MODÉLISATION DU TEMPS
Modélisation de l’espace du temps
La section 3.2, qui a introduit le concept de temps, a montré que cette notion fondamentale se manifeste indirectement au travers de la répétition régulière de certains phénomènes astronomiques. Ceux-ci ont été caractérisés à l’aide d’outils de mesure, ce qui a permis de matérialiser le temps. Par conséquent, ces phénomènes constituent généralement la base des représentations et modélisations de l’espace temporel.
Calendriers et autres modélisations
La représentation la plus évidente est matérialisée par les calendriers. Ceux-ci offrent la possibilité de représenter le temps sous une forme structurée en rapport avec les différents phénomènes naturels et physiques, principalement le déroulement des cycles solaires et lunaires. Leur utilisation et acceptation très large est évidemment un gros avantage. Il faut cependant tempérer ce constat. Tout d’abord, il n’existe pas un seul calendrier1 , qui serait universel, mais bien plusieurs. La définition 1 Pour simplifier l’exposé, lorsque le terme calendrier est employé sans autre précision, il fait référence au calendrier grégorien.
Modélisation du temps de ceux-ci varie, selon les différentes communautés, en fonction de questions liées à la culture, la religion, etc. Ensuite, la modélisation du temps sous la forme d’un calendrier est assez complexe. Elle intègre différents niveaux, dont les unités correspondent à des périodes de temps plus ou moins longues (heure, jour, semaine, mois, année, etc.). Cette organisation hiérarchique, si elle répond à un besoin pratique (Section 5.2.2) ne constitue pas un avantage pour une manipulation simple du temps et des objets temporels. De plus, l’aspect irrégulier de cette organisation ne fait qu’augmenter la complexité du modèle calendaire.
En effet, le nombre de jours dans un mois varie de 28 à 31, selon les mois et les années, ces dernières pouvant être bissextiles. Par conséquent, un jour désigné par une référence jour/mois (le « 15 janvier ») ne se voit pas toujours attribuer le même nom de jour (« vendredi » par exemple). De même, si une année débute bien par le 1er janvier, elle ne commence pas toujours par un jour ayant le même nom. Il y a également le changement d’horaire entre l’été et l’hiver, la gestion de fuseaux horaires, etc. En fait, le système de calendrier tente de se synchroniser avec les phénomènes à la base de la notion commune de temps, mais n’y arrive qu’imparfaitement et se voit donc contraint d’introduire des mécanismes de réajustement.
La granularité
Le fait que l’espace du temps puisse être envisagé au moyen d’unités de tailles plus ou moins grandes – le jour, le mois, l’année, etc. – est une manifestation de l’intervention des divers phénomènes naturels dans la définition du concept de temps (voir section 3.2). Cette caractéristique est à l’origine du système de granularités. Celui-ci a été progressivement élaboré et enrichi sous l’influence des religions3 ou de l’activité humaine4 (Bettini et al. [2000]). Fondamentalement, ces diverses granularités dénotent toutes un même objet, le temps.
Dès lors, pourquoi est-il nécessaire d’en manipuler plusieurs ? Toujours selon Bettini et al. [2000], l’explication la plus directe est qu’il est peu commode de manipuler des grands nombres. D’autre part, ce n’est pas la mesure du temps en elle-même qui constitue l’objectif poursuivi, mais bien l’association d’une certaine période à un événement. Or, chaque type d’événement possède une durée intrinsèque propre (voir la notion de procès, à la section 4.4). Par exemple, une explosion ou une traversée de l’Atlantique ne se déroulent intuitivement pas sur la même période de temps.
Évidemment, entre différentes réalisations d’un même type d’événement, les durées observées peuvent varier. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est l’ordre de grandeur de la durée de l’action. Si cette notion peut parfois sembler mal définie, dans la pratique, il est généralement assez intuitif de déterminer cette granularité. Il est par exemple évident que l’ordre de grandeur temporel d’un marathon n’est certainement pas le mois, mais plutôt l’heure.
La notion que nous désignons sous le nom de granularité, correspond donc à un ordre de grandeur à partir duquel la dimension temporelle des événements peut être exprimée. Les nombreuses granularités existantes sont organisées en systèmes hiérarchiques. L’utilité de ce type de système est d’ordonner les éléments et de permettre certaines conversions. Un exemple concret est constitué par la norme ISO 8601 (ISO [2004]) qui traite de la représentation des dates, des horaires et des périodes de temps