jusqu’à 3% par an. Les effets de l’exercice se ressentent à court terme avec une amélioration du VEMS, de la capacité vitale inspiratoire (CVI) ou encore une diminution de l’inflammation pulmonaire. Ils se font également ressentir à long terme avec un déclin annuel de la capacité vitale fonctionnelle (CVF) inférieur à celui des patients ne pratiquant pas d’AP (Aubriot & al., 2014). L’exercice physique, associé à la physiothérapie respiratoire de désencombrement, est aussi efficace pour prévenir les infections pulmonaires récurrentes et aider à l’élimination du mucus (Williams & Stevens, 2013). Une diminution des besoins en antibiotiques a également été démontrée dans une étude publiée par Urquhart et al. (2012).
De plus, grâce à l’AP, on note des effets positifs sur la capacité physique : la tolérance à l’effort est augmentée et de ce fait la survie suit la même tendance. Ajouté à cela, une amélioration de la qualité de vie est soulignée : à la faveur d’une réduction de la dyspnée, le patient reprend confiance en lui, développe une meilleure estime de soi et améliore son image corporelle (Aubriot & al., 2014). L’AP a également un effet favorable sur la densité osseuse. Cette dernière est corrélée au niveau d’exercice : un haut niveau d’activité est lié à une meilleure densité minérale osseuse ce qui diminue le risque d’ostéoporose. En abaissant ce risque d’ostéoporose, le risque de développer des fractures pathologiques ainsi que des hypercyphoses est diminué. Ces dernières peuvent entraîner des fractures vertébrales ou costales et créer des déformations de la cage thoracique, elles mêmes responsables d’une diminution de la capacité pulmonaire et d’une toux inefficace. Finalement, cela peut accélérer l’avancée de la maladie (Agnew & Owen, 2011).
Modalités
L’objectif des programmes d’entraînement est d’augmenter les performances afin d’arriver à un niveau plus confortable d’exercice et d’accroître les activités de la vie quotidienne (AVQ). Il est important d’allier un entraînement d’endurance avec un programme de renforcement pour gagner en masse musculaire notamment (Dodd & Webb, 2008).
La fréquence idéale semble être de trois fois par semaine. La récupération entre les séances est primordiale afin d’éviter une surcharge musculo-tendineuse et un échec de la thérapie lié à une fatigue trop importante.
L’intensité de l’exercice s’effectue entre 60 et 80% du travail maximum (Wmax) du test d’effort, c’est-àdire à une fréquence cardiaque (FC) entre 70 et 85% de la FCmax. Pour obtenir des bénéfices, il est nécessaire d’atteindre une FC cible et un essoufflement modéré (Aubriot & al., 2014). De plus, pour améliorer la condition physique, il est essentiel d’arriver à une consommation d’oxygène de l’ordre de 50 à 60% de la consommation maximale d’oxygène (VO2 max). En ce qui concerne le renforcement, il est recommandé de commencer avec une quinzaine de répétitions effectuées aisément, puis d’augmenter progressivement le nombre de répétitions et finalement la charge (Dodd & Webb, 2008) .
Idéalement, une séance devrait durer 30 à 45 minutes en comprenant un échauffement de cinq à dix minutes et cinq minutes de retour au calme. La durée doit progressivement augmenter jusqu’à des sessions d’entraînement entre 60 et 90 minutes. Les résultats bénéfiques apparaissent uniquement si le programme est effectué sur une durée minimale de six à huit semaines (Aubriot & al., 2014).
1 Introduction |