Pour être actif et en bonne santé, il est indispensable de disposer d’une nourriture adéquate en quantité, en qualité et en variété permettant de répondre aux besoins énergétiques et nutritionnels. Sans une nutrition adéquate, les enfants ne peuvent pas développer leur potentiel et les adultes rencontrent des difficultés à conserver ou à élargir le leur (FAO et al, 2006).
La malnutrition est un problème de santé majeur, notamment dans les pays en développement. L’approvisionnement en eau, l’assainissement et l’hygiène, étant donné l’impact direct qu’ils ont sur les maladies infectieuses, notamment la diarrhée, sont importants pour prévenir la malnutrition. La malnutrition, tout comme l’approvisionnement en eau et l’assainissement insuffisants, est liée à la pauvreté. L’état nutritionnel individuel dépend de l’interaction entre les aliments qui sont consommés, de l’état de santé général et de l’environnement physique.
Données bibliographiques
Présentation générale de la zone d’étude
Situation géographique, démographique et socio-économique
L’ex-Province de Fianarantsoa comprend quatre régions dont l’une est la région Atsimo Atsinanana. Elle s’étend sur 18 373 km². Elle est délimitée au Nord par la Région de Vatovavy Fitovinany, au Nord Ouest par la Région de la Haute Matsiatra et de l’Ihorombe, à l’Est par l’Océan Indien et au Sud par la Région de l’Anosy. Elle regroupe cinq districts : Farafangana et Vangaindrano à l’Est, Vondrozo, Midongy Atsimo et Befotaka, qui comptent au total 90 communes.
Située en bordure de mer, la région est caractérisée par un relief accidenté peu favorable à l’extension des grandes cultures et une climatologie marquée par des effets cycloniques qui causent de grands dégâts aux cultures et notamment aux cultures de rente qui constituent la principale richesse agricole de cette région. Les districts couverts par l’étude sont soumis aux aléas climatiques avec une certaine variation de l’effet des chocs selon les districts. Selon des données récentes des Observatoires Ruraux, des monographies de la région et différentes études sur l’agriculture et la sécurité alimentaire au niveau des régions, la principale activité des ménages reste l’agriculture. En effet environ 83 % des chefs de ménage de la région sont impliqués dans les activités agricoles. Environ 63% des ménages pratiquent des activités secondaires. En ce qui concerne l’agriculture, le riz reste la principale culture, suivie de la patate douce et du manioc.
Par ailleurs, parmi les cultures vivrières, la part du riz commercialisée varie entre 25 et 75% tandis que les autres produits vivriers sont destinés à la consommation particulièrement pendant la période de soudure. La durée de la période de soudure varie de trois à six mois avec une grande variabilité selon les communes. Habituellement pour faire face aux chocs, notamment les cyclones et les inondations, les principales stratégies au niveau des communautés sont notamment les changements de ration alimentaire, l’achat de nourriture à crédit et la réduction du nombre de repas. En 2005, l’incidence de la pauvreté à Madagascar se situait à 69%. Le phénomène de pauvreté est plus marqué en milieu rural qu’en milieu urbain. En effet, le taux de pauvreté en milieu urbain est de 52% contre 73% en milieu rural. Les régions d’Atsimo Atsinanana et de Vatovavy Fitovinany sont les plus touchées dans ces régions avec respectivement des taux de 84% et de 81%.
Situation nutritionnelle dans la région Atsimo Atsinanana
L’insécurité alimentaire concerne près de quatre Malgaches sur dix aux dernières statistiques en 2004 (Midi Madagascar, juin 2008). Et l’Atsimo Atsinanana est particulièrement affectée. La crise alimentaire qui a récemment frappé la Région d’Atsimo Atsinanana suite aux conditions agro climatiques et écologiques défavorables a mis en exergue l’incapacité de résilience des populations face aux effets des dégâts climatiques récurrents et la fragilité de leurs systèmes d’exploitation. En effet, l’inondation de février et mars 2005 qui a détruit 50 à 70% des cultures pluviales (riz et manioc.) notamment dans le district de Vangaindrano a précédé la sécheresse qui a sévi de septembre en novembre, détruisant 70 à 90% des cultures de contre saison. La conjugaison de ces situations a affecté l’ensemble de la production agricole dans ce district. Cette situation a amené la Commission européenne à financer les actions d’urgence à travers son office d’aide humanitaire ECHO, pour secourir les plus démunis.
Cependant, l’inondation et la sécheresse ne sont que les causes apparentes et aggravantes de la vulnérabilité alimentaire. Celle ci est liée en grande partie à des facteurs plus structurels que conjoncturels. Le manque de structuration de la production vivrière et des filières de rente, le problème foncier, des facteurs socioculturels bloquants, l’enclavement, l’inefficience du commerce local et intra régional, constituent les principaux déterminants de l’insécurité alimentaire dans cette région. En effet, les cultures vivrières sont pratiquées de manière traditionnelle sans utilisation d’intrants et d’outils de production. La patate douce, et la banane sont depuis quelques années décimées par les ravageurs, le girofle qui est récolté de manière traditionnelle ne produit que tous les deux ans, la capture de langouste suite à la mise en vigueur des normes sur la taille marchande, a diminué de 80%, ce qui a freiné sa collecte et les commerces des vivriers qui lui sont associés. Le commerce des autres produits locaux (par exemple le litchi) vers le marché du Grand Sud n’est plus fonctionnel à cause de la fermeture de la RN27. Face à tous ces facteurs défavorables (baisse de revenu monétaire, réduction des surfaces cultivées par ménage, l’irrégularité inter annuelle de la production liée aux aléas climatiques etc.), les ménages subissent une dégradation de leur niveau alimentaire et nutritionnel. Il ne s’agit pas d’une famine cyclique connue sous le nom de “Sakave”, qui survient en période de soudure, mais d’une grave crise alimentaire due essentiellement à la pauvreté. Ainsi, faut-il rappeler qu’en décembre 2003, le prix du kilo de riz, aliment de base des Malgaches coûtait 480 Ariary et que l’année 2005, il s’achetait à 1040 Ariary, soit plus du double. Le prix de cette denrée est encore plus élevé dans les régions éloignées de la capitale. La pauvreté, en terme de revenus, est telle que, à certaines périodes de l’année, les habitants de cette région de l’île s’alimentent de racines, de tubercules, et plantés forestières souvent toxiques comme le viha, le veoveo et le tavolo.
D’après l’enquête diagnostique réalisée en 2007 dans les districts de Farafangana et de Vangaindrano (Ravoninjatovo, 2008), 42% des enfants de moins de 2 ans étaient atteints de malnutrition chronique modérée, 7,5% étaient émaciés et 35% étaient atteints d’insuffisance pondérale. L’état nutritionnel des mères était également alarmant : 22,7% d’entre elles étaient maigres (IMC<18,5 kg/m²). C’est d’ailleurs pour cette raison que Farafangana, chef lieu de cette région, a été spécialement choisi pour abriter les manifestations officielles marquant la JNN ou Journée National de la Nutrition.
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