Mise en situation lors d’activité signifiante en rééducation avec une prothèse myoélectrique

Mise en situation lors d’activité signifiante en
rééducation avec une prothèse myoélectrique

La prothèse myoélectrique, une aide au rétablissement 

La plasticité cérébrale est au cœur même d’un rétablissement réussi pour les personnes amputées du membre supérieur. (6) En effet selon D. Cerqui et al « la plasticité du cerveau est centrale dans le phénomène des membres fantômes dont l’étude fournit une opportunité de comprendre comment le cerveau construit une image du corps et comment cette image est continuellement réadaptée en fonction des stimuli sensoriels. La nature dynamique de notre image corporelle dépend de la capacité des neurones à se réorganiser : dans le cas d’une amputation, ceux qui recueillent les sensations en provenance de la région amputée se mettent à traiter des messages en provenance d’autres zones. Cependant il arrive que le cerveau, en recevant par exemple un message en provenance d’une zone du visage et acheminé par un de ces neurones reconvertis à un « nouvel usage », le perçoit comme s’il venait toujours du membre amputé. L’utilisation des prothèses dans le cas des membres amputés s’insère donc dans un contexte complexe qui est objet d’études et d’expérimentations, car l’apprentissage et l’intégration de la prothèse au schéma corporel dépendent aussi de la compréhension de ce type de phénomène. »(6) Dans l’optique de limiter les erreurs de ces neurones reconvertis, Lotze et al soutiennent que l’utilisation fréquente et prolongée de prothèses myoélectriques de manière précoce avec des stimulations continues et un retour visuel, pourrait être bénéfique à la fois pour limiter la réorganisation corticale induit par la plasticité cérébrale, et pour réduire la douleur du membre fantôme(7). Dans cette même idée, Chapelin et al soumettent l’idée que les sensations de membre fantôme peuvent induire une illusion de normalité corporelle. Cette dernière peut ainsi en partie expliquer l’adaptation et la relative facilité d’utilisation de la prothèse par le sujet amputé de même que les effets perceptifs de cet appareillage prothétique(8). C’est finalement l’intérêt de toutes ces techniques que de guider et d’orienter la plasticité cérébrale dans une perspective fonctionnelle. Ainsi, D. Cerqui et al nous énoncent que les personnes qui subissent une amputation doivent suivre tout un processus d’apprentissage et découvrir leur nouveau potentiel corporel. La prothèse myoélectrique permet donc aux usagers de tenter une reconstruction du « corps d’avant », ou du moins de ses fonctionnalités et de son autonomie. (6) 9 Pour y parvenir, différents moyens existent et, notamment, le recours à l’observation. En effet selon Bayanie et al cette technique reste un outil puissant pour soutenir les objectifs de la rééducation motrice. Grâce à l’observation suivie de l’exécution, les études montrent de meilleurs résultats de réadaptation ainsi qu’une augmentation associée des régions cérébrales impliquées dans la compréhension de l’action (9) Ensuite selon l’ANFE « les nouvelles préhensions introduites par ces prothèses permettent une meilleure prise en compte des occupations lors de l’accompagnement en ergothérapie. Toutes les personnes appareillées sont satisfaites de l’utilisation de leur prothèse, bien que le contexte de port varie de façon singulière. En moyenne, une amélioration de la performance occupationnelle est constatée pour 57% des activités considérées signifiantes et importantes par chacun. Néanmoins, les personnes amputées font face à des contraintes matérielles et doivent potentiellement s’adapter à celles-ci et non l’inverse. La démocratisation de ces appareillages et les améliorations futures dans ce domaine ne feront qu’accroître le niveau de prise en compte des occupations lors de l’accompagnement en ergothérapie. Pour les personnes amputées, ces prothèses ne sont qu’un premier pas vers une meilleure maîtrise de soi et de l’environnement. »(10) De plus selon Carey et al, la prothèse myoélectrique permet une meilleure intégration sociale que les autres prothèses sur le marché. En effet, cette dernière est plus esthétique vu qu’elle a un design plus ressemblant du niveau anatomique d’un membre supérieur.(11) Cette aspect est partagé par F. Tordo mais il va plus loin dans son analyse. En effet, il élabore l’idée que ce côté esthétique permet une reconstruction de l’identité de l’individu par la personnalisation de sa prothèse myoélectrique (12). On peut alors se poser la question suivante : si à terme la prothèse myoélectrique est un moyen de rétablissement, comment se reconstruit l’identité psychique de la personne amputée avec cette prothèse ? 

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La représentation du moi hybride

Selon F. Tordo, en parallèle de la transformation du corps induit par l’amputation et la rééducation d’une prothèse myoélectrique, une métamorphose du Moi s’opère. Ainsi le Moi des personnes amputées se transforme au contact de la matière technologique, pour l’accueillir 10 et pour former de nouvelles représentations. Dans ce cadre de déformation et de transformation du Moi, ce n’est plus seulement le corps qui change, mais le monde des représentations de soi en relation avec la matière technologique. La technologie renforce donc progressivement l’identité personnelle. C’est-à-dire, que l’hybridation participe à une « redéfinition de l’identité à partir de la modification de sa matière »(12). Selon Bernard Andrieu « Ces techniques invasives provoquent des intrusions de l’enveloppe corporelle et participent aussi à la redéfinition du Moi ». La sensorialité et le sentiment de soi sont confrontés à une double information quand la technique est connectée indirectement au corps, comme dans le cas d’une prothèse mécanique. Andrieu précise ensuite son hypothèse : d’une part, le trouble identitaire est produit par ce double référencement du sujet à la fois identifié à son corps biologique par son schéma corporel habituel et augmenté par la technologie ; d’autre part, une augmentation de ce même trouble peut intervenir lorsque la prothèse n’est pas ressentie par la sensibilité du corps, car alors le sujet ne peut intégrer la fonction de cette technologie à son « schéma corporel » « le trouble identitaire ne disparaît pas avec la connexion directe, car la mémoire corporelle conserve le souvenir du premier corps qui sera toujours comparé […] avec la nouvelle apparence hybridée. »(12). C’est également ce qu’expliquent Chapelin et al, la reconstruction de sa nouvelle image corporelle se fait via deux sources d’information. Il fait référence d’abord aux informations sensorielles multimodales, puis à l’information reçue par les données mnésiques. C’est-à-dire les éléments antérieurs à la perte de sensibilité du membre induit par l’amputation(8). Ensuite malgré une reconstruction du Moi possible, la question du Moi en situation de handicap est très présente. C’est cette vision que Cerqui et al défendent. En effet, malgré tous les développements technologiques permettant des fonctionnalités optimales de préhension et de mouvement, les usagers ont des attentes exclusivement centrées sur la dissimulation du handicap, sur le respect de l’apparence dite normale et sur une continuité esthétique entre le corps et la machine.

Table des matières

1 Introduction
1.1 Contexte et point de rupture
1.2 Thèmes
1.3 Résonnance du thème
1.4 Revue de littérature
1.4.1 Base de données
1.4.2 Critère d’inclusion et d’exclusion
1.4.3 Résultats des bases de données
1.5 Analyse des recherches
1.5.1 La prothèse myoélectrique, une aide au rétablissement
1.5.2 La représentation du moi hybride
1.5.3 Des pistes pour une non-utilisation de la prothèse myoélectrique
1.6 Synthèse de la revue de littérature
1.7 Problématisation
1.8 Enquête exploratoire
1.8.1 Objectifs généraux
1.8.2 Objectif spécifique
1.8.3 Population cible
1.8.4 Choix de l’outil de recueil de données
1.8.5 Résultat de l’enquête exploratoire
1.9 Cadre conceptuel
1.9.1 Approche systémique
1.9.2 Activité signifiante
1.9.3 L’échec
1.10 Questionnement théorique
2 Matériel et méthode
2.1 Choix de la méthode
2.2 Population cible
2.3 Site d’exploration
2.4 Outil de recueil de données
2.4.1 Choix de l’outil
2.4.2 Biais envisager
2.4.3 Construction de l’outil
2.5 Déroulement de la recherche
2.5.1 Test
2.5.2 Passation des entretiens
2.6 Choix des outils de traitement des données
3 Résultats
3.1 Analyse verticale
3.1.1 Les interactions
3.1.2 L’engagement dans le soin
3.1.3 Activité signifiante et échec de la prothèse myoélectrique
3.2 Analyse horizontale
3.2.1 Ergothérapeute 1
3.2.2 Ergothérapeute 2
3.2.3 Ergothérapeute 3
4 Discussion
4.1 Eléments de réponse à la question de recherche
4.2 Interprétation des résultats
4.3 Critique du dispositif de recherche
4.4 Conclusion
Bibliographie
Annexe
1 Niveau de scientificité des articles de la revue de littérature
2 Matrice de questionnement de l’enquête exploratoire
3 Questionnaire de l’enquête exploratoire
4 Matrice conceptuelle
5 Matrice d’entretiens
6 Dérouler de l’entretient
7 Tableau de résultat
Résumé

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