Mise en place d’implants au travers des canines maxillaires incluses

Mise en place d’implants au travers des canines
maxillaires incluses

GENERALITES 

« Les dents incluses sont classiquement définies comme retenues dans le maxillaire au-delà de leur date normale d’éruption, entourées de leur sac péricoronaire, et sans communication avec la cavité buccale » (Delsol et al. 2006). Lorsqu’une dent a la moitié ou les trois-quarts de sa ou ses racines d’édifiées, son éruption a lieu. Les dents dont les racines sont complètement formées mais qui ne peuvent pas effectuer leur éruption sont considérées comme incluses (Becker et Chaushu 2003). Alling et Catone ont proposé une classification des canines maxillaires incluses en fonction de leur position par rapport à l’arcade dentaire : (Alling et Catone 1993) – Classe I : position palatine ; – Classe II : position vestibulaire ; – Classe III : couronne en vestibulaire et racine en palatin ; – Classe IV : position verticale entre les prémolaires ; – Classe V : canine incluse sur un maxillaire édenté. Concernant les dents incluses, la dernière classification couramment utilisée est la suivante : (Delsol et al. 2006) – Dent incluse en voie d’éruption normale ; – Dent retenue au sens large ; – Dent incluse, proprement dite, ou dent retenue incluse ; – Dent retenue enclavée ; – Dent en désinclusion proprement dite ; – Dent en désinclusion au sens large. Cette classification est anatomoclinique et physiopathologique. Les canines maxillaires jouent un rôle essentiel dans l’esthétique et la continuité de l’arcade dentaire. Elles sont également clés dans la protection du schéma occlusal. Leur absence sur l’arcade entraine de nombreuses complications fonctionnelles, esthétiques et phonétiques (Chapokas et al. 2012).

Epidémiologie

Le raccourcissement de la longueur du maxillaire de l’Homme au cours de l’évolution aboutit à une augmentation de l’incidence de l’inclusion dentaire. Les canines maxillaires sont les dents les plus fréquemment incluses après les dents de sagesse. On considère que l’ordre de fréquence de dents incluses, des plus fréquentes aux moins fréquentes est le suivant : dents de sagesse mandibulaires, dents de sagesse maxillaires, canines maxillaires, canines mandibulaires, prémolaires (Szmukler-Moncler et al. 2014). Les canine maxillaires représentent 18% des inclusions dentaires (Marteau et Boileau 2014). 3 L’incidence des canines maxillaires incluses est de 1 à 3 % (Szmukler-Moncler et al. 2014). Elle est plus commune chez les filles et est bilatérale dans 8 à 10 % des cas. Concernant la localisation, elles sont deux fois plus souvent palatines que vestibulaires (Cooke et Wang 2006). L’incidence des canines maxillaires incluses est également plus fréquente chez les personnes avec des malocclusions (Davarpanah et Szmukler-Moncler 2009a). Les canines incluses peuvent être responsables de résorptions radiculaires des dents adjacentes notamment les incisives latérales. La résorption radiculaire des incisives permanentes due à l’éruption ectopique de la canine maxillaire concerne 0,71 % des enfants de 10 à 13 ans (Cooke et Wang 2006). 

Etiopathogénie 

L’inclusion de la canine maxillaire est assez fréquente pour plusieurs raisons : (Jacoby 1983; Cardaropoli et al. 2007) – Sa période de développement est plus longue ; – Elle a un plus petit espace d’éruption ; – Le mode d’éruption est plus difficile car le chemin d’éruption est plus sinueux et plus complexe que celui des autres dents. Deux principales théories expliquant l’inclusion des canines maxillaires s’opposent. Dans la première, l’inclusion canine serait liée à l’absence de guidage de l’éruption par l’agénésie congénitale de l’incisive latérale adjacente, ou par une anomalie de forme, de position ou une résorption. La seconde est une théorie génétique selon laquelle l’inclusion canine serait due à une anomalie génétique de développement dentaire (Sajnani et King 2012). Toutefois, Il est retrouvé dans la littérature de nombreuses causes locales et générales à l’origine de ces inclusions. Causes générales : Ce sont des causes primaires. Elles sont souvent associées à des inclusions multiples (Chapokas et al. 2012). L’origine de l’inclusion peut être héréditaire avec des prédispositions familiales. Des inclusions multiples sont aussi associées à d’autres déficiences congénitales dans certains grands syndromes tels que : (Delsol et al. 2006; Chapokas et al. 2012) – La trisomie 21 ; – Le syndrome de Crouzon ; – Les fentes labio-alvéolo-palatines ; – La dysostose cléidocranienne ; – Le Syndrome de Gardner ; – Le Syndrome de Yunis-Varon. 4 Des désordres endocriniens tels que l’hypothyroïdie peuvent être la cause d’inclusions dentaires liées au retard de croissance et donc d’éruption des dents (Delsol et al. 2006). De même des causes environnementales sont également impliquées : (Bishara et al. 1976; Bishara 1992; Delsol et al. 2006) – Des carences en vitamine A, C ou D ; – Des maladies infectieuses telles que la syphilis ou la tuberculose ; – Une irradiation. Causes locales : (Bishara 1992; Cooke et Wang 2006; Delsol et al. 2006; Chapokas et al. 2012) Elles sont liées au germe lui-même ou à son environnement, d’origine primaire ou secondaire. Une dystopie, une dysmorphie isolée ou généralisée, ainsi qu’une anomalie de l’éruption peuvent être responsables d’une rétention ou d’une inclusion dentaire. Parmi les facteurs liés à l’environnement du germe on compte : – Les dents surnuméraires, odontomes, mésiodens ; – La persistance de la canine temporaire ; – Un kyste radiculo-dentaire sur la dent temporaire ; – La perte ou l’avulsion précoce de la dent temporaire ; – Un traumatisme ; – Une ankylose ; – La perte de l’espace nécessaire à l’établissement de la canine sur arcade ; – Une dysharmonie dento-maxillaire ; – Une dimension mésio-distale étroite des fosses nasales ; – Une formation kystique ou tumorale ; – Une dilacération radiculaire ; – Une origine iatrogène ; – Une origine idiopathique ; – L’absence de l’incisive latérale. Les causes locales sont plus souvent observées que les causes générales. Il est possible de retrouver un seul ou une combinaison de ces facteurs impliqués dans l’inclusion de la canine maxillaire. L’étiologie de l’inclusion canine est le plus souvent multifactorielle.

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Diagnostic 

Les dents incluses doivent être diagnostiquées le plus précocement possible. La découverte d’une canine maxillaire incluse arrive souvent de manière fortuite. Le diagnostic de CMI s’appuie sur un ensemble de critères recueillis lors de l’interrogatoire, l’examen clinique ainsi que l’examen radiologique en fonction de l’âge et du schéma d’éruption du patient. 5 Lors de l’anamnèse, il faudra chercher d’éventuelles prédispositions familiales à l’inclusion dentaire ou aux agénésies, la présence d’antécédents pathologiques ou dentaires ainsi que les possibles contre-indications d’un traitement ortho-chirurgical. La motivation du patient à subir un traitement long sera également évaluée. A l’examen clinique exobuccal, le faible soutien de la lèvre supérieure peut amener à suspecter une CMI, mais ce signe est rare et discret. Il faudra réaliser un examen minutieux des articulations temporo-mandibulaires (ATM) à la recherche d’éventuels troubles pouvant être associés à l’absence de guidage canin (Delsol et al. 2006). L’examen clinique endobuccal par inspection et palpation doit être réalisé de manière rigoureuse. Lors de l’inspection de la cavité buccale du patient, certains signes font suspecter la présence d’une CMI : – Absence de la dent permanente après sa date normale d’éruption ; – Persistance tardive de la dent temporaire ; – Perte de l’espace nécessaire à l’éruption de la canine définitive ; – Dysharmonie dento-maxillaire ; – Version des dents adjacentes ; – Niveau d’insertion du frein labial ; – Le signe de Quintero (Figure 1) correspond à la version coronaire vestibulo-distale de l’incisive latérale. Il indique que la couronne de la canine maxillaire incluse est située en vestibulaire de la racine de l’incisive latérale (Dersot 2017).

Table des matières

INTRODUCTION
I. GENERALITES
1. EPIDEMIOLOGIE
2. ETIOPATHOGENIE
3. DIAGNOSTIC
4. PRISE EN CHARGE DES CANINES MAXILLAIRES INCLUSES CHEZ L’ENFANT
II. TECHNIQUES CONVENTIONNELLES DE REHABILITATION DANS LE TRAITEMENT DES CANINES MAXILLAIRES INCLUSES CHEZ L’ADULTE
1. EXTRACTION/IMPLANTATION DIFFEREE
2. EXTRACTION/IMPLANTATION IMMEDIATE
3. IMPLANTS COURTS
4. AUTOTRANSPLANTATION
5. TECHNIQUES CHIRURGICO-ORTHODONTIQUES
III. COMPARAISON DES INTERFACES OS/IMPLANT ET DENT/IMPLANT
1. PRESENTATION DE LA TECHNIQUE
2. INTERFACE OS/IMPLANT
3. INTERFACES DENT/IMPLANT
IV. REVUE SYSTEMATIQUE DE LA LITTERATURE DES TECHNIQUES
IMPLANTAIRES AU TRAVERS DES DENTS INCLUSES
1. INTRODUCTION
2. MATERIEL ET METHODE
3. RESULTATS
4. DISCUSSION
CONCLUSION
BIBILIOGRAPHIE

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