Objectif principal Risque thrombotique et charge allélique JAK2 V617F

Objectif principal Risque thrombotique et charge allélique JAK2 V617F

Sur les 112 patients mutés JAK2 étudiés et suivi jusqu’en mai 2018 (cf figure 1), nous retrouvons un risque de récidives d’événements thrombotiques (thromboses artérielles et veineuses) augmenté au delà de 25% de charge allélique JAK2 en analyse multivariée (p=0.027). Ce résultat est en accord avec les articles de la littérature, (78) (80) étudiant la survenue d’événements thrombotiques dans le suivi des NMP. L’étude de Carobbio (78) montre un risque thrombotique total plus élevé à partir de 25% de charge allélique JAK2 chez les TE et les PV confondus.

L’équipe de Bertozzi (80) montre aussi qu’une charge allélique supérieur à 50% dans les TE et PV augmente le risque de thrombose au suivi des patients. Lorsque que nous nous intéressons précisément au suivi des PV, nos résultats ne montrent pas de différence significative au risque de 5% en analyse multivariée. Nous concluons seulement à une tendance à faire plus d’événements thrombotiques au cours du temps chez les PV avec plus de 25% de charge allélique. Concernant les PV étudiées seules, les résultats des études dans la littérature (58), (69), (70), (71), (72) sont très hétérogènes sur la question.

L’étude prospective de Vannucchi (70) sur 173 PV conclue à un risque thrombotique plus important chez les patients avec une charge allélique > 75% par rapport à ceux ayant une charge allélique < 25%. Mais l’étude prospective de Passamonti sur 338 PV (71) ne montre pas de différence significative entre la charge allélique JAK2 > 50% et la charge allélique JAK2 < 50%. De plus deux autres études rétrospectives (58) (69) viennent controverser nos résultats puisque qu’elles ne montrent aucune différence significative entre la charge allélique et le risque thrombotique des PV.

Ces résultats contradictoires peuvent s’expliquer par des différences entre : le nombre de patients, les techniques de PCR, les traitements utilisés, les modèles statistiques employés et par les covariables prises en compte qui sont très disparates entre les études. Nous n’avons pas pu évaluer le risque thrombotique chez les TE et les MFP. Dans la TE, la charge allélique semble plus facilement être associée à une augmentation des thromboses artérielles au diagnostic et des thromboses veineuses et artérielles récidivantes (58), (74), (76), (77). Seule 2 études (73), (75) ne retrouve pas de différence significative entre la charge allélique et le risque thrombotique au diagnostic et au suivi des TE.

Etude des facteurs de risque de thrombose

Le tabac et les plaquettes < 450G/L sont des facteurs prédictifs de thrombose retrouvés au diagnostic des NMP dans notre étude. Le tabac est un facteur de risque cardiovasculaire de thrombose artérielle décrit dans les NMP par certains auteurs (21). Plusieurs équipes dont Landolfi (50) et Tefferi (91) ont montré que la thrombocytose n’est pas considérée comme un facteur de risque de thrombose. Nos résultats vont dans le même sens que Gugliotta (92) qui 81 observe que la fréquence de thromboses était significativement supérieure chez les patients présentant un taux de plaquette < 700 G/L par rapport à ceux >700 G/L.

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Pris séparément, la TE et la PV présentent des facteurs de risques différents en fonction des thromboses artérielles et veineuses. Le sexe masculin, la leucocytose >11 G/L et l’hypertension artérielle ont été identifiés comme des facteurs de risques de thromboses artérielles dans la TE et pas dans la PV. Ces résultats sont en accord avec l’étude de Carobbio sur 891 TE (21). La différence entre les facteurs de risques pour les thromboses artérielles et veineuses est liée à un rôle spécifique de la leucocytose et des marqueurs inflammatoires dans les artères. La présence de facteurs de risques cardiovasculaires et l’hyperleucocytose dans la TE doivent être pris en compte et une approche thérapeutique plus agressive pourrait être envisagée.

Etude des thromboses veineuses cérébrales et embolies pulmonaires

Nous avons voulu déterminer en seconde partie d’étude, la fréquence de la mutation JAK2 V617F sur toutes les TVC et embolies pulmonaires adressées au laboratoire entre 2017 à 2018. Nous retrouvons une fréquence de la mutation JAK2 de 15% sur les TVC. Notre fréquence à l’APHM est élevée comparé à la littérature, rapportant dernièrement une prévalence de 5,6% (33). Cette différence peut s’expliquer par notre faible effectif. Puis par la sensibilité de notre technique qui est de 0,1% alors que celle utilisée par Lamy (33) sur les thromboses veineuses cérébrales est de 1%.

Les outils moléculaires que nous utilisons sont également différents des autres auteurs (techniques commerciales/maisons, amorces sens et anti-sens différentes, gène de ménage différent). La fréquence de la mutation JAK2 atteint 13,6% pour les embolies pulmonaires. Ce chiffre nous interpelle car la majorité des études étudiant cette question rapporte une prévalence de moins de 2%. Une hypothèse pourrait être en plus de la forte sensibilité de notre méthode, la sélection des patients par les différents services spécialisés de l’APHM (médecine interne, centre de thrombophilie, service de neurovasculaire) qui demandent une recherche de mutation JAK2 chez des cas où la thrombose serait inexpliquée par les autres facteurs de risques.

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