MONNAIE ET CROISSANCE
QU’AFFIRME LA THEORIE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE ?
La diversité, entre les pays avancés et les pays pauvres, pousse à examiner l’origine et la manière d’atteindre la croissance économique. Ce chapitre se subdivise en trois sections : les théories traditionnelle et nouvelle de la croissance, et la théorie du cycle économique.
LA THEORIE TRADITIONNELLE DE LA CROISSANCE
Cette section étudie la théorie exogène de la croissance. Le débat se porte sur le caractère équilibré ou non de la croissance à travers le modèle d’Harrod et le modèle de Solow.
LE MODELE DE HARROD
Roy Forbes HARROD (1974) qui considère la croissance comme exogène et déséquilibrée se conforme au modèle keynésien de croissance. Il affirme une possibilité de sous-emploi en distinguant trois types de croissance économique : « – le taux de croissance effectif correspondant à celui qui se réalise réellement ; -le taux de croissance garantie est celui qui assure l’équilibre entre l’épargne et l’investissement ; -le taux de croissance naturel est le taux de croissance qui assure le plein emploi » 3 . La croissance est exogène car ses déterminants sont extérieurs à la sphère économique. L’investissement résulte des anticipations des débouchés des entreprises. L’épargne varie en fonction du revenu. L’accroissement de la population active dépend de données démographiques. L’amélioration de la productivité découle du progrès technique. La croissance idéale et équilibrée coïncide la croissance garantie et la croissance naturelle. Cependant, ce chemin est très étroite. Il résulte du hasard, d’où l’expression « au fil du rasoir ». 3MONTOUSSE M. (2002), p. 64-65
LE MODELE DE SOLOW
R. M. Solow (1956) établit un modèle néoclassique de la croissance lequel s’appuie sur une fonction de production de type microéconomique. Son utilisation justifie la conception équilibrée de la croissance. Pour Solow (1956), la croissance dépend de deux facteurs principaux : la quantité de travail et le progrès technique. Le caractère équilibré de la croissance résulte de la flexibilité des prix des facteurs de production du travail au capital laquelle assure le plein emploi. Dans le modèle de Solow (1956), les rendements factoriels sont décroissants. Cette décroissance peut être contrecarrée par le progrès technique. Cependant, les déterminants de la croissance sont exogènes, c’est-à-dire indépendants de la sphère économique.
LA NOUVELLE THEORIE DE LA CROISSANCE
L’expansion économique ne provient pas uniquement de la croissance démographique et du progrès technique. Cela engendre la naissance de la théorie de la croissance endogène dont les principaux initiateurs sont Paul ROMER (1987) et Robert LUCAS (1988). Cette nouvelle théorie qui postule pour la permanence de la croissance se nomme aussi le modèle AK (Romer (1987) et Rebelo (1991)).
LE MODELE DE ROMER
Le modèle de Paul ROMER (1987) analyse les impacts de l’accumulation de connaissances. Il se fonde sur la théorie du « learning by doing » ou l’apprentissage par la pratique énoncée par Arrow (1962). Selon lui, la production engendre l’accumulation d’expériences et de connaissances. Elle contribue à une forte croissance laquelle la favorise davantage. 6 De plus, l’accumulation des connaissances qui induit des effets externes a une productivité privée et une productivité sociale. Romer (1987) s’inspire aussi des travaux de Schumpeter (1912) sur l’innovation et la recherche-développement. La recherche-développement augmente la croissance économique qui à son tour incite la première. Cependant, les biens produits par la recherche-développement ont les caractéristiques des biens collectifs. Par conséquent, l’intervention de l’Etat est nécessaire. Selon Romer (1987), toute politique publique qui augmente le taux d’investissement accroît le taux de croissance du Produit Intérieur Brut.
LE MODELE DE LUCAS
Robert LUCAS (1988) attribue le capital humain comme un facteur endogène de croissance. Celui-ci dépend de la capacité à épargner laquelle consiste à renoncer à la consommation présente. Cette épargne sera investit dans l’éducation. Dans son modèle, la croissance est endogène et cumulative. La capacité en épargne de formation d’une économie découle en grande partie du niveau de la production. L’accumulation du capital humain provoque des externalités. Le niveau d’éducation d’un individu joue non seulement sur sa propre productivité, mais aussi sur d’autres agents économiques. Selon Lucas (1988), toute politique économique qui augmente le temps consacré à la formation accroît le taux de croissance du Produit Intérieur Brut par tête de manière permanente.
LE CYCLE ECONOMIQUE
Les cycles économiques se définissent comme des fluctuations répétées, non périodiques, de l’activité économique. Ces fluctuations se produisent autour de la tendance séculaire du Produit National Brut (PNB). Les cycles économiques se caractérisent par une phase d’expansion (une croissance) et une phase de contraction (une récession). Il existe trois types : les cycles longs (cycles Kondratieff), les cycles d’affaires (cycles de Juglar) et les cycles courts.
LA THEORIE TRADITIONNELLE DES CYCLES : LES CYCLES DE DESEQUILIBRE
La théorie traditionnelle considère les cycles comme des déséquilibres qui perturbent le mécanisme autorégulateur du marché. Ils résultent du désajustement entre l’offre et la demande ou des phénomènes monétaires. Les cycles sont des déviations temporaires qui n’affectent pas le trend de la croissance. Ce dernier découle de données beaucoup plus stables (le niveau de la population active, la quantité de capital, importance de la technologie) ; Plusieurs économistes attribuent diverses sources du cycle des affaires : D’une part, les fluctuations économiques s’expliquent par le déséquilibre (et le surajustement) entre l’investissement (le besoin de financement) et l’épargne (la capacité de financement). D’autre part, A. Aftalion (1909) attribue son origine par l’accélérateur d’investissement. Ces idées sont reprises par Keynes (1936) et P. A. Samuelson (1939). Les analyses keynésiennes suggèrent alors le lissage des cycles grâce à la mise en œuvre de politique conjoncturelle contra-cycliques. Pour les libéraux, la solution consiste à s’approcher la plus proche possible de la Concurrence Pure et Parfaite (CPP).
LA NOUVELLE THEORIE DES CYCLES : LES CYCLES D’EQUILIBRE
Ragnar FRISH (1933) constitue le précurseur de la théorie du cycle d’équilibre. Puis, les Nouveaux Economistes Classiques la développent par la théorie du cycle d’équilibre avec effet de surprise et la théorie du cycle réel. Les Nouveaux Economistes Classiques assimilent le point d’équilibre comme une situation changeante. Celui-ci dépend des comportements des agents économiques soumis à des contraintes. Lucas (1977) explique le cycle par un effet de surprise qui induit des mauvaises anticipations. Cependant, certains économistes de la Nouvelle Economie Classique la considèrent comme incomplète. Les effets de surprise sont rares et en contradiction avec l’hypothèse des anticipations rationnelles. Par conséquent, ils expliquent les fluctuations par des chocs réels. Les économistes du cycle réel considèrent que les chocs proviennent essentiellement de l’offre. Ils distinguent deux sortes de chocs : -les chocs exogènes qui peuvent par exemple résulter d’un accident climatique ; -les chocs qui résultent du progrès technique et de la productivité. Ils s’opposent donc à toute politique économique conjoncturelle. Les fluctuations sont souhaitables pour maintenir l’équilibre. CHAPITRE II : COMMENT SE CARACTERISE LA MONNAIE ? La monnaie se différencie à travers sa configuration, son rôle et sa mesure selon le pays à étudier. Ce chapitre traite d’autre part son évolution et ses aspects, ensuite son rôle et enfin ses dimensions.
EVOLUTIONS DE LA MONNAIE A TRAVERS SA FORME
La forme de la monnaie apparaît selon l’évolution et la structure de l’échange dans un système économique donné. Ainsi, l’auteur BRUNEEL D. (1992), p. 16-17, présente ces différents aspects par une chronologique à quatre étapes.
LE PASSAGE DE L’ECONOMIE DE TROC A LA MONNAIE ABSTRAITE
Cette phase trace le changement progressif du troc, compte tenu de ces faiblesses, à la définition d’un étalon de valeur. a) LE TROC Le « troc » résulte de la spécialisation de chaque individu et la multitude des besoins à satisfaire. Celui -ci offre la possibilité à chaque individu de substituer les biens qu’il produit contre d’autres biens fabriqués par ses semblables. Cependant, le troc nécessite que les désirs des agents soient symétriques et simultanés. De plus, les valeurs des biens échangés soient strictement équivalentes4 .
L’ETALON DE VALEUR
La persistance et la généralisation du troc exigent un « élément de comparaison » de tous les biens. Celui – ci s’appuie sur une « monnaie abstraite ». Chaque pays possède son propre étalon comme l’épi d’orge (à Uruk 4000 avant Jésus Christ), le temps (en Chaldée) et la tête de bétail ou « pecus » (en Egypte, à Rome et en Grèce).
LA MUTATION VERS LA MONNAIE CONCRETE OU MATERIELLE
Elle se particularise essentiellement selon deux cas de figure : la monnaie marchandise et la monnaie métallique. a) LA MONNAIE MARCHANDISE Elle combine les biens matériels particuliers (facilement détachables, acceptables comme valeurs d’usage, divisibles) utilisés pour les transactions. Par exemple : les coquillages, le thé, les tissus, le sel etc. b) LA MONNAIE METALLIQUE Les métaux précieux s’apprécient par leurs beautés, leurs divisibilités, leur inaltérabilités. Cette monnaie a été d’abord « pesée » (la remise d’une certaine quantité de métal) puis 4 FAUGERE J.-P (1996), p. 14 10 « comptée » (les boules de métal avec risque de fourrage) mais rapidement « frappée » (le pouvoir régalien de battre de la monnaie).
LE CHANGEMENT VERS LA MONNAIE DEMATERIALISEE
Cette monnaie purement symbolique naît sous deux formes en général : a) LE BILLET En partant d’un simple « certificat représentatif d’un dépôt », il se transforme au fur et à mesure en « monnaie fiduciaire » émise par une Banque Centrale. b) LE COMPTE La mise en dépôt des billets occasionne l’usage des dépôts pour effectuer des règlements en écritures. Le compte reflète une « monnaie scripturale » fournie par les banques primaires. Puis, l’innovation engendre la « disparition totale des supports matériels » de la monnaie avec la genèse des cartes de crédit, les facilités de caisse, les lignes automatiques de crédit.
LES ROLES DE LA MONNAIE
Ces connaissances occasionnent les innombrables inventions en matière de politique monétaire. La monnaie joue simultanément les fonctions : d’unités de compte, de moyens d’échange et de réserves de valeur.
UNE UNITE DE COMPTE (ETALON DES VALEURS)
La monnaie évalue chaque bien dont le prix représente sa valeur. Par conséquent, elle exprime les montants de tous les biens et les services sur le marché. Ce signal des prix dicte l’alternative des agents économiques. En d’autres termes, la monnaie est : « une unité de mesure commune grâce à laquelle les prix individuels des différents biens et les transactions sont évalués dans un langage chiffré commun à tous les membres de la communauté de paiements considérée » 5 . 5 DIATKINE S. (1992), pp 15-16 11 a) UN OUTIL INDISPENSABLE A TOUTE ECONOMIE MODERNE Dans une « économie de marché », l’estimation des revenus, matérialisés par l’argent, règle la conduite des agents économiques. Pour les producteurs, elle anime l’orientation des investissements, la poursuite ou non de la production. Quant aux consommateurs, elle aiguillonne leurs dépenses de consommation. De même pour l’« économie planifiée », la monnaie guide les choix des « planificateurs ». Puis, ils émettent les directives aux consommateurs et aux producteurs.
INTRODUCTION GENERALE |