NECESSITE DE LA REINSERTION SOCIALE DES MINEURES DEVIANTES
GENERALITE SUR LA DELINQUANCE JUVENILE
la délinquance juvénile dans différents niveaux
La délinquance juvénile est un phénomène complexe, lié au développement de la société urbaine et industrielle, et à l’évolution des mœurs dans le monde moderne. Elle est au cœur du débat public depuis la fin des années 1990 en raison de sa croissance, dans un contexte marqué par l’augmentation de la délinquance en général et du sentiment d’insécurité. C’est une notion qui intéresse à la fois le juriste, le sociologue et le psychologue. Ce phénomène évolue dans le temps et dans l’espace, mais nous allons nous intéressé davantage à son évolution dans l’espace. Voyons alors quelques différentes formes de délinquance juvénile spécifiques à quelques parties du monde. – La délinquance juvénile à Antananarivo Depuis quelques années, le pays s’est engagé dans la lutte contre le tourisme sexuel. Des grands moyens ont été déployés pour n’arriver finalement qu’à peu, voire aucun changement. Pourtant, cette face de la prostitution n’est que la partie émergée de l’iceberg, comme l’a indiqué un reportage de la Rfi : « Mineures prostitués, le fléau des quartiers populaires d’Antananarivo ». Dans les bas quartiers d’Andavamamba, des 67ha ou aussi d’Isotry, une dizaine de milliers de jeunes, encore mineures, s’adonnent à ce triste métier et ce dès qu’elles sont pubères, c’est-à-dire entre 12 et 13 ans. Ces filles sont majoritairement issues de familles modestes qui ne peuvent plus supporter financièrement leurs études. Dès fois, ce sont mêmes les parents qui encouragent ces jeunes dans ce milieu, soucieux de voir leurs enfants apporter une contribution économique. Le manque d’alternative les pousse à se prostituer pour gagner un peu d’argent. En moyenne, elles gagnent 1 000 à 10 000 Ar par client . Les clients sont eux aussi des personnes venant des bas quartiers ayant comme métier : tireur de poussepousse ou dockers ou encore commerçants. La situation familiale joue aussi un grand rôle dans ce problème. Dans des familles éclatées, les parents renient leurs enfants et les jettent hors du foyer familial. Aussi, livrées à eux-mêmes, la prostitution est leur seule chance de trouver de quoi se nourrir. La présence massive des bars et karaokés dans ces quartiers favorisent également ce métier dégradant. Une image déformée selon laquelle avoir des téléphones portables à la pointe de la technologie, des vêtements à la mode, des scooters qui leur sont donnés par la société peut aussi être un des facteurs majeurs de leur « insertion » dans ce milieu, ainsi que le contact avec d’autres prostituées. Au même titre, la présence massive des « maisons de passe » à très bas prix, 1 000 Ar le quart d’heure7 . A part toutes ces formes de délinquance juvénile que nous avons vues, il y en une autre dans la capitale qui va surprendre beaucoup de personnes : c’est la bagarre entre des clans de jeunes filles. Habituellement, ce genre de délit est commis par des jeunes garçons mais cette fois ci, ce sont les jeunes filles qui sont concernées. Cette forme de délinquance gagne en général les quartiers où il y a beaucoup d’écoles comme Antanimena ou Mahamasina. D’après les responsables d’écoles, il n’y a pas de grandes causes pour se combattre mais il suffit de se provoquer dans les réseaux sociaux et on se donne rendez-vous. Dans ce cas, cet outil de communication a un effet néfaste. La vie d’un clan est observée par les autres à travers les réseaux sociaux, ce qui va entrainer une jalousie chez les autres si elles se sentent être au-dessous. Tout le monde veut alors être leader dans son territoire. La délinquance et la déviance évoluent dans le temps et dans l’espace. Le délit qui se passe en Amérique Latine n’aura pas la même ampleur en Afrique ou dans d’autres parties du monde. Les facteurs et les manifestations de la déviance ne sont pas les même que quand il n’y avait pas encore de la technologie dans la société. – La déviance et délinquance juvénile en Amérique Latine Lorsque nous parlons de délinquance juvénile, l’Amérique Latine est une des grandes références. Parmi les pays qui s’y trouvent, la Mexique est l’un des plus dangereux à cause de ces jeunes délinquants. Là-bas, les jeunes filles comme les jeunes garçons (surtout d’origine populaire ou défavorisée), adhèrent très précocement les groupes qui œuvrent dans le trafic de stupéfiants. Souvent, cette activité est associée au meurtre. A 14 ans, un petit garçon apparaissait déjà dans trois séquences vidéo sur Internet. Dans la première, le gamin boit des bières dans un bar. Dans le deuxième film, terrifiant, c’est une silhouette cagoulée qui égorge un homme devant la caméra. La dernière révèle un gosse qui décrit son job de tueur à gages : il est payé 2 300 euros par tête8 . Ils font ces meurtres pour se débarrasser des personnes qui risquent de nuire au développement de leur trafic. La capture de ce jeune délinquant par l’armée mexicaine, en décembre 2016, a éclairé d’une lumière crue l’utilisation d’enfants par les grands opérateurs de drogue. Lors de son arrestation, il travaillait depuis trois ans (c’est-à-dire depuis ses 11 ans) pour le « cartel du Pacifique Sud » des frères Beltran Leyva qui est une bande de dealers et de tueurs au Sud du pays Mexicain. Il torturait et tuait sur commande. « Sous la menace », a-t-il précisé, avant d’ajouter : « Au début, en tout cas. » Le comble est qu’à son coté, il a quelqu’un qui l’assiste et l’aide, qui est une jeune fille de 16 ans à peine. Les gros bras du crime organisé voient les jeunes membres des pandillas9 , ces bandes de petits criminels issus des quartiers défavorisés, comme des recrues faciles. « Des centaines de mineurs sont enlevés, enfermés dans des camps d’entraînement, drogués puis envoyés commettre des crimes », explique Edgardo Buscaglia, chercheur à l’université américaine de Columbine, dans l’Etat de Virginie. Au cours des cinq dernières années, selon l’Unicef, les autorités ont perdu la trace de plus de 75 000 8 Source : Magazine « le latino » du 14 Novembre 2015, page 3 9 Bande de jeunes 5 mineurs, dont 20 000 environ ont été victimes des trafiquants. Beaucoup figurent aujourd’hui parmi les 50 000 morts et les innombrables disparus de la guerre qui ensanglante le Mexique depuis six ans . Les spécialistes s’accordent à dire que la sanction a une place dans l’éducation, mais elle ne peut pas être la seule mesure prise à l’encontre des mineurs. Le traitement imposé aux jeunes délinquants et déviants n’a de sens que s’il leur permet de se réhabiliter et que s’il leur redonne des chances d’insertion, comme le cas du centre Akany Avoko Faravohitra qui œuvre dans ce domaine. Les normes de la société varient dans l’espace mais il y toujours celles qui sont en communes pour des espaces différents. Le délit qui se passe fréquemment au Mexique pourrait être méconnu dans un autre pays. Chaque endroit a alors ce qui le différencie. La délinquance juvénile pourrait être autrement à Madagascar, notamment à Antananarivo. Le centre Akany Avoko Faravohitra est un parmi les centres à Madagascar qui prennent en charge les mineures délinquantes. Il sera nécessaire de connaitre un peu plus ce terrain où nous avons mené notre étude.
Le centre de rééducation
– L’historique du centre Le centre Akany Avoko Faravohitra est un centre de réinsertion des jeunes filles mineures délinquantes. L’établissement est privé et a un but non lucratif. Il a été créé par deux assistantes sociales originaires de Suisse : Sophie Van Willy et Elisabeth Dorder. Elles étaient venues à Madagascar dans le but d’aider les victimes d’inondations survenues à Madagascar en 1959. A l’époque, beaucoup de filles et de femmes se trouvaient emprisonnées. Au début, les membres des œuvres de bienfaisance de l’Eglise protestante avaient invité les deux femmes suisses à assister à leur réunion durant laquelle elles avaient exposé lors des visites effectuées à la prison, que les droits de la femme et des enfants n’étaient pas manifestement respectés. Comme suite logique, le Président de l’Eglise de l’époque avait fait toutes les démarches auprès des Ministères concernés afin d’ouvrir un centre pour remédier à ces problèmes. En 1962, le Ministère de la Justice sortait une ordonnance 62.0.38 du 19 Septembre, qui agréait l’ouverture d’un centre de réinsertion sociale à Faravohitra, relative à la protection de l’enfance à Madagascar. Elisabeth Dorder a été la première directrice du centre. En 1972, le centre vit le jour, et a été dénommé « Avoko » nationalement. Jusqu’à ce jour, le centre accueille des filles délinquantes envoyées par décision du juge des enfants. Elles y sont rééduquées. Des éducatrices et assistantes sociales leur donnent des formations appropriées, et les aident pour qu’elles aient le comportement qu’elles devraient avoir lorsqu’elles seront libérées – La localisation En haute ville se trouve le centre Akany Avoko Faravohitra, en bordure de la rue ; en face du centre, il y a la Radio Aceem et l’AMADIA ; donc, facilement repérable et d’accès facile. Pour plus de précision, le centre sis à Faravohitra, lot 33 bis lalana RAKOTOMALALA, est à cent mètres au nord du Ministère de la Justice. – L’objectif du centre Il a pour but de guider les internées à avoir une vie meilleure, et de protéger les jeunes filles en danger moral et physique afin de les préparer à réintégrer socialement la société. Ainsi, il a pour responsabilité de donner un nouveau départ aux délinquantes afin qu’elles ne soient plus des inadaptées sociales après avoir acquis une autonomie qui leur est nécessaire pour commencer une vie plus épanouie. Vivre dans le centre procure aux bénéficiaires un avant- goût de la vie en groupe, ainsi, elles sauront facilement s’adapter dans la vie communautaire. – Les interventions du centre et les activités proposées Le service travaille 24 heures sur 24. Le jour est occupé par deux éducatrices, à part la Directrice. Elles se relaient chaque jour, s’occupent des internées de 9 heures jusqu’à 17 heures et de 17 heures jusqu’à 9 heures du matin du lendemain. Les activités journalières des internées sont reparties en 4 parties, comme les activités culturelles, les tâches ménagères, les activités professionnelles et le repos. Le centre forme les filles professionnellement, généralement à travers les formations en artisanat comme la pratique de la broderie et de la vannerie. Dans les travaux de broderie, il s’agit de reproduire les dessins à l’aide des ficelles, sur des mouchoirs, des nappes de tables. Dans cette activité, les jeunes filles sont reparties selon leur savoir-faire. Les débutants, la plupart du temps, se recrutent parmi les nouveaux venus, et constituent la masse des apprentis. Les catégories moyennes, bien que anciennes dans le centre, mais qui n’évoluent pas assez, ont des difficultés à tisser. Et enfin, les jeunes filles qui sont plus compétentes, plus habiles, se chargent de préparer leurs œuvres comme les nappes et les œuvres pour l’exposition. Quant à la vannerie, l’éducatrice leur apprend à vanner des fibres de « raphia » dans le but de réaliser des produits d’artisanat comme des paniers, des sacs à mains, des sous plats, des vases et autres. Ces activités professionnelles se font dans le but de préparer l’avenir des jeunes filles. Puis, les activités ménagères et journalières, comme se doucher, cuisinier ; sont adoptées dans le but d’aider ces jeunes filles à s’adapter à une vie programmée. Enfin, les autres activités sont le club de la bonne nouvelle, l’étude de l’évangile, l’élaboration des sketchs tirés de la bible, qui apprennent aux jeunes filles de prendre soin de leur esprit. Comme toute institution, le centre a une hiérarchie bien définie. Cela permet à chacun un statut et un rôle pour mieux s’organiser. Schéma 1 : l’organigramme du centre Source : Akany Avoko Faravohitra, juin 2017 L’Assemblée générale de la FFPM collabore avec le Ministère de la population et le ministère de la justice. Ils Prennent ensemble les décisions pour la réalisation du travail de réinsertion. Le Bureau exécutif de la FFPM se charge de l’exécution de la décision de l’assemblée générale avec les ministères concernés. Le Ministère de la justice a individuellement un rôle important qui est le placement des enfants. La Directrice quant à elle est le garant du bon fonctionnement du centre parce qu’elle cherche les financements et représente le centre lors des grandes réunions qui peuvent susciter des retombées. Elle élabore aussi les stratégies pour améliorer de mieux en mieux la qualité de l’éducation octroyée aux enfants qui sont les bénéficiaires. Enfin, elle fait le rapport de séjour des filles au centre devant le tribunal afin de demander leur acquittement. Les éducatrices, elles s’occupent des enfants dans le centre en veillant sur le respect des règlements internes. Pour se faire connaître, le centre a aussi son logo. Cela lui permet d’avoir une marque sur le niveau national, voire même international. Ce logo n’est pas une simple photo parce qu’on y trouve les bonnes valeurs que les dirigeants veulent montrer et symbolise les objectifs qu’ils ont soif d’atteindre.
PARTIE 1 : CADRAGE DE L’ETUDE |