Observation macroscopique du secteur de la rénovation française
Enquête / Observation des usages
Une analyse plus approfondie du secteur est nécessaire pour cartographier les de la rénovation. Les données existantes aujourd’hui, notamment pour le marché français, ne permettent pas de définir clairement ce que sont les priorités d’un chef d’entreprise en rénovation. Ce dernier pourra s’interroger aussi bien sur l’intérêt de privilégier le passage à la maquette numérique ou sur la pertinence d’obtenir des labels reconnus du public et de sa clientèle. Il a d’ailleurs été rappelé au paragraphe 2.2 qu’il trouvera sur Internet assez peu de conseils ou d’aides spécifiques à son activité en vue du déploiement du BIM au sein de son entreprise. De nombreuses attentes ou développements sont également encore à imaginer pour satisfaire, aider et convaincre les professionnels du secteur d’investir dans la maquette numérique. Certaines études précisent à ce sujet qu’il existe bien évidemment des risques de résistance au changement, lors de l’implantation de solutions numériques dans le bâtiment (Hartmann et Fischer, 2009), mais que seule la connaissance du terrain et des réponses appropriées permettront de les atténuer. Ces auteurs insistent sur la nécessité de travailler en prise directe avec les chantiers et avec les acteurs lors du développement. Les professionnels de la rénovation n’ont pas tous les mêmes besoins ni les mêmes compétences. Ils n’aspirent pas non plus tous au même niveau de maîtrise des outils mis à leur disposition. La rénovation ne peut pas être résumée par un processus normatif unique. Envisager pour tous une seule et même réponse qui serait optimale ne serait donc ni réaliste ni cohérent. Toutefois, pour accélérer la mutation numérique des entreprises, une enquête française 64 française : visant à mieux cerner les activités du secteur de la rénovation et leurs besoins essentiels se devait d’être réalisée.
Mise en place d’une enquête
Moyens mis en œuvre
Pour un état des lieux précis, les données ont été recueillies via 1 à 3 heures d’entretiens en face à face, entre décembre 2016 et mars 2017. Ces entretiens étaient semistructurés, mixant des questions ouvertes et fermées. Cette approche a permis de découvrir la façon de travailler des PME, d’observer les installations, les moyens informatiques, et parfois les machines ou les stocks en place, et ainsi de mieux cerner les sociétés. Comme le décrivent Savall et Zardet, l’intention est ici « descriptive » (constitution d’un corps de connaissances sur l’objet de recherche), « explicative » (apport par raisonnement d’interprétation et d’explication des phénomènes observés) et, dans les travaux qui suivront, « prescriptive » (propositions de recommandations, suite aux observations, pour transformer l’objet étudié) (Savall et Zardet, 2004). Les objectifs de ces entretiens sont à michemin entre le conseil (obtention de résultats enrichissant la connaissance et le corpus d’hypothèses existants) et la recherche-intervention (pas de résultat préétabli) pour la poursuite du travail. En ce sens, l’approche adoptée est assez similaire à celle utilisée dans l’étude de Khosrowshahi pour l’industrie de la construction au Royaume-Uni (Khosrowshahi et Arayici, 2012). L’objectif de l’enquête était d’obtenir une « image fidèle de la situation actuelle », des besoins et des usages des entreprises auxquels le BIM pourrait répondre et la meilleure façon d’y parvenir. Pour cela, une population représentative du secteur de la rénovation21 a été choisie de manière à comprendre puis à construire des modèles sur une base solide inspirée d’observations de terrain. Les principaux métiers et professions impliqués dans la rénovation, tels que définis par l’Observatoire des Métiers du BTP (Observatoire des Métiers du BTP, 2016), ont été considérés (électricité, plomberie, couverture, maçonnerie, etc.). Les sociétés exercent généralement plusieurs activités, de sorte que les particularités de chacun des 16 principaux métiers et professions (Figure 11) ont été abordées entre 2 et 7 fois au cours de l’enquête. Les retours obtenus ne se limitent pas aux corps de métiers et activités de l’entreprise. Toutes les sociétés étant en contact avec beaucoup d’autres acteurs, les habitudes et contraintes de travail d’un panel de professionnels beaucoup plus large ont ainsi pu être capitalisées. Enfin, pour plus de commodités, l’enquête et certains éléments d’analyse ont été réalisés avec l’aide du logiciel Sphinx Plus²-V5.
Représentativité de l’enquête
Toujours selon l’Observatoire des métiers, la construction couvre 2 grands secteurs : la construction et le génie civil. Ce dernier, qui ne représente que 7 % de l’ensemble, n’est pas considéré dans ce travail. Le panel d’entreprises interrogées a été formé à partir de la mise en réseau, via des conseils de la Fédération Française du Bâtiment et la méthode d’échantillonnage « boule de neige ». L’enquête a été principalement réalisée en Bourgogne-Franche-Comté (BFC) dont la française : distribution par taille d’entreprises est proche des répartitions nationales (INSEE, 2016b), comme le précise le Tableau 9.