MISE A NIVEAU DE L’ADMINISTRATION DES RESSOURCES DE L’EAU
Au cours du siècle dernier, notre planète a vu sa population tripler tandis que la consommation d’eau était multipliée par six. Cette augmentation des volumes d’eau utilisés a eu de lourdes conséquences sur l’environnement : certains cours d’eau n’atteignent plus la mer, 50 % des terres humides du monde ont été perdues au siècle dernier et 20 % des poissons d’eau douce ont disparu ou sont menacés d’extinction.
Enfin, un grand nombre d’aquifères de première importance sont surexploités : le niveau de la nappe phréatique, déjà bas, s’abaisse de plusieurs mètres par an, et certains aquifères sont atteints d’un phénomène de salinisation irrémédiable. Selon la Commission mondiale sur l’eau, la consommation d’eau devrait augmenter d’environ 50 % au cours des 30 prochaines années. On estime que 4 milliards de personnes — soit la moitié de la population de la Terre — vivront dans une situation de stress hydrique grave en 2025, les régions les plus touchées étant l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie du Sud.
Cette pénurie annoncée va s’accompagner d’une hausse des coûts tout aussi alarmante. Les solutions bon marché, souvent de proximité, peuvent et doivent être exploitées le plus possible, mais dans l’ensemble, tout ce qui pouvait déjà être fait de « simple et pas cher » pour mobiliser de nouvelles sources d’approvisionnement en eau importantes pour les besoins humains a déjà été réalisé. Aujourd’hui, nombreux sont les pays confrontés à une hausse vertigineuse des coûts unitaires. Les tensions provoquées par les droits sur l’eau s’exacerbent au niveau des villages, des villes et des bassins. La modification du régime des précipitations et des écoulements due à l’évolution du climat aggrave encore la situation.
PERFORMANCE DU SECTEUR DE L’EAU
Le pays est confronté à des difficultés importantes dans le secteur de l’eau. Trois défis se détachent en particulier : • Une pénurie d’eau dans le nord de l’Algérie. Les régions occidentales du pays ont beaucoup de mal à satisfaire leurs besoins à partir des ressources locales. Les estimations des ressources en eaux souterraines disponibles (l’offre) s’élèvent en moyenne à 2,7 milliards de mètres cube (Gm3), tandis que les prélèvements (la demande) pour l’irrigation et l’eau de boisson des populations rurales et urbaines sont évalués à 3 Gm3.
Encouragés par les subventions à l’énergie et à l’équipement, les agriculteurs ont commencé à prélever de l’eau des nappes souterraines. Il serait peut-être possible d’y remédier partiellement en mobilisant un volume plus important d’eaux de surface (potentiel estimé à 12,3 Gm3, dont la moitié dans l’est du pays). Cependant, les grandes infrastructures construites par le passé n’ont pas donné les résultats attendus. Ces dernières années, les barrages n’ont été remplis qu’à 14 % de leur capacité totale (El Moujahid, mars 2006).
Les sécheresses ont également obligé les planificateurs et les responsables du secteur de l’eau à fermer le robinet de l’irrigation pour alimenter les villes. • Des services de distribution peu performants. L’Algérie est prise dans un cercle vicieux : qui dit mauvais entretien dit niveau de service insuffisant, donc refus des usagers de payer plus cher, le résultat étant que l’opérateur n’a pas les moyens d’entretenir le système. Les opérateurs des grands réseaux de distribution et d’irrigation sont loin de satisfaire les critères de qualité standard.
Si l’accès à l’eau est relativement bon, la qualité du service laisse beaucoup à désirer. Malgré les niveaux élevés d’accès à certains services (alimentation en eau et assainissement dans les villes, irrigation), les zones rurales sont mal desservies en services d’eau potable et d’assainissement, et la part des dépenses d’exploitation et d’entretien couvertes par les redevances des usagers y est plus basse qu’ailleurs. Cette situation incite les pouvoirs publics à maintenir les exploitants sous perfusion par un système de subventions.
Enfin, les tarifs bas de l’eau n’encouragent pas à préserver ou utiliser rationnellement cette ressource rare • Des problèmes de gouvernance. Dans le secteur de l’eau, les planificateurs et les décideurs s’intéressent avant tout au hardware, c’est-à-dire aux systèmes physiques, et pas assez au software, c’est-à-dire à la gestion et au renforcement des institutions. La planification des infrastructures et le portefeuille d’investissements sont donc considérés sous un angle purement technique. Les problèmes institutionnels, notamment le peu de contrôle et de transparence et la faible participation des usagers, ne sont pas résolus. Le secteur souffre ainsi du plus grave problème qui est le manque de coordination entre les institutions concernées à tous les niveaux.