Depuis 1978, l’économie chinoise a enregistré des taux de croissance spectaculairement supérieurs à ceux des autres pays industrialisés, grâce à un basculement d’une économie planifiée, ignorant le commerce international vers une économie plus orientée vers le marché qui a rapidement conduit à la forte croissance de son secteur privé. En 2004, la Chine avait été la cinquième plus importante économie du monde, et d’après les estimations économiques récentes, elle serait déjà devenue la deuxième économie la plus importante du monde, après les Etats-Unis. Dans la même foulée et dans le contexte du commerce international, elle est devenue, le troisième exportateur et importateur mondial, bouleversant ainsi la géographie des échanges internationaux. Ces dernières années, la Chine s’est particulièrement tournée vers les pays africains, consolidant et développant continuellement les relations économiques avec ceux-ci.
Face au contexte actuel de la mondialisation, Madagascar n’échappe pas à la participation aux échanges avec cet acteur emblématique du commerce international. En effet, le volume et la valeur des échanges Chine-Madagascar n’ont cessé d’augmenter depuis 1995, que ce soit en exportations ou en importations. De l’année 2000 à 2004, le volume des échanges chinois avec Madagascar est passé de 1 à 16 % du volume total des échanges de la Chine dans le continent africain, plaçant Madagascar à la troisième place des pays africains le plus en relation avec la Chine en matière commerciale, en 2004. Par ailleurs à partir de 2006, la Chine devient le premier pays de provenance des importations de Madagascar, devançant la France qui occupait pendant longtemps cette place. En effet, en 2008, les importations en provenance de la Chine constituaient 21% de l’ensemble des exportations de la grande île.
LES THEORIES CLASSIQUES DU COMMERCE INTERNATIONAL
Les économistes se sont longtemps posés des questions sur ce qui pousse les pays à s’engager dans les échanges, les gains et les pertes éventuels que ces derniers peuvent en tirer ou encore, la structure des échanges et bien d’autres sujets relatifs au commerce. Plusieurs modèles et théories économiques sur le commerce international se sont ainsi développés, tentant tour à tour d’amener une réponse à chacune de ces questions et de déterminer les meilleurs choix en termes de politiques. Parmi ces modèles nous ne développerons ici, que les deux théories de base du commerce international dans un premier temps le célèbre modèle de David RICARDO, puis dans un second temps le modèle de HECKSCHER-OHLIN-SAMUELSON (HOS).
LE MODELE RICARDIEN : THEORIE DES AVANTAGES COMPARATIFS
La théorie des avantages comparatifs ou modèle ricardien est née de l’analyse de l’économiste britannique, classique, David Ricardo, au début du XIXe siècle, dans le cadre du commerce extérieur. Cette théorie reste l’un des fondements de base de la théorie de l’économie internationale, à ce jour. Le principe de cette théorie vise à démontrer la supériorité du libre-échange sur l’autarcie en termes d’avantages économiques. Deux raisons poussent en effet les pays à ouvrir leur marché : le fait de posséder respectivement des spécialités respectives d’une part et le fait de vouloir profiter des économies d’échelle d’autre part. La première raison s’appuie sur le fait que « les nations tout comme les individus, peuvent bénéficier de leurs différences en s’arrangeant de sorte que chacune se consacre à ce qu’elle fait relativement le mieux » . D’un autre côté, l’ouverture permet une production à une plus grande échelle, et donc plus efficiente, des produits auxquels les pays sont les mieux habilités, et d’en bénéficier ainsi des rendements d’échelle qui en découlent. L’ouverture au commerce extérieur permet en effet d’agrandir la taille de son marché plutôt que de se contenter d’un commerce national beaucoup plus limité.
David Ricardo affirme ainsi, que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production où il est le plus apte. Plus explicitement, le principe s’énonce ainsi : « Les pays sont gagnants à l’échange s’ils se spécialisent dans la production du (des) biens qui supporte(nt) le(s) coût(s) de production relatif(s) le(s) plus faible(s) et s’ils importent le(s) bien(s) qui supporte(nt) le(s) coût(s) de production relatif(s) le(s) plus élevé(s). » . Il est important de souligner que la démonstration du modèle repose sur plusieurs hypothèses notamment, (1) le travail est le seul facteur de production, (2) les rendements sont constants – c’est-à-dire qu’il n’y a pas de progrès technique, (3) la mobilité parfaite intersectorielle des facteurs de production; (4) l’immobilité internationale des facteurs de production; (5) l’inexistence des coûts de transport; (6) les échanges sont basés sur le troc ; (7) la théorie de la valeur (8) le plein emploi, (9) l’inexistence de coût de transport interne et externe.
Le principe des avantages comparatifs à travers un exemple chiffré
Pour expliquer le principe, Ricardo considère le cas de deux pays , la Grande Bretagne et le Portugal. Les deux pays produisent ensemble deux biens : du vin et des draps. Pour simplifier l’analyse, on suppose qu’un seul facteur concourt à la production de ces biens: la quantité d’heures de travail, et qui constitue donc le coût de production. Les trois hypothèses précitées ci-dessus se combinent avec cette dernière. Le tableau suivant nous montre la quantité d’heures de travail nécessaires à la production de chaque bien, respectivement dans les deux pays.
Les limites et les contraintes du modèle de Ricardo
Afin de maximiser les gains tirés des échanges, notre modèle suggère une spécialisation très poussée voire extrême de la part de chaque pays. Une telle spécialisation n’est évidemment pas envisageable dans la réalité à cause de l’existence de plusieurs facteurs de blocage, dont les trois principaux sont «l’existence de plusieurs facteurs de production diminue la tendance à la spécialisation, les pays protègent parfois leurs industries contre la concurrence étrangère, il est coûteux de transporter les biens et services et dans certains cas, le coût de transport est suffisamment élevé pour conduire les pays à l’autosuffisance dans certains secteurs » .
La première raison de la remise en question du modèle de Ricardo concerne la considération d’un seul facteur de production. En reconsidérant cette hypothèse, c’est-à-dire en introduisant plusieurs facteurs de production, les conclusions ne seront plus les mêmes. En effet, dans sa théorie, Ricardo, en considérant les bénéfices que peut tirer un pays du commerce international dans son ensemble, néglige les effets de redistribution de revenu provoqués par le commerce international. C’est cette négligence qui sera corrigée dans le modèle des facteurs spécifiques que nous aborderons dans la deuxième section de notre étude. La deuxième raison concerne le fait que l’ouverture au commerce international n’offre pas que des avantages aux pays concernés, l’ouverture aux marchés extérieurs peut engendrer des risques sérieux et des conséquences indésirables pour les pays. C’est pour cette raison que certains pays vont appliquer des politiques de restriction de leur marché afin de se protéger contre ces effets indésirables, en limitant leur ouverture aux échanges avec l’extérieur. Enfin, les avantages comparatifs ne sont plus pertinents lorsque les coûts de transport des biens à échanger sont très élevés. En effet, si les coûts de transport peuvent atteindre des niveaux tels que les avantages relatifs dans la production d’un bien donné viennent à disparaître. Il ne serait donc plus rentable pour le pays de s’engager dans les échanges car malgré une productivité élevé dans un secteur, il ne serait plus à même d’importer à meilleur prix afin que l’autre pays accepte lui aussi de se spécialiser ou d’exporter à son tour.
En résumé, malgré le fait que certaines remises en question puissent rendre le modèle des avantages comparatifs totalement pertinente, les tests empiriques effectués sur le modèle tendent à corroborer ses deux déductions principales – à savoir que les différences de productivités jouent un rôle important dans le commerce international et que c’est l’avantage comparatif plutôt qu’absolu qui le structure.
LE MODELE DE HECKSCHER-OHLIN-SAMUELSON (HOS)
Le modèle HOS est un modèle qui part de l’hypothèse selon laquelle les échanges entre les pays sont dus à des différences dans leurs dotations en facteurs de production plutôt que leurs caractéristiques climatiques, géographiques, humaines ou autres, comme le suggère l’approche par les avantages comparatifs. Dans un souci de synthèse, nous ne présenterons ici que l’analyse de P. Samuelson. Cette analyse conserve bien sûr l’essentiel des conclusions des deux premiers auteurs du concept. » .
Présentation du modèle
Ce modèle reprend le concept d’une économie qui produit deux biens et qui répartit l’offre de travail entre les deux secteurs. Contrairement au modèle de Ricardo, on considère ici, l’existence de plusieurs facteurs de production et non le seul facteur travail. L’analyse se focalisera donc à trois facteurs, le capital, le travail et la terre. Les deux biens qui vont être produit par l’économie seront les biens manufacturés, utilisant du capital et du travail, d’une part, et les biens alimentaires, utilisant de la terre et du travail, d’autre part. Ici, le travail constitue le seul facteur mobile pouvant se déplacer entre les deux secteurs, le capital et la terre restent respectivement des facteurs spécifiques aux industries et à l’agriculture. En effet, ces deux derniers facteurs ne peuvent quasiment pas être réaffectés à un autre secteur dont l’activité diffère de l’activité initiale à laquelle ils étaient destinés.
Pour un niveau de stock de capital (K) ou de terre (T) donné, on pourra déterminer la quantité produite (Q) par chaque secteur à chaque variation de l’input de travail dans ce secteur. Cette quantité est fonction croissante de cet input de travail (L). En notant, LI et LA les quantités de travail respectives utilisées par le secteur industriel et le secteur agricole, on obtient la quantité de travail total :
L = LI + LA
Au fur et à mesure que la quantité de travail augmente, la quantité produite augmente. Cependant, cette augmentation ne se fait pas de manière uniforme. Elle se fait plus rapidement dans une première phase, mais aura tendance à diminuer dans une seconde phase . En effet, dans le secteur des biens manufacturés, plus il y aura de travailleurs, moins il y aura de capital disponible pour chaque travailleur, d’où une diminution de la productivité. La même chose se produit dans le secteur agricole, plus il y aura de travailleur, moins il y aura de terre à cultiver disponible pour chaque travailleur. Nous appelons productivité marginale du travail (PM), l’augmentation de la quantité produite suite à une augmentation d’une unité supplémentaire de l’input travail. Ainsi, dans chaque secteur, lorsque la quantité de travail augmente, la productivité marginale diminue, tandis que cette dernière augmente lorsque la quantité de travail diminue.
Introduction |