Le micro système
Le micro système se définit comme étant « une dynamique d’ activités, de rôles et de relations interpersonnelles vécue par la personne en développement dans un cadre aux caractéristiques physiques et matérielles particulières. » [traduction libre] (Bronfenbrenner, 1979, p. 22). Plus précisément, le cadre est « le lieu où les personnes peuvent facilement s’engager dans une interaction directe. » [traduction libre] (Bronfenbrenner, 1979, p. 22). Les micro systèmes comportent un cadre pouvant être mis en place à la maison, au lieu de travail, de culte, etc. qui est plus ou moins favorables à des activités ainsi qu’aux acteurs auprès desquels l’individu entretient des relations interpersonnelles (p. ex. membres de la famille, amis, enseignants, collègues de travail, etc.). Par ailleurs, le réseau familial ou amical sont des éléments de cette structure écologique qui ont une influence directe sur l’individu.
Ce dernier a une participation directe et active à l’intérieur des milieux de vie qui caractérisent ses microsystèmes. En fonction de la proximité des micro systèmes et de la continuité des interactions que ceuxci offrent à l’individu, ils représentent des facteurs déterminants dans son développement. Avec le temps, une personne a tendance à contribuer à divers microsystèmes (p. ex. le travail, équipe sportive, etc.). D’ ailleurs, les microsystèmes peuvent changer en fonction de l’âge de l’individu ou même de son rôle. Par exemple, le micro système est le premier système dans lequel l’enfant se développe, soit sa famille. Puis, un autre microsystème peut intervenir, soit le service de garde ou la maternelle, ce qui forme un mésosytème. Bien que les microsystèmes contiennent des particularités objectives, les êtres humains les expérimentent de façon subjective (Bronfenbrenner, 1979).
Le mésosytème
Pour ce qui est du mésosystème, il réfère aux interactions et aux liens entre au mOlfiS deux microsystèmes. Bronfenbrenner (1979) propose quatre types généraux d’interconnections entre les microsystèmes. Tout d’abord, les interrelations entre ceux-ci peuvent être directes. Autrement dit, elles proviennent d’une participation active de l’individu au sein de chaque microsystème. Les liens entre ces structures écologiques peuvent également être indirects. En effet, ils peuvent découler d’une intervention réalisée par un intermédiaire dans le cas où l’individu n’occupe pas une participation active à l’ intérieur des microsystèmes. Aussi, les interconnections peuvent se réaliser par l’intermédiaire de modes de communication entre les micro systèmes, soit les « messages transmis d’un microsystème à l’autre avec la ferme intention de fournir une information spécifique aux personnes de l’autre microsystème. » [traduction libre] (Bronfenbrenner, 1979, p. 210). La communication peut se faire de différentes façons, soit par l’intermédiaire d’interactions face à face, des messages envoyés sur les réseaux sociaux, des échanges téléphoniques, etc. Enfm, les connaissances que possède un microsystème sur un autre auront une incidence sur le modèle de mésosystème qui va se créer entre les microsystèmes et les individus en faisant partie. Cette structure écologique permet de saisir les effets des interactions que l’individu cultive avec son environnement proximal. Des parents qui réalisent des activités avec leurs enfants, en présence de leurs amis, permettront à deux rnicrosystèmes, leurs amis et leur famille, de développer un lien (Bronfenbrenner, 1979). Il est à noter qu’un mésosystème chaotique provenant d’une incohérence entre les microsystèmes peut avoir des répercussions négatives sur le développement de l’individu (Bronfenbrenner et Evans, 2000).
Le chronosystème
Quelques années plus tard, Bronfenbrenner enrichit sa taxonomie des systèmes. Il définit celui lié au temps: le chronosystème. Ce système permet d’analyser l’incidence des continuités et des changements qui surviennent au fil du temps à travers les environnements dans lesquels l’individu évolue sur son développement (Bronfenbrenner, 1986). Par exemple, l’évolution du micro système famille, la mise en place des maternelles 4 ans, les nouveaux programmes des services de garde, etc. Ces changements dans le temps ont un impact autant sur le système familial et qu’auprès de l’enfant. Par ailleurs, ce système fait aussi référence à la transition écologique qui apparait dans les travaux de Bronfenbrenner (1979). Celle-ci survient lorsque la position d’un individu dans son environnement se modifie suite à un changement de cadre, de rôle ou des deux. Les transitions (p. ex. l’entrée à l’ école, changer d’emploi, prendre sa retraite, etc.) et les périodes de remise en question (p. ex. deuil, séparation, etc.) amènent souvent un changement quant au cadre et au rôle de l’ individu dans son environnement. Les transitions écologiques sont en même temps un déclencheur et une conséquence des avancements du développement.
Donc, il conçoit qu’elles représentent les procédés d’adaptation et d’interaction d’un individu et son environnement (Bronfenbrenner, 1979). Celles-ci peuvent être normatives (p. ex. la puberté, l’entrée sur le marché du travail, la retraite, etc.) puisqu’elles représentent des transitions prévisibles qui sont souvent vécues par un grand nombre d’individus à la fois. À l’inverse, elles peuvent également être nonnormatives, c’est-à-dire que les transitions sont plutôt imprévisibles et spontanées (Seidman et French, 2004). Selon ces auteurs, les transitions écologiques constituent des défis d’adaptation et des possibilités de développement pour le sujet. Ainsi, ils les caractérisent comme étant des moments critiques pour des déclins ou des avancements de développement. Toutefois, Bronfenbrenner (1979) ne perçoit pas ce concept comme étant un catalyseur de ruptures ou de coupures. En effet, selon lui, le développement humain est un procédé qui permet à l’individu d’acquérir une perception plus variée, valide et étendue de l’environnement. Alors, celui-ci devient capable de prendre part à des activités qui permettent la reconfiguration de l’environnement, à des échelles semblables ou davantage complexes en termes de contenu et de forme.
Les sources de soutien social et de stress Selon Belsky (1984), plusieurs sources de soutien et de stress ont une incidence sur l’exercice du rôle parental, dont le travail, les relations conjugales et le réseau social. Travail. Les effets du travail du parent sur son fonctionnement parental et le développement de l’enfant restent à démystifier davantage. Les études sur les conséquences du travail du parent sur le développement de l’enfant portent plus spécifiquement sur les répercussions du travail de la mère sur la quantité et la qualité des pratiques parentales de celle-ci et de son partenaire (Belsky, 1984; Hadzic, Magee et Robinson, 2013). Le nombre d’heures dédié au travail peut favoriser l’émergence de difficultés comportementales chez l’enfant (Hadzic et al., 2013). Effectivement, occuper un emploi à temps complet serait lié à davantage de problèmes de comportements chez l’enfant à cause de la mise en application de pratiques parentales moins chaleureuses. À l’inverse, occuper un travail à temps partiel engendrerait des pratiques parentales moins hostiles et serait ainsi lié à des progrès en ce qui a trait aux comportements de l’enfant (Hadzic et al., 2013). De plus, chez les mères provenant de milieux défavorisés, ne pas occuper d’emploi serait lié à la présence d’affects dépressifs, à des difficultés financières, à un niveau de scolarité plus bas, à un niveau de stress plus élevé (Gyamfi, Brooks-Gunn et Jackson, 2001) et à des pratiques parentales moins chaleureuses (Hadzic et al., 2013). Également, le stress vécu par les parents, issu de leur travail, peut influencer les comportements des parents envers leur(s) enfant(s). Un haut niveau de stress associé au travail tendrait à réduire le nombre d’interactions parent-enfant, ce qui touche la chaleur et la sensibilité des pratiques parentales qui se retrouvent moins fréquentes. On note également que cette source de stress est liée à davantage de querelles dans la dyade parentenfant et à une accentuation des pratiques parentales punitives qui sont associées aux difficultés comportementales chez les enfants (Sallinen, Kinnunen et Rûnka, 2004).
Relations conjugales. Les relations conjugales représentent un sous-système qui est composé de deux conjoints qui donnent lieu au fondement de la famille. Ce soussystème comporte trois composantes significatives qui ont des effets sur la nature de l’attachement parent-enfant. Une des composantes est la représentation d’attachement des conjoints (Pinel-Jacquemin et Zaouche-Gaudronc, 2009). En effet, puisque chacun des conjoints a grandi dans un système familial distinct, ils se sont créés une représentation de leurs relations avec leurs propres parents au cours de leur enfance. La grande influence de cette représentation sur la nature de la relation parent-enfant a été prouvée, entre autres dans l’étude de Main, Kaplan et Cassidy (1985). Selon ce qui ressort des études, les agissements des parents dans leurs échanges avec leurs enfants sont associés à leur modèle d’attachement intemalisé (Cohn, Silver, Cowan, Cowan et Pearson, 1992). Une autre des composantes de ce sous-système est la satisfaction conjugale qui est caractérisée par la qualité des relations entre conjoints. Elle comprend le succès conjugal des deux conjoints, leur représentation du bonheur ainsi que les interactions et la communication au sein du couple (Pinel-Jacquemin et Zaouche-Gaudronc, 2009). Bien qu’elle ne prévienne pas la qualité de l’attachement mère-enfant, elle prédit celle de père-enfant (Lundy, 2002). Enfm, la composante finale est l’absence ou non de querelles conjugales. La majorité des études indiquent qu’une relation conjugale plutôt harmonieuse permet de créer des rapports parent-enfant plus positifs, tandis que les conflits au sein du couple sont liés à des rapports parent-enfant plus difficiles (Belsky et Jaffee, 2006; Klausli et Owen, 2011). D’ailleurs, selon une étude de Klausli et Owen (2011), la présence de retrait ou d’hostilité de la part d’un des conjoints peut limiter la sensibilité parentale de l’autre conjoint envers l’enfant. On note qu’il y a peu de recherches qui se sont intéressées au soutien conjugal. Globalement, on suppose que la présence de soutien et de chaleur entre les conjoints se généralisera aux échanges avec l’enfant ainsi qu’aux pratiques parentales (Belsky et Jaffee, 2006; Klausli et Owen, 2011).
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