Mise en place des indicateurs de performance environnementale
Qu’est-ce qu’un indicateur ?
Les indicateurs sont devenus des moyens de mesures indispensables dans tous les domaines : économique, social, environnemental, etc. Ils permettent de s’assurer et de justifier du bien-fondé des actions mises en place, et ce à tous les niveaux : états, organisations internationales, entreprises, etc. Un indicateur est un outil d’évaluation d’une situation à un instant donné. Il peut représenter une valeur absolue (quantité de matière), une valeur relative (pourcentage d’amélioration), une valeur agrégée, une valeur pondérée ou encore une information quantitative. En cas de comparaison, les indicateurs relatifs sont plus robustes que les indicateurs absolus. Par exemple, des produits de tailles différentes peuvent être difficiles à comparer en masse totale d’acier (quantité absolue), mais pas en masse d’acier par rapport à la masse totale du produit (quantité relative) (Cerdan, et al., 2009). Les indicateurs ont différentes fonctions, dont deux principales : managériale et éducationnelle. Ils permettent (UNEP, 1994), (Veleva & Ellenbecker, 2001), (Donnelly, et al., 2007) : Un indicateur donne une représentation simplifiée d’un système complexe Mise en place des indicateurs de performance environnementale [34] Charlotte Heslouin de donner une information condensée d’un système complexe (réduction de la quantité de données) ; d’échanger des informations sur ce qu’ils mesurent ; d’identifier et caractériser les changements d’état dans un système ; de servir d’alertes ; de mesurer l’efficacité d’un processus ; d’aider à la décision ; de comparer des performances ; de rassurer sur la conformité réglementaire ; d’alerter le public par exemple sur les problématiques environnementales ; de développer des connaissances sur le management et l’organisation de l’entreprise ; d’impliquer les parties prenantes dans la prise de décision.
Les indicateurs de performance environnementale
Les IPE donnent des informations permettant de mesurer les impacts sur l’environnement à un instant donné, mais également l’influence (bénéfique ou négative) sur les impacts environnementaux des actions mises en place (stratégies d’écoconception). Cela se traduit par leur développement, leur suivi et leur utilisation pour atteindre des objectifs fixés. Ils peuvent être l’expression de l’entreprise à contribuer à la conservation ou la destruction des ressources naturelles (Azzone & Giuliano, 1996). Parmi leurs fonctions, on retrouve : la mesure de l’efficience et de l’efficacité des actions mises en place ainsi que la pertinence des moyens utilisés (cf. page 26) ; la synthèse de l’ensemble des données environnementales en un nombre limité de groupes d’informations essentielles (Journal officiel de l’Union Européenne, 2003) ; une communication simplifiée (leur signification va généralement au-delà de ce qui peut être directement observé (Smeets & Weterings, 1999)) ; l’intégration des risques liés à l’environnement dans la prise de décision ; l’établissement d’un lien entre la performance environnementale et les gains en compétitivité (Johnson, 1998). Un indicateur représente généralement une seule dimension d’un produit ou d’un service, sauf dans le cas particulier d’un indicateur combiné qui reflète plusieurs aspects. L’emploi d’un seul indicateur pour évaluer la performance environnementale peut cacher d’autres problématiques environnementales. Par exemple, l’emploi du seul indicateur de consommation énergétique dans le cas d’un réfrigérateur, qui reflète une problématique majeure (la consommation d’énergie durant son fonctionnement), ne met pas en lumière d’autres aspects comme l’emploi du réfrigérant, car il n’est pas directement lié à l’énergie (Svensson, et al., 2006). Il est nécessaire de définir un jeu d’indicateurs pour couvrir toutes les problématiques environnementales d’un produit. Il existe une grande variété d’indicateurs permettant de quantifier et suivre tous les aspects pouvant générer des impacts environnementaux. Issa et al. (2015) ont référencé 261 indicateurs de performance environnementale. Ces indicateurs peuvent être le changement climatique, le taux de valorisation matière, la quantité de déchets industriels banals générés, etc. Ces indicateurs ont été classés dans un tableau en fonction d’objectifs environnementaux pour chaque étape du cycle de vie. Ce tableau est disponible sur le site web de l’Université du Danemark (Technical University of Denmark, 2015). Cependant, certains de ces indicateurs sont très spécifiques et ne sont pas interprétables et/ou utilisables par tous, comme l’indicateur d’acidification, la demande biochimique en oxygène ou encore l’indicateur de la persistance environnementale. Rodrigues et al. (2016) ont identifié 787 indicateurs en lien avec les 3 piliers du développement du durable (économique, social, environnemental). La majorité des indicateurs identifiés sont des indicateurs économiques. Ainsi, seulement 3,2 % (25/787) sont des indicateurs environnementaux (principalement liés aux réglementations), 2 % (16/787) considèrent les 3 dimensions du développement durable, 0,2 % (2/787) prennent en compte la dimension environnementale et sociale et enfin 0,2 % (2/787) prennent en compte la dimension environnementale et économique (Rodrigues, et al., 2016). Ils ont également classé ces indicateurs en fonction de leur usage dans les différentes phases du développement de produits. La majorité de ces 787 indicateurs (478/787) concerne des indicateurs d’activités génériques pouvant s’appliquer tout au long du processus de développement et l’autre majorité concerne des indicateurs s’appliquant principalement lors de la première phase du développement (la planification 114/787) et lors de la phase finale de suivi du produit (49/787). Il s’agit ici principalement d’indicateurs de management de l’écoconception. À partir de cette étude, 27 indicateurs adaptés typiquement à l’implantation de l’écoconception ont été identifiés, et 114 nouveaux indicateurs ont été proposés après avoir constaté qu’un certain nombre de pratiques liées à l’écoconception ne pouvaient pas être traduites avec les indicateurs existants ou que ces derniers étaient trop génériques (Rodrigues, et al., 2017). Cette grande diversité d’indicateurs se trouve être une contrainte. Il devient de plus en plus difficile de comprendre le sens et l’importance des différents indicateurs existants, d’autant que de nouveaux indicateurs sont régulièrement mis en place et communiqués. Le grand nombre d’indicateurs rend la prise de décision plus difficile. Enfin, l’emploi d’indicateurs différents pour une même catégorie de produits peut gêner l’échange de l’information entre les parties prenantes. Il est donc malaisé, au vu de la diversité des indicateurs, de sélectionner un jeu d’indicateurs adapté à sa situation. Et, il n’est pas possible d’avoir un jeu universel d’indicateurs pouvant s’appliquer à toutes les situations (Persson, 2001).