Au cours du demi-siècle passé, la part de la population âgée de 65 ans ou plus dans la population générale a presque triplé et les perspectives démographiques jusqu’en 2050 indiquent une vitesse de croissance de cette population de l’ordre de 3,5 fois celle de la population générale [3,4]. Cet allongement continu de l’espérance de vie, doit cependant être nuancé par l’impact du vieillissement sur le système immunitaire. En effet, il est actuellement bien démontré qu’avec l’avancée en âge est associée une dérégulation du système immunitaire, communément appelée immunosénescence, processus impliqué non seulement dans l’augmentation de l’incidence des maladies infectieuses mais également dans le développement des maladies auto-immunes, des cancers, de l’ostéoporose et des maladies neurodégénératives dont la maladie d’Alzheimer, du diabète et de la maladie athéromateuse.
Bien que l’âge soit un facteur contributif majeur, il n’est pas la seule cause de l’immunosénescence qui doit être perçue comme l’interaction d’événements tels que l’involution thymique, les stimulations antigéniques des infections virales chroniques, mais également le mauvais état nutritionnel et la dysrégulation de certains grands axes hormonaux. Plus encore, le vieillissement, par son association inextricable avec les maladies chroniques, renforce l’état inflammatoire chronique de bas grade ( ou inflammaging ) associé à l’immunosénescence.
Le vieillissement immunitaire, appelé immunosénescence, correspond à un état de dysrégulation de la fonction immunitaire. Les tentatives de mesure de l’immunosénescence ont été couronnées par l’établissement du protocole ¨senieur¨, modifié par la suite. Ce concept est basé sur des critères cliniques et biologiques qui excluent les infections, les maladies inflammatoires, les tumeurs malignes et les situations pouvant affecter l’immunité.
Ce concept permettrait de classer la population âgée en un groupe fragile dit ¨non senieur¨, un groupe considéré en bonne santé dit ¨senieur¨. Cependant, sur le plan pratique, cette classification est contraignante pour les praticiens et nécessite l’introduction d’autres marqueurs qui permettront d’établir des stratégies de prévention [4]. D’autre part, il est extrêmement difficile d’analyser de façon indépendante les modifications de l’homéostasie propres au vieillissement physiologique et celles qui reviennent à l’impact des maladies chroniques et/ou à la dénutrition.
Le vieillissement est communément associé à la survenue de nombreuses modifications phénotypiques et fonctionnelles des lymphocytes et des monocytes macrophages.
Au cours du vieillissement, survient une atrophie thymique associée à une diminution des fonctions prolifératives des lymphocytes T. Il a été mis en évidence, chez des sujets âgés sains, que la répartition des sous- populations de lymphocytes était influencée par l’âge [8]. Ainsi, au cours du vieillissement, les cellules CD4+, CD45 RA+ (naïves) sont remplacées par des cellules CD45 RA- (mémoire) [8]. Cette diminution des lymphocytes T naïfs s’accompagne d’une accumulation de lymphocytes T clonaux, possiblement du fait de la présence de néoantigènes apparaissant avec l’âge. Dans la sous-population des lymphocytes T CD8+, a été mise en évidence une proportion augmentée de cellules coexprimant CD57 chez les individus âgés. L’augmentation de l’apoptose et les perturbations de l’homéostasie des lymphocytes T ont été mises en avant comme pouvant promouvoir un état inflammatoire chronique. Il était proposé que les anomalies de la différenciation des lymphocytes T et leur interaction avec les macrophages pourraient aboutir à une perte des capacités à distinguer le soi du non- soi et à la survenue de manifestations auto-immunes.
En ce qui concerne les sous-populations lymphocytaires B, des différences sont observées entre sujets âgés et sujets jeunes. En revanche, il n’y avait pas de différence quant à l’étendue du répertoire des immunoglobulines et la capacité à maturer en présence de l’antigène. Le répertoire des gènes codant pour les régions variables d’immunoglobulines obtenues à partir d’amygdales de sujets de différents âges a été étudié [10].Il a été mis en évidence une stabilité importante des répertoires des lymphocytes B à l’échelle des gènes VH, DH et JH, quel que soit l’âge de l’individu testé. La capacité à développer des phénomènes d’hypermutation somatique était maintenue au cours de la vie, y compris chez les sujets âgés de plus de 80 ans [8].
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